Jour 1
Déjà la dixième édition pour le festival folk Pagan metal. Et comme l’an dernier, on se retrouve à la ferme du buisson à Noisiel. Pour ses dix ans, le festival planifie son évènement tout le week-end. Deux jours de folk, de contes et d’hydromel à foison. « Montjoie-Saint Denis, que trépasse si je faiblis » comme on dit !
Pas de gros changements particuliers concernant la disposition du festival. Hormis la file d’attente déplacée devant le hall et les stands de nourritures situés cette fois-ci sous le grand préau. Le premier souvenir que beaucoup de festivaliers garderont dès leur arrivée est le froid glacial de cette édition. Il ne faisait déjà pas chaud l’an dernier, mais aujourd’hui, une certaine asperge tend à ressembler à une nouille séchée. On remarque également sur le running order bon nombre d’animations ma foi fort sympathiques. Des contes aux spectacle du feu en passant par des combats médiévaux. Ça vaut bien le détour.
La première distraction arrive avec Tan Elleil, qui déambule le long de la file d’attente, du haut de ses superbes costumes, leur vieille à roue et leur grande échasse. Je m’en vais donc à l’abreuvoir où jouera Adaryn, en passant bien sûr par la case « hydromel chaud ».
Adaryn
La salle est pleine à craquer, trop même. Pour les retardataires ou simplement les gens qui prennent leur temps, impossible de rentrer. On profite donc du show dans le froid, sans finalement y voir grand-chose. Adaryn est le groupe vainqueur du tremplin et vient donc entamer les hostilités. Ce groupe, qui m’est alors inconnu doit être assez récent. Il ressemble toutefois bien le thème du festival avec ses sonorités folk, notamment grâce à l’utilisation du violon. Depuis l’extérieur, on y ressent une très bonne ambiance et un mouvement de foule en mouvement. A mon avis, le public n’est pas resté de marbre, et ce, malgré un set relativement court.
Lappalainen
Je décale donc dans la Halle où se produit Lappalainen. Je ne fais donc pas l’erreur de rester derrière, afin de voir la tête des membres du groupe. Ce groupe, on l’aime ou l’aime pas. En effet, Lappalainen, c’est du folk, mais aussi du death. J’en vois certains déjà refroidis. Etant amateur des deux genres, le mix, pouvant paraitre spécial me laisse une bonne impression. Les groupe a quand même la patate. Gros bémol du spectacle, cette impression de déjà-vu. Certains morceaux comme « Kraken’s Awakening » ou « Before the End of the Day » sortent du lot. La présence des influences du groupe se fait un peu trop ressentir. On y passe cependant un bon moment et le groupe a vraiment la pêche.
Asenblut
Retour à l’abreuvoir et ô miracle ! je parviens cette fois à rentrer ! On sent la testostérone à plein nez, les allemands en imposent. Le chanteur est prêt à faire fondre les cœurs de certaines festivalières (et certains festivaliers qui sait ?). Musicalement, on trouve (ou retrouve) un bon death mélodique qualitatif sur des thèmes comme les vikings, les vikings ou encore les vikings. Tout ce qu’on aime écouter et qu’on écoute un peu trop souvent à mon gout. Car oui, ça aussi, c’est du déjà-vu. J’ai l’impression d’écouter les vieux Amon Amarth. Evidemment je rechigne, mais le groupe nous offre une très bonne performance. En tout cas sur scène, c’est un sans-faute !
Hantaoma
On quitte le nord pour le sud-ouest de la France. Cela fait environ treize ans qu’on a pas entendu parler du side project de Stille Volk. Mais ils reviennent sous les radars pour le plus grand bonheur de ses fans. Certains sont même venus au Cernunnos uniquement pour leurs beaux yeux. Hantaoma, c’est du folk metal qui racontant bon nombre de mythes et légendes occitanes. Nous les voyons aujourd’hui car le groupe présente son nouvel album Malamòrt. Et malgré des années porté disparu, le groupe nous offre une bonne performance qui ne manquera pas d’être très bien accueilli par le public. J’ai hâte de les retrouver en interview.
Je m’éclipse donc le temps d’un concert afin de faire une pause et manger. Je me rends donc au stand de « kebab viking ». Bon l’appellation exacte est « Brods », un repas constitué de pain qu’on remplit soi-même de garniture. J’en profite pour passer au marché médiéval afin de quérir bons nombres d’objets qui ne servent à rien (donc essentiel). Enfin je m’assois auprès des Compagnons de la mémoire d’antan et me laisse bercer par leurs histoires. Je profite de mythes et autres drôleries qui feront très vite passer le temps.
Ereb Altor
Mais pas le temps de niaiser, je me pèle sérieusement les miches et je retourne donc à la Halle afin d’assister au show d’Ereb Altor. Les suédois de pagan/viking metal sont très attendus par leur public. Ce dernier ne se ménagent pas, et malgré quelques heures de festival, la salle se transforme rapidement en scène de bataille historique. Plaisant à voir, mais malgré tout, je ne comprends pas la hâte de nombreux festivaliers pour voir ce groupe. Il est bon, mais le tout manque d’énergie, surtout en comparaison avec ce qu’on nous a offert auparavant. En somme pas très marquant, heureusement que les groupies sont là pour mettre l’ambiance.
Je m’absente durant le concert de Waldgeflüster, afin d’interviewer Hantaoma vu une heure plus tôt (Lire l’interview).
Einherjer
Une fois la discussion avec Hantaoma terminée, je fonce à la Halle pour assister au show des norvégiens d’Einherjer. Il est déjà 19h30 et le groupe que j’attendais le plus de la journée arrive finalement sur scène. Je fais bien d’arriver en avance car la salle devient rapidement pleine. On passe d’un froid mordant à l’extérieur à un sauna étouffant à l’intérieur. Le suspens et l’attente se font rapidement ressentir et on passe les cinq minutes les plus longues du festival. Le groupe n’est plus à son coup d’essai et se fait acclamer dès son arrivée sur scène. L’heure passe alors très vite. La performance est là, qu’elle soit symphonique ou rythmique. Des refrains à faire hérisser les poils aux solos bien ciselés, on récompense le groupe par des pits en veux-tu en voilà. On espère les revoir très vite et pas dans vingt ans cette fois !
Angantyr
C’est trempé de sueur qu’on arrive à l’abreuvoir bondé encore une fois. On remarque beaucoup de festivalier de la scène black metal à la ferme du buisson. Et on s’apprête à en voir son porte-drapeau. Dans le black on s’attend à parler de Satan, sacrifices, mort et autres joyeusetés du genre, mais nous sommes à un festival pagan. Les danois nous proposent donc un thème basé sur la mythologie en respectant les codes du genre. Autant, je ne comprends toujours rien aux paroles, autant ce groupe est une tuerie. Une atmosphère très sombre s’installe dans la salle, dans un chant en tourment qui semble vivre un interminable calvaire. Les riffs sont stressants, et les maquillages et grimaces renforcent ainsi cette impression et en fait l’un des concerts les plus marquants de la journée.
Faun
On termine la soirée avec Faun en tête d’affiche, qui ramène pas mal de monde dans la Halle. Je profite du show à l’arrière aux côtés du technicien du son. On notera les quelques blagues pas très marrantes de la part d’Oliver qui aura tendance à m’agacer. Mais ça plait au public et c’est le principal. Car ce dernier a encore la patate qui commence à me faire défaut et ce, après seulement une journée de festival. Il connaît par cœur bon nombre de paroles, ensorcelé par la voix de Fiona Rüggerberg et Oliver Sa Tyr. On remarque que Fiona a pris de l’assurance et est plus présente que d’habitude. Une ambiance festive et il est plaisant de voir nos festivaliers danser et chanter à tue-tête. Le groupe alterne avec quelques titres plus posés, pour enfin finir sur deux ballades très envoutantes qui clôturent cette première journée.
Une journée bien remplie s’achève, bien que certains festivaliers finissent à 2h30 après l’aftershow, je m’en vais rejoindre mon plumard qui commence à beaucoup me manquer.
Jour 2
De retour ce dimanche pour la deuxième partie du festival à la Ferme du Buisson. Il fait toujours aussi froid malgré l’ajout d’un manteau par-dessus ma tenue d’esquimau. Parce que jouer les vikings, c’est marrant deux secondes, mais je préfère autant éviter la crève. Direction l’hydromel chaud et l’abreuvoir afin de ne pas tomber dans l’hypothermie.
Aktarum
On démarre bien la journée avec du black/folk metal Aktarum. Contrairement à Angantyr vu la veille, le groupe, le côté folk rend le groupe moins sombre. Les tenues sont également moins clichées. Le public cependant a l’air plus calme que le l’ouverture du festival au premier jour, avec Adaryn. Il y a également un peu moins de monde, je réussis sans trop de mal à m’avancer dans la salle malgré mon retard. Dans tous les cas, on se réchauffe rapidement dans la salle.
Darkenhöld
On reste plus ou moins dans le même thème par la suite avec les niçois de Darkenhöld. Mais hormis le côté cru et sombre du genre poussé par la voix âpre du chanteur, le clavier rend le tout très original. Les chœurs sont particulièrement jouissifs. On reste également dans un thème médiéval, leurs tenues sont travaillées et corrèlent bien avec l’univers du groupe. Les musiciens ont beaucoup d’assurances et ont bien travaillé leurs pistes. Tout aussi agréable à écouter que la version studio.
Nydvind
On reste sur du black français avec les membres de Nydvind. Jamais vu sur scène, ça manquait un peu d’assurance par rapport au groupe précédent. On retrouve le classique thème pagan dans une sonorité black en bien moins sombre. L’atmosphère est très agréable, à l’instar d’un corps flottant sur les vagues. L’alternance des voix gutturales, hurlées et claires est réussie. Et on se laisse facilement transporter par les longues parties instrumentales qui te font voguer vers l’inconnu. Un groupe qui transpire d’inspiration, une bonne surprise.
De retour sur la terre ferme, je fais une pause déjeuner. Votre chroniqueur préféré s’est réveillé en retard et n’a donc pas mangé. Et la mer, ça creuse. Je ripaille donc au Brods, le « kebab viking » de son surnom. J’en profite ainsi pour entrer en avance dans l’abreuvoir écouter Boisson Divine.
Boisson Divine
On retrouve les gascons de Boisson Divine, dont l’interview est disponible ici. En avance dans la salle, le groupe fait encore ses balances, tandis que le public sort de la Halle à la suite du concert de Celtachor. Alors qu’une longue file d’attente se créer à l’extérieur, le groupe est en retard et comme son set cinq minutes plus tard que prévu. La salle est complètement pleine. Malgré le retard, le chanteur ne perd jamais une occasion de lancer des piques sur son public. Ce dernier rétorque toujours, se créer alors une ambiance très festive dans la salle. Le show commence et le public démarre au quart de tour. Un mosh pit se forme dès les premiers morceaux devant un groupe fière de sa région son amour pour le rugby. A noter, vers la fin du show, le joueur de boha (cornemuse gasconne) l’échange contre un boha sous forme de poupée gonflable. Un bon folk metal des régions occitanes qu’on reverra, espérons, plus souvent.
Belenos
Encore un groupe français, et du black par Belenos ! Cette fois, on part en Bretagne pour un groupe qui est aujourd’hui devenu quasiment incontournable sur la scène black et dont de nombreux groupes lui doivent beaucoup. Je conçois que malgré sa notoriété, ce n’est pas le groupe le plus accessible. Mais ce dernier n’est plus à son coup d’essai, et s’est formé durant mon année de naissance il y a vingt-deux ans. Du bagage, le groupe en a à revendre et en profite tous ce soir. Rien de notable à signaler sur scène hormis les bois de cerf accrochés au pied du micro. Le côté pagan celtique sera mis en avant durant les chœurs, là où le black t’en mettra plein la figure en mode facial. Le groupe est performant : un son brut bourré de puissants blast beat derrière des riffs bien ciselés, on en demande pas plus.
On quitte finalement la France pour le pays du scotch avec les écossais de Saor. Ce qui fait clairement la réputation de ce groupe de black, c’est l’atmosphère. Le son dégage une impression de solitude face à l’immensité des plaines écossaises (ndlr : les trois bouteilles d’hydromel, ça aide aussi). L’absence souvent prolongée de voix accentue également la chose. On se laisse facilement emporter par l’atmosphère, malgré l’utilisation d’instruments samplés ou le violon quasi inexistant sur les premiers morceaux. Le public en fera d’ailleurs plusieurs remarques à ce propos, le tir sera alors rectifié par la suite. En somme, le show est entraînant, mais manque d’une certaine authenticité au niveau des instruments.
Saor Patrol
On termine donc la soirée par le « boum-boum ». Finir sur ce groupe donne un avantage. A cette heure-ci, l’alcool a été modéré avec beaucoup de consommation, donc malgré des rythmes répétitifs, on s’en tamponne le coquillard et on finit par danser à tue-tête. D’ordinaire, le côté folk est souvent secondaire et le metal occupe une grande partie de la sonorité. Ici la gratte est envahie par bon nombres d’instruments traditionnels et en fait la marque de fabrique de Saor Patrol. Ce dernier show est par ailleurs celui dont je me rappelle le moins. Mais globalement, les percussions sont très agréables à l’oreille, on accroche rapidement au rythme des morceaux et on bouge dans tous les sens.
Un très bon moment passé sur ce festival. La bonne humeur des festivaliers et l’atmosphère bon enfant est marquante. Concernant la programmation, cette dernière est très variée entre le metal extrême et la partie folk, il y en a pour tous les goûts. On découvre également des groupes talentueux en début de journée, méritant plus de renommée. Le staff a assuré tout le week-end, les animations sont top. La nourriture est bonne, bien qu’il faudrait isoler ou chauffer l’espace restauration. Beaucoup de festivaliers n’utilisent pas les tables car il y fait trop froid.