Art’N Roll : Pour commencer, peux-tu nous faire une courte présentation du groupe, et nous dire d’où vient le nom « Magoa » ?
Vincent : Le groupe s’est formé en 2005 avec un chanteur qui n’est plus là à présent, Cyd nous a rejoint en 2010 et on a réenregistré notre premier album « Swallow The Earth » avec lui et du coup pour nous l’aventure commence là, car on le sort en 2011 suivi de « Animal » et ainsi de suite jusqu’à la sortie d’« Imperial » le 14 Octobre.
Pour ce qui est du nom « Magoa », c’est un nom qui a pleins de significations en pleins de langues, par exemple en portugais c’est quelque chose qui te fait de la peine, en basque cela signifie magicien, c’était aussi une famille démoniaque. Tout ça pour dire que quand nous avons cherché le nom du groupe, nous avions 18 ans et on s’est dit que ce nom serait super cool mais au final ça colle plutôt pas mal à notre univers, car ça regroupe un peu tout ça surtout avec « Imperial » qui a une atmosphère plus sombre que sur les autres albums, il a un truc qui tient plus de la famille des Magoa de l’ancien temps que les albums précédents n’avaient pas forcément.
ANR : L’album précédent s’appelait « Topsy Turvydom » qui signifie « confusion extrême » et cela rappelait à l’ambiance générale de l’album, peux-tu dire la même chose pour « Imperial » ou pas du tout ?
Vincent : Il rappelle « Topsy Turvydom » qui veut dire sans dessus dessous, l’album précédent était un constat de la situation actuelle du monde dans lequel nous vivons, on voulait mettre le point sur ce constat sans forcément amener une solution. « Imperial » c’est la suite de ça pour dire que tout est en train de s’effondrer, que c’est à nous de vraiment faire en sorte que tout se casse la gueule une bonne fois pour toute et que maintenant on peut repartir et reconstruire. La notion de « Imperial » c’est défendre l’idée que l’on peut être chacun la pièce ou la pierre de son propre empire, se reconstruire autant individuellement que globalement en tant qu’être humain.
ANR : Peux-tu nous parler de la composition de l’album, est-ce que vous avez évolué dans la façon de faire depuis le dernier album ?
Vincent : Oui ça a beaucoup évolué, les trois précédents opus ont été fait avec Charles Massabo qui était notre producteur, il prenait part au processus de création et ensuite s’occupait du mix. Là, avec « Imperial » nous sommes tous les quatre à décider de la chose et nous n’avons pas fait appel à une personne extérieure ni pour la compo, ni pour l’arrangement, ni pour le mix, on a tout fait entre nous, c’est un produit 100% Magoa. Le processus de création ça a été de s’enfermer tous les quatre dans un studio pendant un mois et demi au LTP studio à Margency, durant ce mois et demi nous avons composé les 12 titres de l’album, on les a enregistrés et arrangés et ensuite on les a mixés dans notre studio, avec Cyd, qui s’appelle le Ten to One Studio.
ANR : Et pourquoi ne pas avoir rappelé Charles Massabo ?
Vincent : C’était une vraie volonté que de faire ça tout seuls. Avec Cyd, ça fait longtemps qu’on fait du son et on avait envie de faire ça seuls. On faisait quasiment tout nous-mêmes à part cet aspect donc on s’est dit qu’on voulait essayer pour voir ce que ça donne.
ANR : Du coup, qu’est-ce que ça vous a changé de ne pas avoir d’avis extérieur ?
Vincent : ça nous a amené moins de doutes, ça n’a pas été un problème de ne pas avoir d’avis extérieur parce que nous sommes quatre personnes qui acceptons facilement la critique et on arrive à prendre du recul sur ce que l’on fait et sur ce que l’autre fait.
Je pense que nous n’en serions pas arrivés là s’il n’y avait pas eu toute cette période avec Charles mais aujourd’hui nous sommes très contents de faire ça seuls.
ANR : Vous travaillez avec Klonosphère, à quel moment rentrent-t-ils dans le jeu ?
Vincent : Pour la distribution, ils prennent une partie des digipack pressés et les distribue en France pour le moment.
C’est nous qui pressons nos albums, car nous sommes notre propre label (Ten To One Records), notre première signature c’est Magoa, à terme nous aimerions signer d’autres artistes et développer ce côté mais, ça fait encore un autre métier à développer mais c’est ce qu’on aime alors on va continuer d’œuvrer pour la musique.
ANR : Peux-tu nous parler de la pochette de l’album ? On y retrouve le lion, est-ce un symbole fort pour Magoa ?
Vincent : Oui, le lion est présent depuis « Animal ». Mais pour parler plus de cette pochette, elle a été réalisée par Vincent Fouquet du Studio « Above Chaos », qui avait déjà réalisé la pochette de « Topsy Turvydom ». Cette pochette on l’avait en tête avant même de composer le premier morceau d’« Imperial ».
ANR : Quels sont les sujets abordés dans cet album ?
Vincent : Il y a des lignes directrices très claires comme le morceau « Resistance », d’ailleurs le titre est très parlant, car c’est un appel à la résistance, pas forcément un appel violent même si le clip peut paraitre violent, mais plutôt une façon de résister à pleins de choses, des standards que l’on nous impose par exemple, la pensée unique ça peut être une résistance intellectuelle et ça peut être très fort et brutal même si c’est intellectuel.
Dans l’album, il y a beaucoup de cas concrets comme « Resistance », en fait, tout l’album est dans cette logique, c’est-à-dire de casser l’ordre établi, car nous sommes au bout de quelque chose parce que c’est en train de s’effondrer, nous sommes sur le déclin et il va falloir utiliser ça pour rebondir ou reconstruire autre chose, c’est pour ça qu’il y a ce symbole du couronnement sur la pochette, ça symbolise un renouveau, on repart sur un nouvel empire, de nouvelles choses vont être établies. Mais ce n’est pas dans l’idée de forcément revenir à une monarchie, car je comprends que l’on puisse faire le rapprochement couronne à monarchie, mais ce n’est pas dans ce sens-là, plutôt dans le sens où chacun peut être une pièce de son propre empire. Ici, c’est l’empire au sens large, le genre humain est capable de pleins de choses, mais il faut peut-être définir de nouvelles choses.
ANR : Tu nous parlais du clip du morceau « Resistance », pourquoi avoir choisi ce morceau comme vitrine de l’album plutôt qu’un autre ? Et comment s’est déroulé le tournage du clip ?
Vincent : On a estimé que c’est celui qui faisait le plus de cassure par rapport à notre travail d’avant et aussi parce que l’on pense que c’est le morceau qui représente au mieux l’album, il y a des passages avec des cordes, des bridges plus instrumentaux, des parties de guitare extrême, beaucoup de choses comme ça que l’on retrouve tout au long de l’album donc pour nous c’était vraiment le morceau qui fallait sortir en premier. Pour ce qui est du clip, on a encore une fois travaillé avec Benjamin Cappellitti qui a fait tous nos clips jusqu’à maintenant depuis « Animal ». Pour le scénario, Ben nous aide vraiment beaucoup, on partage beaucoup d’idées avant de faire les clips. L’idée vient de nous à la base, mais on voulait la tourner différemment et au final à force de discuter on a décidé de l’amener de la façon dont vous pouvez le voir.
ANR : Nous arrivons au bout de l’interview, peux-tu nous parler des projets à court / moyen termes pour le groupe ?
Vincent : On aimerait refaire des clips, tourner, mais pour le moment rien n’est fixé, signé ou officialisé, on travaille dessus en ce moment mais, comme on fait tout, tout seul ce n’est pas évident et ça prend du temps. Pendant un an, on n’a pas pu faire de scène, car nous étions plongés dans « Imperial » du coup on a dû refuser pas mal de dates mais, il y en aura et on en veut. On attend que ça qu’il soit défendu sur scène cet album.
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