Meshuggah – The violent sleep of reason

dimanche/06/11/2016
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Groupe: Meshuggah

Album: The violent sleep of reason

Label: Nuclear Blast

Date de sortie: 4 novembre 2016

Note: 18/20

 

Avant de me lancer dans cette chronique, je me dois de vous confesser quelque chose : votre humble serviteur est un GROS fan de Meshuggah… le genre de fan qui a commandé son édition collector de l’album à prix d’or day one des mois avant sa sortie, qui a pleuré quand Nuclear blast lui a annoncé que la livraison aurait 2 semaines de retard et qui a guetté le facteur comme un ninja planqué dans la haie qui fait face à sa boite aux lettres (bon ok, l’histoire du ninja est fausse mais pour le reste, j’exagère à peine).

J’ai donc dû faire un véritable effort pour écouter et décortiquer cet album avec le plus d’objectivité possible.

C’est donc en ce début de mois d’octobre 2016 que le quintette suédois (qui va d’ailleurs bientôt fêter ses 30 ans (!) d’existence) nous sort son 8ème album studio « The Violent Sleep Of Reason », 4 ans après son prédécesseur Koloss (sans oublier le très sympathique live « the Ophidian Trek » sorti il y a 2 ans).

Alors, qu’en est-il de cette nouvelle galette ? Eh bien, une première chose est certaine, le monstre n’est pas prêt de se calmer. Là où certains groupes tendent à s’apaiser avec le temps et l’âge, d’autres (comme le Meshu, vous l’aurez compris) semblent s’obstiner à enfoncer encore plus profondément un clou ridiculement énorme dans la tête de leur audience en ignorant totalement toute forme de compromis.

Le premier morceau « Clockworks » met tout de suite les pendules à l’heure en termes de sauvagerie et de complexité avec plus de 7min de rythmiques pachydermiques et de structures hors-normes.

Le reste de l’album s’enchaine sans ménagement pour l’auditeur, le ballotant entre les passages écrasants, les moments hypnotiques et la furie générale de qui se dégage de l’ensemble. Ce disque demandera de nombreuses écoutes avant de vraiment révéler toutes ses subtilités. C’est d’ailleurs une constante chez Meshuggah qui fait souvent fuir le fan de metal plus « traditionnel ».

Car il faut bien être franc ici, la musique de Meshuggah n’a jamais été facile d’accès. On parle d’un groupe qui a pondu par le passé un EP contenant un unique morceau de plus de 20min (« I »), suivi de près par un album complet composé quant à lui d’un seul morceau de 47min (!) (« Catch33 »).

Alors certes, nous sommes face à un album plus traditionnel pour le groupe mais qui reste un bloc très compact est assez difficile à digérer pour les non-initiés. Je pense toutefois que cet album est un excellent condensé de ce que le groupe fait de mieux et pourrait tout à fait être une bonne introduction à leur univers.

On y retrouve tous les éléments caractéristiques de Meshuggah : des guitares 8 cordes (ça joue accordé grave, très grave), des structures rythmiques complexes et déroutantes, des soli de guitares hypnotiques, un chant hurlé monocorde entêtant et un groove perpétuel sur lequel il est difficile de ne pas hocher de la tête, même sans s’en rendre compte.

Mes premières écoutes ont d’ailleurs donné lieu à ce phénomène bizarre qui faisait que j’avais du mal à distinguer les morceaux entre eux, ce qui me poussait à le réécouter plusieurs fois d’affilé afin de m’y plonger de plus en plus profondément, découvrant à chaque fois un nouvel élément mais sans pouvoir le dissocier du reste.

C’est d’ailleurs un point intéressant : ce disque ne contient pas de hit ou de morceau qui se distingue des autres (même si Clockwork et Nostrum arrive quand-même à se démarquer). Cela pourrait paraitre dommage de prime abord, mais c’est en fait ce qui fait la force de l’album. C’est un véritable bloc compact de violence, de groove et d’ambiances dont les morceaux semblent tous être une pièce de puzzle indissociable de l’ensemble.

Faits intéressants, le disque a été principalement composé par le batteur et le bassiste du groupe (Tomas Haake et Dick Lövgren dont c’est le premier vrai travail de composition pour le groupe) et tous les morceaux ont été enregistrés live en studio, le groupe jouant les morceaux d’une traite encore et encore jusqu’à obtenir les meilleures prises possibles.

Ce dernier point ne parle peut-être pas aux non-musiciens mais il faut savoir que cet méthode est devenue très rare à notre époque (la majorité des albums actuels étant enregistrés piste par piste et lourdement retouchés par des logiciels de studio) et permet de mieux capturer l’énergie live d’un groupe. Croyez-moi, enregistrer un album pareil à l’ancienne, c’est déjà un exploit en soi.

Et bien que le groupe soit réputé pour son utilisation de sons virtuels de batterie et de guitares/basses, ils ont choisi de revenir à de vrais sons capturés en live et le résultat en ressort d’autant plus chaud et organique que par le passé.

Passage rapide sur la pochette de l’album qui n’est pas en reste et à nouveau l’œuvre du génial Keerych Luminokaya qui avait déjà fait les 2 précédentes illustrations d’album du groupe.

Je terminerais cette chronique en soulignant une des grandes forces de ce disque et du groupe : sa synergie.

Aucun élément de leur musique ne semble être superflus ou placé là juste dans le but de mettre en avant un des musiciens. Non, ici, chaque passage, chaque instrument est véritablement au service de la musique et vise à sublimer les morceaux et l’album dans sa globalité. Là où certains groupes modernes se perdent parfois dans la démonstration (un peu) gratuite, Meshuggah donne une vraie leçon d’efficacité et montre qu’il maitrise totalement son sujet.

Si vous êtes un fan, ruez-vous sur ce disque, c’est un futur classique. Si vous découvrez le groupe, tentez quand-même le coup, ça vaut la peine de se faire un peu violence pour apprécier à ce juste valeur un groupe unique dans le paysage métallique actuel.

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