HOT on the rocks!

Sepultura – Machine Messiah

dimanche/15/01/2017
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Sepultura - Machine Messiah - Artwork

 

Groupe: Sepultura

Album: Machine Messiah

Label: Nuclear Blast

Sortie le: 13 janvier 2017

Note: 13/20

 

 

Tout divorce, y compris le plus légitime et justifié, entraîne toujours tourments et pertes inévitables. Il y a vingt ans (déjà) ce mois, Sepultura se scindait en deux pour cause d’ineptes désaccords sur le management, Andreas Kisser et Paulo Jr conservaient l’usage du nom patronymique ainsi que les biens patrimoniaux, Max Cavalera les quittait en emportant avec lui la folie créative. Une séparation incomprise. A raison, puisque leur sixième album, le génial et tribal « Roots », avait porté au pinacle les quatre Brésiliens, tant en termes de ventes (plus de deux millions Worldwide) que de succès critique (y compris de la part des scribouillards non-Metal). Une tournée Mondiale triomphale, entamée le 8 février 1996 s’était ensuivie. Faisant suite à deux classiques Thrash Metal (« Arise » et « Chaos A.D. »), qui avaient symbolisé une remarquable montée en puissance créatrice, magnifiant l’origine Sud-Américaine de Sepultura, « Roots » marquait l’apogée de Sepultura… d’où l’incompréhension et le désarroi de ses enfants, les premiers lésés de cette regrettable séparation : le « Third Wold Possee », c’est-à-dire nous, le Public. Lequel aurait bien voulu connaître la suite, sans cet incompréhensible accident de la Vie. Max Cavalera, rejoint par son Frère Iggor en 2006, créera par la suite le (déjà) daté Soulfly, puis le familial Cavalera Conspiray. Aux dernières nouvelles, la fratrie joue l’intégralité de « Roots » un peu partout, notamment à Paris en décembre dernier. Aucune conciliation entre parties dans l’immédiat, Cavalera et Kisser se détestant cordialement. Et puis à quoi bon ? On ne peut pas refaire l’histoire…

De leur côté, Andreas Kisser et Paulo Jr perpétuent depuis janvier 1997 le Sepultura « Canal Historique » avec l’appui d’un nouveau chanteur : l’Etasunien Derrick Green. Paru le 13 janvier 2017, « Machine Messiah » est (déjà) le septième LP enregistré avec ce natif de Cleveland. Force est de constater (déplorer) que, sans Max Cavalera parti avec la direction artistique et l’attitude, Sepultura n’est qu’un honnête groupe de Metal parmi tant d’autres. Non pas que les dix moreaux qui composent « Machine Messiah » soient désagréables, mais Kisser et Paulo Jr ne possèdent ni le don de la composition ni le grain de folie Brasileiro de leur ancien patron. En revanche, ce sont indéniablement de bons et expérimentés musiciens. Qui font tant que faire se peut afin de satisfaire leur public. Un peu comme quand le Père profite de son droit de visite et d’hébergement pour satisfaire son enfant, et faire « comme si »… En l’occurrence, le Papa est moins doué que la Maman pour le papier d’emballage : en atteste cette pochette très laide (on dirait une couverture de disque de Rock Prog’ en 1978),  qui tente en vain de donner dans le conceptuel. Le tas robotique-animal qui y est figuré rappelle un peu celui d’« Arise »… Essayons, néanmoins, de profiter de ce nouveau moment à passer avec la moitié de Sepultura, domiciliée depuis 2011 Outre-Rhin chez Nuclear Blast.

L’album s’ouvre sur les arpèges du lent et mélancolique « Machine Messiah ». La voix de Derrick Green se montre grave et douce. La Lead Guitar est planante et plaintive. On jurerait un morceau de Metal alternatif ou de Pantera enregistré circa 1992 (« This Love »). Morceau convaincant, s’adressant notamment aux nostalgiques du début des années 1990. Epoque où Sepultura donnait pourtant dans le Thrash-Death le plus rugueux… Serait-ce une sorte de réécriture de l’histoire ? Suit le musclé « I Am the Enemy » : une cavalcade Power où la voix de Green est cette fois forte et agressive. Gros Break final. Durée totale : 2 minutes 27. Mince, on dirait « Fucking Hostile »… Ouvert sur des percus latines, « Phantom Self » est du même tonneau quant à l’inspiration que les deux précédents morceaux : il recèle de bienvenues sonorités orientales. Percus en introduction, également, sur « Alethea » (du Grec « αλήθεια », qui veut dire « Vérité »). Cette fois, tant du point de vue guitares que batterie et voix de Derrick, nous sommes transportés dans le Sepultura le plus authentique. Très correct. C’est dingue comme l’intro de « Iceberg Dances » ressemble à celle de « Smell Like… » de Nirvana ! Uniquement l’intro, car Kisser et les siens nous offrent ici un instrumental technique de belle facture, lequel satisfera les mordus du style et autres chipoteurs du plectre. Un clavier vient soutenir l’épique et menaçant « Sworm Oath », tandis que « Resistant Parasites », « Silent Violence » et « Vandals Nest » renforcent l’option Power Metal dominante sur cette livraison. Ce « Machine Messiah » s’achève par un « Cyber God » aux accents Indus, où Derrick Green montre l’étendue de ses talents vocaux, alternant Spoken Words rauques, hurlements, voix grave et douce, rires sardoniques, etc… Une guitare Wah-Wah typique clôt ce dixième morceau du (déjà) quatorzième album de la Sépulture.

Enregistré sous la férule de Jens Bogren (Opeth, Kreator, Ihsahn, Paradise Lost), « Machine Messiah » constitue un disque de Heavy Metal aux accents parfois Nineties. Qui tente d’aller de l’avant sans trop vraiment y parvenir, mais dont certains traits et arrangements rappelleront de bons moments aux afficionados de la période 1991-1996, sans non plus en recréer réellement la magie. La tournée mondiale en compagnie de Kreator, permettra sans nul doute à ce groupe de (déjà) trente-deux ans, de relever les compteurs sur scène. Initiée le 2 février courant dans la bonne Ville de Metz, elle passera par Grenoble, Toulouse puis Paris (Bataclan) les 22, 25 et 26. Et s’annonce (déjà) comme un des temps forts de l’année tout juste entamée. Car entre Sepultura et la France, c’est un peu comme entre un Père son Fils, amour et respect avant tout. Et ce, quels que soient les aléas de la Vie.

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