Groupe : Ethmebb
Album : La Quête du Saint grind
Sortie le : 13 janvier 2017
Note : 18/20
Alors pour le coup, je dois bien admettre que je me suis fait avoir avec cette chronique.
Car soyons honnête, quand vous tombez sur une album intitulé « La Quête du Saint grind », vous allez probablement (tout comme votre serviteur) vous attendre à un énième groupe de grind à l’humour bas de plafond et au « bourrinisme » musical un peu bateau (ndlr : non, je ne suis pas sûr que « bourrinisme » soit un vrai mot. Mais vous saisissez l’idée).
Imaginez maintenant ma tête quand j’ai lancé l’album et me suis retrouvé embarqué dans une épopée fantastique digne d’une partie de donjons et dragons beaucoup trop alcoolisée et chantée en français sur fond de power Death progressive metal.
Oui voilà, probablement la même tête que vous en lisant ce dernier paragraphe.
Car ici, même si le groupe parisien est bien né des cendres du groupe de grindcore Ethmeb (oui je sais, c’est presque pareil, ils ont juste rajouté une lettre), le groupe est parti dans un style beaucoup plus ambitieux et se fait désormais appeler Ethmebb (je n’invente rien, c’est tiré de la Bio officielle du groupe).
On se retrouve donc ici avec un album aux textes improbables qui narrent les aventures du chevalier Tathor sur les plaines d’Enchanted Lands, dont la quête consiste à retrouver à n’importe quel prix son grind pour assouvir de nouveau sa libido.
Je vous laisse le soin d’aller lire le Synopsis et les paroles, c’est du caviar.
Parce que, entre des titres comme « Tathor », « l’Echalote de ses Morts », « Pirates of the Caribou » ou encore « Bruce Lee mena l’Amour », vous allez être servis en matière d’humour débile (si vous avez ne serait-ce qu’une fois fait du jeu de rôle, ça va vous parler, croyez-moi).
Mais là où le groupe prend tout le monde à revers, c’est dans l’interprétation de la musique. Car ici, ça ne rigole plus et ça joue bien. TRES bien je dirais même.
Que ce soit au niveau rythmique, mélodique ou encore des arrangements orchestraux, c’est un festival de blasts maitrisés, de musique épique et virtuose qu’on a peine à imaginer dans un album avec le mot grind dedans. Et pourtant, c’est là toute la force de l’album.
Même si on y retrouve quelques sonorités assez kitchs (soyons honnêtes, ça a l’air volontaire et le groupe n’a sûrement pas le budget pour enregistrer avec un vrai orchestre), tout se marie extrêmement bien à l’ensemble et on se laisse volontiers embarquer dans cette aventure musicale pour le moins saugrenue.
On oscille régulièrement entre les passages power/prog et le death tout en lorgnant parfois vers le folk en gardant un tout étonnamment cohérent.
Finalement, le seul bémol que je vois, c’est le fait qu’on ne comprend pas toujours les paroles à l’écoute, ce pourquoi je vous invite fortement à lire les textes en vous passant l’album.
Alors, je me doute qu’il y aura toujours des grincheux pour me dire que le métal, c’est sérieux et que le second degré n’y a pas sa place. Mais il s’agira surement des mêmes types qui prennent au premier degré les groupes qui se maquillent en panda pour crier leur ode à Satan sur 10 albums en étant persuadés qu’ils font peur. Je prends donc cette opinion avec des pincettes et une légère moquerie (donc tu peux ranger ta dague en forme de crucifix, m’assassiner ne sera pas nécessaire).
Pour conclure, je dirais que Ethmebb, c’est la rencontre improbable entre Wintersun, Rhapsody et le donjon de Naheulbeuk et ils méritent toute votre attention.
Et je ne peux que vous conseiller grandement l’écoute de cet album dont l’excellente exécution contraste magnifiquement avec le ton parodique totalement assumé de l’histoire contée.