Groupe : Raptor King
Album : Dinocalypse
Note : 17/20
Alors d’habitude, quand je fais une chronique, j’aime bien farfouiller sur le net à la recherche d’informations sur le groupe, histoire d’introduire un peu la formation et le contexte dans lequel sort un nouveau disque.
Sauf que là, on a affaire à une formation pour le moins décalée.
Parce que déjà, quand un groupe se fait connaitre sous le blase « Raptor King », ça attire l’œil et l’oreille de l’amateur de musique de barjo qui se cache sous les traits de votre serviteur.
J’ai bien essayé de lire la bio de la formation, mais elle ne fait que conter l’histoire de son estimé et charismatique leader et personnage central de l’univers du groupe, Raptor King.
Je vous mets juste un bout de leur bio officielle, histoire que vous compreniez dans quoi on s’embarque :
« Il y a 74 millions d’années exactement, à l’ère du crétacé, le roi Raptor V régnait sur la totalité du globe terrestre en maître suprême. […] Un jour, lors de la balade matinale du roi dans un torrent de lave, Raptor V vit s’ouvrir une faille temporelle, et, intrigué, il plongea dedans. Nous sommes en 2015, une porte s’ouvre près du Pont de Sèvres à Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne, le roi Raptor V se retrouve pris au piège dans notre monde. Très vite charmé par quelques petites meufs croisées dans la rue et la saveur de deux ou trois pétards fraîchement roulés, il décide que ce nouveau monde serait le sien… »
Vous l’aurez donc compris, c’est bien barré et le groupe, composé de Raptor V, Nightsmoke, Don Coco, joue le jeu à fond (et votre serviteur, il aime ça quand un groupe va au bout de son délire).
Avec un leader fièrement coiffé de son énorme masque de vélociraptor et tout un concept narrant le combat de RK contre PELLETOR, une gigantesque créature pelleteuse mécanique, ayant pelleté la terre dans son entièreté, ne laissant à RAPTOR KING ni public à satisfaire, ni fiole d’alcool à siffler, ni booty bien en chair à déguster. (j’invente rien, c’est dans le synopsis de l’EP… Oui oui, il y a un synopsis de l’histoire. Vous suivez toujours ?).
Mais bon, à part un leader à tête de raptor et une histoire de dinosaure qui voyage dans le temps, il y a quoi dans ce disque ? Eh bien, plongeons nous enfin dans ce 2ème EP du trio parisien sobrement intitulé « Dinocalypse » qui succède au premier EP « Dinocracy ».
Dès la première écoute, ce qui frappe, c’est la folie musicale dans laquelle on s’embarque et qui apparait soudain comme un reflet évident de leur musique.
C’est énergique, frénétique même par moment, la musique ne semble avoir aucune limite claire de style, tantôt hardcore (voir même souvent mathcore), tantôt doom ou death, parfois rock, voir sludge avec un chant impressionnant tant il semble dénué de limite. Ça va du growl purement death en passant par le chant mélodique, limite rapé par endroit et rappelant furieusement les folles vocalises de Mike Patton (Faith No More, Fantomas, Mr Bungle et j’en passe).
On retrouve d’ailleurs pas mal d’éléments typiques de plusieurs groupes bien allumés, tels que Dillinger Escape Plan, Faith No More (surtout dans le chant comme remarqué plus haut) ou encore Mastodon pour ne citer qu’eux. Je tire d’ailleurs mon chapeau au groupe d’avoir réussi aussi bien à digérer leurs influences pour en ressortir un son suffisamment personnel pour qu’on reconnaisse la patte Raptor King.
J’admire la volonté de n’en faire qu’à sa tête et cette absence d’inhibition se ressent au sein même des morceaux, qui vont vous faire passer par tellement de styles différents pendant l’écoute que ça en filerait le tournis.
Mon seul regret avec ce disque est finalement qu’on aurait bien aimé avoir tout de suite un album complet et pas « juste » un nouvel EP qui laisserait presque sur sa faim.
Attention, ce disque est excellent et mérite amplement une écoute attentive pour en cerner toutes les subtilités, tant le travail de composition est complexe et semble pouvoir emmener son auditeur dans un voyage riche et varié dont on n’arriverait pas à se lasser (ça change des groupes qui ont tout dit après 3 morceaux).
Raptor King, c’est une formation à suivre de très près dont j’espère pouvoir un jour écouter un véritable album exploitant tout leur potentiel qui est, malgré tout, déjà bien mis à l’honneur avec cet EP plein de fougue et d’audace.