Groupe : Stupeflip
Album : Stup Virus
Label : Etic System
Date de sortie : 3 mars 2017
Note : 18/20
La nouvelle ère du STUP est là. Nous l’avons attendu, nous l’avons financé, et la voilà !!
Après l’annonce du « crowdfounding » (le 05 octobre 2016) qui révélait l’arrivée du prochain album pour le 03 mars 2017, tous les lapins étaient prêts à remplir les caisses de l’A.S.F.H. (Association de Stup Fanatique « H »)
Rappelons que ledit « crowdfounding » a battu le record européen des sommes récoltées dans le domaine de la musique.
Après 45 jours de dons et quelques 10 188 contributeurs, les objectifs ont été atteints et la somme récoltée s’est élevée à 427 972€ !!
Rien que ça…
Ce « STUPVIRUS » arrive donc dans les bacs pour se propager et, après avoir terrorisé la population, STUPEFLIP compte cette fois la contaminer.
Parlons déjà de l’ambiance générale : KingJu a écrit, composé et enregistré seul tous les morceaux dans sa chambre. Tous. (Pour les amateurs de Cadillac, celui-ci se consacre pour sa part à son projet perso mais apparaît tout de même sur deux morceaux du skeud.)
Le résultat : un album beaucoup plus calme, et musicalement moins agressif, mais qui reste très travaillé, très abouti, et qui sonne comme une rétrospective des dernières années écoulées au sein du STUP. KingJu a muri, vieilli, il ne ressent peut-être plus l’envie d’hurler, mais il a toujours beaucoup de choses à dire. Les rythmiques sont lentes, entêtantes, l’univers est sombre. Certaines instrus sont complètement dingues, notamment celles de « Creepy Slugs », « Understup », « La Seule Alternative » … Cet album ne plaira pas à tout le monde, et va demander aux auditeurs plusieurs écoutes, et beaucoup d’attention, car ce n’est pas un album simple et abordable (même pour un lapin aguerri). Il est complexe, torturé, labyrinthique. Donc ouvre grand tes oreilles lapin.
Pourtant dans cet album, presque aucun interlude ne vient nous parler de l’ère du STUP, de la religion, ou des régions. KingJu nous parle beaucoup de lui, de ses ressentis, des lapins aussi. Il n’en oublie pas pour autant de balancer quelques piques dans la gueule de ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues depuis le début (journalistes, maisons de disques…) et qui pensaient que STUPEFLIP était mort.
En plus des nombreuses personnalités de Ju présentes dans l’album (j’ai même l’impression qu’il y en a une nouvelle, qu’on identifie par ses accents très étranges), on note aussi la participation de Sandrine Cacheton (la personnification du Mac de Ju), le fil rouge de l’album, sorte de « narratrice-I.A. » un peu flippante présentant un bon paquet des titres, comme si elle menait la danse et qu’elle construisait l’album avec KingJu.
Nous retrouvons également Colette (que nous avons déjà entendu dans d’autres morceaux des albums précédents), dans le titre « Understup » qui a été le deuxième « single » de l’album. Ce titre prend d’ailleurs une place énorme musicalement : son ambiance sonore est grandiose, elle envahit l’espace, donne un côté très martial à ce morceau. Ajoute à ça des samples old school et un phrasé sec et rapide, cinglant et clashant et tu obtiens un morceau qui te frappe en plein ventre pour te faire sortir les tripes. Ce morceau peut s’entendre comme un discours de KingJu scandant dans son mégaphone de nous réveiller, d’arrêter de se bouffer la gueule pour des conneries, car si « le STUP persévère, [il] stoppera les guerres sur la Terre ».
Cadillac attendra quant à lui la 14ème piste pour apparaître dans le morceau « 1993 », dans lequel il revient avec Kingju sur leurs débuts, un morceau nostalgique et plein d’émotions. Une instru très simple, mais tellement efficace…. On nous dévoile des détails du « commencement », avec un arrière-goût de confession. Un court flash-back de ce qu’ils étaient avant, afin de mieux « apprécier » ce qu’ils sont devenus maintenant. Cadillac mettra aussi son grain de sel dans le titre « Tales From The Crou » que je vous laisse découvrir par vous-même.
McSalo pointe enfin le bout de son nez sur la piste 18 dans « Le Trou Noir », morceau lancinant et sombre, qui nous fait assister à la naissance d’une créature. Ce sera le seul morceau ou l’ère du stup est clairement citée.
Je vous parle de Pop-Hip ?
Bon d’accord si vous insistez, je vais vous en parler ! On le croyait mort, abattu dans «The Hypnoflip Invasion», on pensait être débarrassé pour de bon du problème Pop-Hip. Mais réjouissons-nous (ou pas), il est vivant !! Enfermé dans le Stup’enfer, la grosse voix du Stup tente de lui apprendre à sortir des notes graves… Et Pop-Hip enchaine sur une chanson d’amour, que je vous laisse écouter, car personne ne peut donner son avis sur Pop-Hip.
Mais je ne vais pas décrire et chercher à interpréter chaque piste de « STUP VIRUS ». En effet, premièrement, cet album est beaucoup trop complexe pour ça, et deuxièmement, je ne suis pas dans la tête de Ju donc je ne pourrais qu’émettre des hypothèses plus ou moins foireuses.
Toutefois, je soulèverai juste sur un dernier point. KingJu a déjà évoqué à plusieurs reprises le fait que « STUPEFLIP » va s’arrêter, mais avec cet album, on a plus que clairement le sentiment qu’il nous fait ses adieux pour de bon. Tous les lapins voulaient un autre album, ils l’ont eu, et cette fois, il semble nous le dire : c’est la fin. « Pleure pas Stupeflip ».
Je ne lui souhaite qu’une chose : avancer, et pouvoir concrétiser tout ce qu’il a envie de faire, armé de son crayon Titi. Car « Un crayon Titi ça te donne du courage ».