Groupe : the Great Old Ones
Album : EOD : A Tale of Dark Legacy
Label : Season of Mist
Date de sortie : 27 janvier 2017
Note : 18/20
https://thegreatoldonessom.bandcamp.com/album/eod-a-tale-of-dark-legacy
The great old ones, voilà un nom qui a très rapidement titillé ma curiosité, votre serviteur étant un grand fan de l’écrivain H.P Lovecraft, notamment connu pour sa nouvelle fantastique « L’Appel de Cthulhu », grand classique de la littérature d’horreur et de science-fiction.
C’est d’ailleurs l’œuvre fondatrice du Mythe de Cthulhu, un univers de fiction partagé par de nombreux auteurs dans les domaines de la littérature, du jeu de rôle, ou encore de la bande dessinée.
Mais assez parlé de Lovecraft (si je m’y mets, on est pas couché) et parlons un peu du groupe.
The great old ones est un groupe originaire de Bordeaux formé en 2009 jouant une musique oscillant entre black metal tortueux et Doom/dark Ambient avec une petite touche post rock (en gros, du post black metal atmosphérique si vous aimez les noms de style beaucoup trop longs). Leur univers textuel et visuel puisant donc son inspiration dans l’univers horrifique de Lovecraft.
Après une récente signature sur le label Season of mist, le groupe bordelais débarque en ce début d’année avec son 3ème album intitulé « EOD: A Tale of Dark Legacy ».
Alors, je dois confesser quelque chose : j’ai vraiment adoré le précédent disque « Tekeli-li ». Sorti en 2014 sur le label « Les Acteurs De l’Ombre » (sympathique label de Black Metal underground français d’ailleurs), ce disque a réussi l’exploit de me donner goût au black metal, style auquel j’avais beaucoup de mal à accrocher. Et quand un groupe arrive à vous ouvrir la porte à un style jusque-là peu apprécié, c’est qu’il a vraiment quelque chose à dire.
J’attendais donc avec impatience ce nouveau disque tout en étant anxieux de savoir s’il pouvait supporter la comparaison à l’excellent Tekeli-li.
Me voici donc avec le tant attendu EOD: A Tale of Dark Legacy entre les mains.
Après une courte intro assez glauque, le groupe attaque tout de suite les hostilités avec « the shadow over Innsmouth », morceau très rapide et furieux de presque 10 minutes. Plus brutal que sur le précédent disque, on retrouve cependant très vite les lignes de guitares aériennes caractéristiques du groupe qui contrastent avec le chaos rythmique qui vous est jeté au visage d’entrée de jeu.
C’est d’ailleurs une des particularités du groupe, celui-ci ayant 3 guitaristes qui se partagent habillement les tâches, entre riffs frénétiques et nappes ambiantes, arrivant à empiler les couches sonores qui façonnent le mur sonore si particulier de leur musique.
Ce disque compte plusieurs chansons dépassant les 8 minutes, laissant le temps à la musique d’évoluer au sein-même des morceaux qui alternent entre blasts, ambiance fantomatique et groove écrasant typiquement Doom.
Il n’y a d’ailleurs que 6 morceaux sur ce disque (si on exclut l’intro) mais ceux-ci évoluant constamment, on ne se sent pas lésé pour autant. C’est même l’effet inverse : l’album semble évoluer comme les mouvements d’une symphonie malsaine, vous entrainant toujours plus profondément dans l’abysse. On arriverait presque à oublier les passages d’un morceau à l’autre, l’ensemble étant très cohérent et hypnotique.
Le morceau final, « Mare Infinitum » est d’ailleurs une parfaite synthèse de ce qui se passe tout le long de l’album et de ce que le groupe sait faire de mieux, à savoir vous entrainer dans les profondeurs insondables d’un océan de noirceur dont n’arriverait pas à s’échapper.
Le groupe apporte malgré tout quelques nuances à son propos, notamment avec le morceau « The ritual » et son intro percussive et tribale, qui arrivent comme une bouffée d’air au milieu de l’oppression récurrente qui se dégage durant l’écoute.
On perçoit également quelques sonorités classiques et chœurs dans les arrangements qui rajoutent une couche au côté très solennel du disque.
Vous l’aurez compris, ce disque est excellent et mérite vraiment votre attention même si ce n’est pas votre style de prédilection.
Pour conclure, Je me dois de parler de la partie graphique de l’album.
Une fois de plus, c’est un des guitaristes/chanteurs du groupe, Jeff Grimal, qui s’occupe de l’artwork et par les grands anciens (je suis content de l’avoir placée celle-là. Je suis un geek, ne me jugez pas), quel artwork ! La pochette et le livret sont une petite mine d’or d’illustrations variées complétant à merveille l’univers sombre dépeint par le groupe.
Alors, je suis un novice total en matière de critique de peinture (on peut le dire, je suis un b*te) mais son style me fait énormément penser à une version sombre et torturée de l’impressionnisme. Cette analyse vaut ce qu’elle vaut, mais le visuel du groupe a un coté à la fois fascinant et dérangeant, complétant à merveille une musique déjà bien tourmentée.
C’est d’ailleurs un point très appréciable du groupe : la cohérence de son œuvre. Que l’on parle du visuel, des textes, de la musique ou encore des photos de groupe, tout s’imbrique parfaitement et fait d’un groupe une véritable entité artistique qui force le respect.
Même si ce n’est pas votre style, essayez cet album, le voyage est sombre et chaotique et il en vaut la peine.