Rencontre avec Mattias Vanderschueren, l’un des responsables du festival Alcatraz, lors de sa journée de promotion au Hard Rock Café.
Art N Roll : Bonjour, merci de nous recevoir aujourd’hui
Mattias Vanderschueren : Mais le plaisir est pour nous. Nous sommes juste à 25min de la frontière française et c’est vraiment important pour nous de pouvoir parler du festival auprès du public français, notamment pour toucher les gens qui sont au Nord de la France.
ANR : Vous fêtez vos 10 ans d’existence, que pouvez-vous nous dire du chemin parcouru ?
Mattias : Cette année est un peu spéciale, nous venons d’installer une deuxième scène. C’est une étape et un risque mais nous pensons que c’était indispensable. Il y a des groupes que l’on doit absolument voir la nuit. Nous avons dû faire jouer des groupes comme Carcass ou Moonspell la journée mais nous sommes ravis de pouvoir faire passer plus de groupes la nuit. Nous avons un nouveau chapiteau qui peut accueillir 4000 personnes. Alcatraz se tient en extérieur, et s’il pleut les festivaliers pourront se mettre à l’abri quelques instants !
Nous avons commencé avec un jour en intérieur, puis un jour en extérieur pour arriver à deux jours en extérieur. Nous voulons rester un festival de taille moyenne, nous ne voulons pas devenir le prochain Hellfest. Nous pensons qu’il y a un espace pour les gens qui aiment notre type de musique et ne veulent pas être sans arrêt en train de courir d’une scène à l’autre en faisant des choix difficiles. Nous misons sur l’aspect compacte, cosy.
ANR : Peux-tu nous parler un peu des débuts du festival ?
Mattias : Je ne suis pas un des fondateurs du festival. Je suis arrivé après 5 années d’existence pour le festival. J’avais entendu qu’il y avait de grosses difficultés, surtout parce les groupes voulaient jouer en extérieurs. Le festival a lieu en plein mois d’août, il fait souvent très chaud. J’ai toujours voulu rejoindre un petit festival pour le rendre plus grand. J’ai contacté Philippe, je lui ai dit que j’avais les contacts pour installer son festival en extérieur. Il a dit ok, mais m’a demandé de faire une année en indoor avec lui pour que je comprenne ce que c’était que l’organisation. Il y avait 1200 personnes, c’était très sympa. L’année d’après on a eu Nightwish et on était en extérieur à Courtrai. Le maire de la ville écoute du Hard Rock, ça aide. Après on a grandi peu à peu.
ANR : Comment gérez-vous le festival ? Avez-vous une association, entreprise ?
Mattias : Nous sommes une entreprise à but non lucratif. Tous les gains sont réinvestis dans le festival. Par exemple, le thème d’Alcatraz est la prison du même nom et nous travaillons sur la personnalisation de la scène. Nous faisons en sorte d’améliorer progressivement le festival tout en le maintenant à une taille moyenne.
ANR : Peux-tu partager avec nous les chiffres du festival?
Mattias : L’année dernière nous avons eu 15000 personnes sur 2 jours. Cette année nous devrions avoir 20 000 à 25 000 festivaliers. Nous avions 350 bénévoles et devrions passer à 400 cette année. Nous allons ajouter un nouveau bar, un after bar assez relax jusqu’à 4h du matin. Nous voulons investir également dans la nourriture. Nous sommes en contact avec les traiteurs de Paaspop, un autre festival bien connu. Nous voulons vraiment tout faire pour le confort de nos festivaliers.
ANR : Comment sélectionnez-vous les groupes qui viennent jouer à Alcatraz ?
Mattias : C’est un processus difficile. Jusqu’à présent nous devions courir un peu après les groupes mais là nous sentons que la tendance s’inverse. Nous avons toujours traité les groupes avec beaucoup de soin, nous avons maintenant une bonne réputation. Juste avant nous il y a le Wacken, mais en même temps que nous il y a le Bloostock au Royaume-Uni et la semaine suivante le Summer Breeze en Allemagne. Les groupes doivent faire des choix et nous devons payer pour les avoir. Nous avons de la chance de travailler en étroite collaboration avec Livenation depuis le début. Ils nous font confiance, ils ont commencé par nous tester avec Nightwish, mais maintenant on leur a démontré que nous pouvions tout gérer correctement.
ANR : Aurais-tu une anecdote à partager sur un groupe ?
Mattias : Oui ! la plus belle anecdote pour moi est que l’année dernière Twisted Sister a joué son dernier concert dans notre festival. Nous nous sommes dits, ok c’est encore un groupe qui dit que ce sera le dernier mais ils étaient très sérieux. Nous avions commandé un énorme gâteau avec la forme de la prison d’Alcatraz et nous leur avons donné backstage. Nous avons tout filmé et montrerons le film prochainement. Ils étaient très émus, et même si j’espère qu’ils continueront de jouer je crois qu’ils étaient vraiment sérieux avec cette décision d’arrêter.
ANR : Que pensez-vous de la programmation de cette année.
Mattias : Nous sommes très heureux de cette programmation. Nous couvrons tous les styles de métal. Nous avons KORN, qui est le plus gros groupe de Nu Metal, du viking metal avec Amon Amarth, du Hard Rock avec Saxon, du black metal avec Abbath, du trash avec Testament. Nous essayons de proposer un large spectre de styles de métal. Tous les groupes ont leur place à Alcatraz.
ANR : Je trouve que cette programmation est effectivement bien équilibrée. Vous touchez aussi la jeune génération avec un groupe comme Trivium.
Mattias : Oui c’est vrai, tu as raison. La jeune génération est très importante à nos yeux et nous allons devoir investir de plus en plus dans cette direction. Les légendes du Heavy vont devoir être remplacées.
ANR : Quels sont les groupes que tu rêverais d’avoir ?
Mattias : Il n’y a qu’un seul groupe que j’aurais aimé avoir mais ce n’est plus possible, c’était Motörhead. Je ne suis pas un rêveur, je ne veux pas qu’on devienne trop gros alors pour l’instant je suis heureux. Peut-être Scorpions ou Volbeat un jour mais pas Iron Maiden ou Rammstein.
ANR : Quel est l’objectif final pour Alcatraz ?
Mattias : Le festival doit rester de taille moyenne mais nous voudrions qu’il soit sold out d’une année sur l’autre avant même que la programmation soit annoncée. Nous voudrions que nos festivaliers nous fassent suffisamment confiance pour prendre le risque d’acheter les pass en avance. C’est notre objectif. Nous n’allons pas grandir beaucoup plus. Nous savons qui nous sommes.
ANR : Un petit mot pour les festivaliers français qui doivent faire un choix ?
Mattias : La situation géographique est forcément un argument. Vous avez le Hellfest qui est loin mais si vous aimez un festival un peu plus familial, venez chez nous. Nous faisons tout pour vous accueillir dans les meilleures conditions. Les installations sont bonnes, le camping va s’agrandir, mais il faut surtout venir pour la programmation !