Groupe : Body Count
Album : Bloodlust
Label : Century Media Records
Date de Sortie : 31 mars 2017
Note : 17/20
Body Count revient gonflé à bloc après trois ans d’absence depuis la sortie de « Manslaughter ». Album qui marquait déjà un retour du groupe réussi après un troisième opus décevant, et un quatrième sorti dans l’indifférence générale. Mais à bientôt 60 ans Ice-T nous montre qu’il a toujours des choses à dire et du gros son à envoyer. Retour aux sources, pour Body Count qui fête ses 25 ans d’existence avec la sortie de « Bloodlust ».
Si, comme l’explique Ice-T au début de la reprise de « Raining Blood », Body Count est avant tout un groupe de potes qui voulaient faire du rock, c’est aussi un groupe qui, dés ses débuts, s’est positionné dans un registre militant. Avec « Cop Killer » en 1992 et son cri de protestation contre les brutalités policières, Body Count déchaine les associations de police aux Etats-Unis qui voulaient en empêcher sa sortie. C’est dans cette veine de groupe engagé et politique que s’inscrit ce nouvel opus.
L’album s’ouvre avec « Civil War », morceau auquel Dave Mustaine a participé. Les Etats-Unis sont dépeints dans une version où la loi martiale aurait été déclarée, supprimant toute liberté et autorisant le tir à vue sur toute personne ne se conformant pas à la loi du Président. Le ton est donné.
Tout au long de l’album Ice-T distille une rengaine contre les injustices sociales et les inégalités systémiques de son pays. Mais les revendications ne s’arrêtent pas à une catégorie d’Afro-américain. Avec un titre comme « No Lives Matter », les propos touchent toute une société minée par une fraction sociale de plus en plus marquée. C’est une différence fondamentale par rapport à certains rappeurs ou groupes engagés qui ont trop tendance à rester cloisonnés dans une vision très segmentée et « cliché » du monde.
Ice-T se fait le porte-parole d’un système où les violences policières, sans causes réelles, redoublent. On évolue donc dans un registre assez sombre, souvent brutal et agressif, mais terriblement accrocheur. Les riffs sont efficaces et les solos de guitare rappellent qu’Ernie C n’est pas là que pour « ornementer » les paroles d’Ice-T. Il y a dans cet album une fusion des genres, tellement réussie et cohérente qu’on se demande pourquoi le groupe n’est pas encore plus reconnu.
« Bloodlust » ne compte pas moins de 3 guests de luxe. Après Dave Mustaine sur « Civil War », c’est Randy Blythe, leader de Lamb of God, qui vient donner un peu de voix sur « Walk with me… ». Morceau lancé sur un rythme infernal avec des solos de guitare très heavy metal.
Autre invité prestigieux, Max Cavalera accompagne le groupe sur l’excellent « All Love is Lost ». Titre que l’on ne peut écouter sans adopter un mouvement de tête d’avant en arrière…
Pour finir, Body Count se fait plaisir en reprenant « Raining Blood » de Slayer, livrant une version hommage estampillée « Body Count ». Ice-T nous livre en intro un speach sur les origines du groupe et ses influences. Au final, on se retrouve avec un album jouissif, cohérent et boosté par une inspiration née d’une forme de révolte sociale. Le prochain opus devrait donc être très intéressant…
De Body Count sur scène, on retient bien sûr de leur tour de force sur l’ancienne Warzone du Hellfest, très largement sous-dimensionnée pour le groupe. Un concert qui donnait envie de les revoir très vite, alors à quand une date en France ?