Depuis plus de deux ans maintenant, Bare Teeth mène son petit bonhomme de chemin, en enchaînant les dates et en sortant leur premier EP « First the town then the world ». Art’N’Roll est allé à leur rencontre pour en savoir davantage sur ce quinté du chnord.
Art N Roll: Quand a commencé ce projet exactement?
Greg: Bare Teeth est un projet qui a commencé fin 2014. Titouan le guitariste venait d’arriver sur Lille, dans le cadre de ses études, et il connaissait une personne dans cette ville qu ‘il avait rencontré sur Grenoble, là d’où il vient. C’est un pote qui organise des concerts et qui tourne régulièrement avec des groupes. Il lui a demandé s’il avait des plans pour des groupes qui recherchaient un guitariste. Et à cette époque je n’avais plus de groupe, on s’est rencontré et on à joué de la gratte ensemble, le contact est plutôt bien passé. On a recruté d’autres mecs et c’était toujours cool. Mon ancien bassiste nous a rejoint, Jérôme le batteur également. Bare Teeth est un peu la continuité de mon ancien groupe. Et le nom le nom a changé car j’étais le seul d’origine.
ANR: Je sais que vous n’aimez pas ce principe d’attribuer des étiquettes aux groupes, donc on peut dire que Bare Teeth est d’une certaine manière un meltin’ pot de sikos venant de divers horizons, avec dess influences allant du trash au punk mélo?
Greg: Tu sais chacun voit midi à sa porte. Nous, ce qui nous réunit, c’est le punk rock. On n’écoute pas nécessairement tous les mêmes choses. Jérôme notre batteur est un grand fan de hip hop, Titouan écoute beaucoup de métal à côté, moi je suis un gros fan de ska et rock steady. Tout ne transparaît pas forcément dans nos compos. Mais après on ne se refuse absolument rien! Si ça se trouve dans nos prochains morceaux, il y aura des gros break down ou il y aura des blast beat, voilà.
ANR: Pourquoi avoir attribué au groupe le nom de Bare teeth?
Greg: Alors traduction littérale: les dents nues, montrer les dents. On trouvait ça assez rigolo et c’est assez cocasse car on savait que les français allaient mal le prononcer (rires!). On a surtout pensé au côté « avoir les crocs », on trouvait la signification assez cool pour montrer un minimum d’ambition.
ANR: Vous avez eu pas mal de dates dans le nord de la France, les bookings sont plus simples en Belgique qu’en France d’après vous? Avez-vous un objectif en pensant à une ville ou un fest en particulier que vous aimeriez faire? Et comment arrivez-vous à concilier vos emplois du temps?
Greg: On a fait beaucoup la Belgique, déjà deux minis tournées en Allemagne et aux Pays-Bas et on part en Angleterre début juillet. Très clairement, on n’attend pas grand chose des concerts en France, de toute manière c’est notre démarche de bouger. On aimerait plus à Paris mais ça coûte de l’argent de descendre, faut que ça fasse un minimum d’entrées. On doit démarcher encore pour le sud ouest… Pour l’instant c’est beaucoup plus facile et moins cher d’aller jouer en Allemagne ou aux Pays-Bas que de jouer à Nantes par exemple. Pourtant on sait qu’il y a une bonne scène, on a rien contre encore une fois. On a quelques contacts en Espagne également et je songe prochainement à les démarcher.
Sinon pour l’orga; déjà Titouan est un étudiant branleur donc ça ne compte pas (rires!), et il a bientôt fini, donc ça c’est réglé. Les autres travaillent, et moi je suis freelance donc je m’arrange. Plus concrètement on va faire cette tournée européenne, très probablement en fin d’année, avec la France, l’Italie et Slovénie sûr. Peut-être Autriche, République Tchèques,on fera en fonction du routing pareil pour l’Allemagne voilà.
ANR: Comment se positionne la scène lilloise aujourd’hui, la bande de potes restent fidèles je suppose pour soutenir les groupes du coin.
Greg: Il y a pas mal de groupes à Lille, pas nécessairement dans le punk rock mais ça bouge pas mal. Punk rock, post hardcore, hardcore. Kill for peace, Fake off, Jodie Faster, Stupid Karate, Charbon.. ect. C’est des groupes qui tournent dans la région. Il y a une bonne scène , on se connaît tous plus ou moins.
On veut jouer toutes les opportunités qui se présentent, que ce soit dans un café concert, dans un patelin pommé ou un énorme festival , on prend tout ce qui passe.
ANR: Est-ce que ce nouvel album est un prolongement de la démo (sortie en 2016) ou avez-vous tenu à offrir quelque chose de plus pointu, poussé quelque chose qui vous ressemble d’avantage à tout les 5? Et où en est votre recherche de label?
Greg: Il y a deux des trois titres de la démo qui se retrouvent sur le dernier disque, on a réutilisé les titres au final . Et on a écarté le titre le plus soft « Goodbye Tuscany » car le titre nous plaisait moins et on a privilégié des morceaux qui nous correspondaient un peu plus musicalement et techniquement, voilà.
Au niveau des morceaux, mis à part « Down », c’est des compos perso. « Down » c’est Titouan qui a écrit la musique donc en fait c’est pas mal de morceaux que j’avais fait. Le prochain disque sera sûrement plus éclectique avec beaucoup plus de ses compos. On a pas mal de morceaux en stock que l’on doit finaliser. Le mixage du disque a été fait par Trevor de A Wilhelm Scream et le mastering a été fait par son père. Il aurait dû se faire au Japon comme la démo et pour une question de planning ça n’a pas pu se faire.
Des labels on en a, une dizaine de petits labels DIY. Le disque sort sur des labels en Angleterre, en Italie, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, aux USA, au Japon, en Corée du Sud et en Suisse. Donc dix pays, mais ça reste des petites quantité. Ce n’est pas un label qui va payer pour une grosse partie des frais . En prenant en compte les frais de pressage, ils ne paient les frais de studios etc., les frais d’artwork les frais de promo tout ça c’est pour nous. Mais pour une première sortie ça reste intéressant, car en termes de communication, de diffusion cela va nous donner des opportunités, on espère. On va par conséquent commencer à créer des fan bases dans certains pays.
ANR: Y a t-il quelque chose qui vous manque présentement dans la musique? Quelle dimension attribuez-vous à cette activité?
Greg: Le genre live n’est jamais mort, mais c’est vrai qu’on a senti un certain tassement , une sur-spécialisation de styles de musique où on veut toujours enfermer les groupes, le public dans une case du genre tu fais du death métal symphonique ce n’est pas pareil que du death métal mélodique, surtout ne pas mélanger les publics.. Je trouve ça complètement débile! Même nous avec le style punk rock, on nous a déjà dit qu’on ne peut pas nous faire jouer sur une affiche de punk rock parce que, tu comprends, sous prétexte que ce n’est pas exactement le même style… Et le pire c’est que même des organisateurs de concerts disent que le public ne suivrait pas et bien « éduque-le ton public j’ai envie de te dire! » Je me rappelle des concerts fin 90/début 2000 tu retrouvais sur une même affiche un groupe de métal, un groupe de funk et un groupe de pop, tout le monde matait tous les concerts. Cette mentalité là me manque un petit peu… D’ailleurs on joue aussi le 12 octobre à Lille, on a invité un groupe de rock alternatif français, ceux sont des potes et on s’est dit que ça sera l’occaz’ de se confronter l’un à l’autre, du moins d’élargir un peu les horizons et le guitariste me disait « mais tu n’as pas peur qu’au niveau public il y ait un soucis?! ». Ce à quoi j’ai répondu que non le public viendra et découvrira l’un ou l’autre groupe et puis si les gens n’aiment pas, et bien ils se casseront. De toute façon ils auront payé haha!
Les gens qui écoutent du punk mélo vont nous dire que ce qu’on fait c’est un peu trop hardcore , un peu trop trash parfois. Les gens qui écoutent du hardcore trouvent ça du coup trop punk mélo. On a joué aux Pays-Bas et en Allemagne dans des squats. Tu joues typiquement en France, si tu ne fais pas du post hardcore, du crust ou des trucs comme ça ça reste compliqué même s’il y en a qui le font. Ailleurs cela ne pose aucun problème, leur programmation en effet sont hyper variées. C’est pour ça que pendant un moment on disait même pas qu’on faisait du punk rock on disait qu’on jouait du trash pop, après chacun comprend ce qu’il veut derrière cette expression.
Je le répète: pour moi un public ça s’éduque tout simplement.
ANR: Il me semble que la plupart d’entre vous a d’autres projets à côté, est-ce que Bare Teeth reste le groupe prioritaire ou est-ce un trip commun à tous que vous souhaitez faire évoluer sans pression, quand une occasion se présente pour jouer et faire la fête?
Greg: Alors il y a que notre batteur qui a un groupe actif, il fait du métal hardcore , il tourne principalement dans la région et il sélectionne des dates, ce qui nous laisse du temps pour Bare Teeth. Nous on est dans une autre approche, on veut jouer partout dans n’importe quelle condition. On a fait un gros festival en Belgique dans d’excellentes conditions il y a deux semaines, le lendemain on faisait un show à la radio et la veille on était dans un squat en Hollande donc .. Le but est de s’investir , si c’est pour faire un groupe sans moyen il n’y aucun intérêt! Le but est de faire un disque qui soit diffusé, reconnu sinon on ne se serait pas embêté à bosser avec des labels, d’essayer de trouver une distribution de faire de la promo…etc.
ANR: Qui s’est chargé de l’artwork de cet album?
Greg: Alors c’est un ami lillois qui s’appelle Pierre Philippe, j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec lui pour la pochette d’un EP que j’avais sorti avec Fast Motion, ce qui était rigolo c’est qu’il avait bossé en dyptique cette pochette, il a fait pas mal d’artworks pour des groupes, des affiches de concerts, des sérigraphies comme pour les Melvins à l’Aéronef à Lille, à Tourcoing…etc.
ANR: Et le choix du dessin?
Greg: C’est moi qui lui ai filé plus ou moins les directives pour le dessin, l’idée d’avoir la main, des loups, des gueules qui veulent bouffer le monde, c’était l’idée principale. Moi tu me donnes des crayons c’est une catastrophe (rires!).
ANR: Et bien on espère que cette sortie d’album sera prometteuse et vous donnera diverses opportunités pour étendre votre public, merci beaucoup et à la prochaine!
https://bareteethmusic.bandcamp.com/