Art N Roll a rencontré Matthieu et Nicolas du groupe français Ultra Vomit au Hard Rock Café. Le groupe revient après 9 ans d’absence avec « Panzer Surprise », un album toujours plus fou et la suite pas logique d’ « Objectif : Thunes ». Nous avons décortiqué ensemble l’album.
Art N Roll : Déjà un grand merci pour cet album qui nous a apporté à ma fille et moi un grand moment de rigolade.
Ultra Vomit : Tant mieux, c’est marrant c’est une constante, notre album marche bien avec les enfants, elle a quel âge ?
ANR : 12 ans
UV : Ca va encore, c’est bien parce qu’on a des clients pour plus tard [rires] c’est important !
ANR : 9 ans, depuis le dernier album, tranquille ?
UV : Petit rythme, tu connais Interstellar ? On s’est approché un peu trop près d’un trou noir et on s’est fait happé et finalement quand on est revenu sur Terre, ça ne faisait que 9 ans. Ce n’est pas grave, il aurait pu se passer 1 000 ans. Il ne faut pas non plus que les gens soient trop exigeants. La vraie réponse ? C’est que Matthieu devait passer son Brevet des Collèges et qu’on devait l’attendre pour sortir un album. On lui a dit, tu vas d’abord passer ton diplôme et on pourra tourner. Je sais que ton rêve c’est de tourner, c’est son rêve de faire l’Alhambra… et la vraie raison (parce qu’il en faut bien une !) comme le dirait Fabien Le Floch « Flocos » pas d’idées, pas d’albums… c’est en gros un peu excessif mais c’est quasi ça. Après Objectif : Thunes on s’est retrouvé dans une impasse spiritique qui fait qu’on s’est dit qu’il sera difficile d’arriver à faire aussi bien tout simplement et d’avoir autant de concepts, autant d’idées. On ne voulait pas faire moins bien et dans la foulée on n’était pas motivé pour le faire. Il y avait une part de flemme aussi. On avait mis tellement d’énergie dans cet album-là. D’autres projets ont pris le pas donc on a repoussé à plus loin. Dans ma tête c’était toujours présent. 9 ans quand même, on a pris le temps.
ANR : Vous n’êtes pas les seuls à prendre votre temps, je ne citerai pas de noms… Pourquoi toujours ces blagues pipi/caca, ça vous amuse encore à votre âge ? Une fascination ?
UV : Oui tout à fait, alors je ne vais pas te mentir, tous les membres du groupe ont leur part d’influence, mais même si je suis très friand de caca, ça vient surtout de Fabien. Il a vraiment un problème, un blocage là-dessus depuis qu’il est tout petit et de plus ça fait ultra marrer, les pets, c’est la classe, donc il fallait quand même qu’on lui laisse sa part d’expression dans l’album et il l’a amené avec des grandes paroles telles que « pipi vs caca » ou bien sûr « E-tron digital caca ». Ceci dit j’étais client de ça, pas de problème. Il y a aussi tout ce décalage que tu crées entre des paroles pas sérieuses et une musique très travaillée. On peut difficilement faire un plus gros décalage que ça. Dans « Objectif Thunes » ce n’était pas aussi régressif. Tu as le metal progressif et tu as le metal régressif.
ANR : C’est un nouveau concept ?
UV : Oui, c’est ça. On pourrait dire qu’on fait ça quelque part.
ANR : Comment se passe un enregistrement avec vous ? La conception, la création des morceaux ?
UV : La conception c’est diffus, on ne se dit pas on s’enferme et on fait le truc. On laisse les choses mûrir parfois. Je fais des ébauches de démos chez moi, après on les fait en répète ensemble. Parfois tout bien et on a aussi des concepts super vieux, 5 ans, qui mettent du temps à aboutir parce qu’on sait qu’on va faire une chanson sur un thème, comme Kammthaar par exemple on sait depuis 5 ans qu’on va la faire mais il y a rien, pas de paroles, juste le titre. Un moment donné il y a une petite étincelle, dans ce cas c’était l’album solo du chanteur de Rammstein, ça m’a inspiré et voilà le résultat.
ANR : En gros, vous avez les idées mais pas la forme.
UV : Oui, parfois on a des riffs, on a une boîte à riffs, à idées, à concept et tant que le riff et le concept ne se marient pas bien on ne fait rien. C’est la symbiose des deux qui fait la chanson et qui va nous faire marrer. Une chanson comme « Evier Metal » a des paroles très très faibles, mais la symbiose des deux, c’est tellement nul que ça fonctionne.
ANR : Vous êtes restés sur le concept de chansons courtes sauf pour certaines où vous avez été nettement plus inspirés, je pense à « Jésus » par exemple.
UV : Oui elle dure 3 mn et les paroles sont super chiadées quand même ! D’ailleurs ça devait être le titre de l’album à la base : la Bible 2 mais on a préféré changé le concept.
ANR : Comment avez-vous pensé à intégrer du Marc Lavoine avec du Rammstein ? Ca frise le génie ?
UV : Je ne sais pas qui a eu l’idée honnêtement, je crois que c’est Manard qui a sorti la phrase. Mais pourquoi est-ce que l’air s’y prêtait ? Il y a quelqu’un qui a complètement chanté la chanson de Marc Lavoine pour faire un bridge. C’est venu comme un cheveu sur la soupe et pourtant au départ ça n’allait pas bien du tout. Quand je suis rentré chez moi, je me suis dit non ça ne me plaît pas. Il fallait l’harmoniser différemment. L’idée était déjà là, il fallait juste bien l’arranger. La fusion des deux était importante. Surtout qu’à la base la chanson n’avait que des paroles en allemand. On a dû remettre des textes en français parce qu’on s’est dit que ça n’allait pas.
ANR : Et pour Takoyaki, c’est un vrai plat japonais ?
UV : (Nicolas) tout à fait, c’est un plat que j’ai eu l’honneur de déguster en allant là-bas. Ce sont de petites boules de poulpes. Ils servent ça en apéritif avec une bière, des petites barquettes de 8, c’est hyper bon et le nom me faisait marrer. Je leur ai dit, vous allez voir quand je vais rentrer je vais faire une chanson dessus. Je dis ça mais je n’étais pas certain que ça allait arriver. Mais j’avais l’idée. J’avais même enregistré sur mon téléphone mes petites idées de riffs.
ANR : Tout est en japonais ?
UV : Oui quasiment tout est en japonais, sauf les speechs. Ce n’est pas du japonais très poussé non plus, j’ai aussi mes limites.
ANR : Le concert de la semaine dernière était complet.
UV : C’était complet et l’ambiance était ouf ! (Matthieu) alors moi je ne m’en suis même rendu compte tout de suite tellement j’étais dans ma bulle. Les gens connaissaient déjà toutes les chansons alors que l’album vient à peine de sortir. Ça fait chaud au cœur quand même. On a pas eu ça dans toutes les villes, il n’y a qu’ici qu’on a eu ça (à Paris). On l’a joué chez nous l’ambiance était très cool mais pas une telle folie qu’à Paris.
ANR : C’est ce qui vous a motivé à faire une autre date le 13 octobre prochain ou c’était déjà prévu ?
UV : Quand le truc s’est rempli aussi vite, notre tourneur a dit ok, je ne sais pas ce que vous en pensez mais je ferais bien une date en octobre. On a dit oui, c’est cool, il y en a qui vont certainement revenir plus ceux qui ont pas pu. Je pense qu’il y aura du monde. Et d’ici là peut-être que l’album sera plus diffusé. Pas tout à fait comme avec « Objectif : Thunes » qui est l’album qui nous a fait connaître.
ANR : Vous avez maintenant une certaine notoriété.
UV : Tout à fait, je pense que maintenant, tu prends un métalleux français, tu lui demandes s’il connait Ultra Vomit, il y a de fortes chances qu’il te dise oui. Au moins de nom.
ANR : J’ai vu que Gojira avait apprécié la parodie.
UV : Oui et ça fait plaisir. On le savait déjà parce qu’ils nous l’avaient déjà dit, et c’est eux qui nous ont demandé quand est-ce qu’on l’enregistrait. Il n’y a pas de soucis, ce n’est pas eux qui vont nous embêter avec la chanson, par contre de l’autre côté, on n’a pas eu de nouvelles. C’est l’inconnu, on ne le connait pas. Si ça se trouve il va se marrer !
ANR : Il a peut-être le sens de l’humour ?
UV : Je n’en sais rien et je ne connais personne de son entourage.
ANR : Concernant les autres parodies, des échos ?
UV : Tagada Jones ont bien réagi aussi et se sont bien marrés. Après le reste, comme ce sont des groupes internationaux, il y a peu de chance qu’on en entende parler. Il faut attendre.
ANR : Est-ce qu’un jour vous pensez faire des chansons plus sérieuses ?
UV : Déjà rien que Batman vs Predator, elle a un côté assez sérieux. C’est ce que j’ai dit dans l’interview juste avant, pour moi le metal je ne me sens pas viscéralement metalleux. C’est un truc que j’ai beaucoup écouté et que j’écoute moins maintenant. Par contre j’en fais parce que je trouve que le décalage entre la gaminerie et le metal est vraiment jouissif. Avoir un gros son énorme et dire des bêtises c’est un parfait combo. Je n’ai pas envie de faire du metal pour parler d’elfes ou de politique. Ça ne m’intéresserait pas de faire un truc sérieux. Après faire des reprises version metal et fun, oui ! On ne va pas non plus raconter que des blagues pipi/caca, les gens en auraient marre, moi le premier mais de temps en temps c’est marrant. L’humour est différent selon les morceaux.
ANR : Et votre histoire de « Bouillie » en plusieurs versions ?
UV : Même nous, on ne comprend pas grand-chose. C’était juste histoire de créer de petits entractes musicaux. C’est une façon de faire comme sur Objectif : Thunes, un mantra qu’on décline en plein de styles. Un gimmick qu’on a parsemé sur l’album. Je ne sais pas si les gens ont capté quelque chose.
ANR : J’ai besoin d’une confirmation sur Keken, c’est bien une parodie de Ken le Survivant ? Ma fille sur ce coup-là a été meilleure que moi.
UV : C’est marrant parce que ta fille comment elle connait ça du coup ?
ANR : Elle est fan de manga, elle est incollable.
UV : (Matthieu) parce que moi je ne connaissais pas. C’est quand même assez vieux. On nous a demandé d’ailleurs avec toutes ces références à des trentenaires, si ça ne risque pas d’exclure des gens, oui c’est vrai que c’est mieux si tu comprends la référence comme l’engueulade qu’on a repris au milieu de l’album est une référence à Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué qui circule. Tu ne connais pas, tu rigoles quand même et si tu connais c’est encore mieux. Pour Keken c’est pareil. C’est une reprise du générique, le français qui n’est pas le même que le japonais.
ANR : Le mot de la fin ?
UV : On pourrait s’adresser à tous nos clients, et futurs clients et les convier à notre fête du 13 octobre au Trianon. J’espère que ça va être blindé. C’est une belle et grande salle, et en attendant vous pouvez nous retrouver au Hellfest également. A la rentrée, ça commence à être booké aussi dans les dates : septembre, octobre, novembre.
ANR : Il y en aura pour tous les fans.
UV : Tous les clients de toutes les régions, pas seulement Paris. [rires] Oui c’est dégueulasse de dire ça comme ça… tu pourras toujours le mettre entre guillemets. C’est odieux, on est d’accord.
ANR : Merci beaucoup
UV : Merci à toi également