Klone ne se produisait pas au Hellfest cette année, mais Art’N Roll les a rencontrés pour discuter de leur dernier album.
Art N Roll : Vous avez récemment sorti un album « Unplugged », que j’ai d’ailleurs eu la chance de découvrir sur scène en mars dernier. Peux-tu me dire comment vous est venue l’idée de cet album ?
Guillaume Bernard : On avait déjà un titre acoustique sur notre premier album sorti en 2004. Mais c’était un retour aux sources pour moi. Je compose essentiellement sur ma folk, c’est comme ça que naissent les morceaux de Klone. On avait aussi fait quelques concerts avec Anneke, dont l’ouverture de son concert à la Maroquinnerie, les gens étaient très réceptifs sur ce que nous faisions, et dans la foulée on nous a proposé d’enregistrer dans le théâtre de Rochefort. On s’est dit que c’était l’occasion de mettre ces morceaux acoustiques en boite. On avait aussi une équipe vidéo pour nous enregistrer. Le disque a été fait en trois jours, sur la base de prises live. C’était stressant pour nous, il a fallu accepter les petits défauts de jeu que l’on a quand on joue comme ça.
On a fait évoluer les morceaux sur scène, on a parfois une accordéoniste, un percussionniste.
ANR : J’ai beaucoup apprécié l’apport du percussionniste lorsque je vous ai vu en live. Les morceaux prennent une autre dimension, ça donne de l’intensité, et plus de nuances. C’est presque dommage de ne pas retrouver ça sur l’album.
Guillaume : Oui, c’est une question de disponibilité, on a enregistré au mois d’août. Quand on a commencé à travailler avec Romain (percussionniste) on s’est rendu compte de ce que ça nous apportait. Pour Aldrick et moi, avoir une rythmique ça a quelque chose de rassurant. On préfère aussi jouer avec des percussions.
ANR : il y a un morceau que j’aime particulièrement sur l’album c’est « Gone up in Flames », et la version avec percussion apporte quelque chose de magistral.
Guillaume : Ça nous permet de plus nous lancer quand on est sur scène. Romain sait aussi bien jouer subtil que cogner. IL maîtrise une palette d’émotions qui donne du relief aux morceaux.
ANR : Avec les peaux de bêtes sur les fûts qui lui donnent un côté grand manitou !
Guillaume : Il y a un peu de ça oui ! (rires) Romain vient d’un univers free jazz. Il écoute aussi de l’électro, des choses assez variées.
ANR : Votre positionnement sur scène, assis en arc de cercle, est très intéressant. On sent beaucoup de connivence entre vous. Surtout entre toi et Aldrick.
Guillaume : On essaie de se positionner pour pouvoir tous s’entendre et se voir jouer. Ça peut paraître bête, mais s’il n’y a pas de batterie il faut que l’on puisse se voir pour être sûrs de bien jouer ensemble. Voir où on en est, et pouvoir se faire des clins d’œil si on se plante ! (rires)
Jouer assis c’est plus confortable. C’est comme ça que tu joues chez toi, ça permet de mieux jouer. On préférait assumer à fond le concept et rester assis pendant les concerts. On aime aussi quand le public est assis. L’écoute est plus religieuse.
Le premier concert qu’on ait fait c’était à Rochefort, dans une église. Et là c’était magique, l’écoute du public était fantastique. On avait un peu peur au début que le fait que ce soit en acoustique avec un volume un peu faible entraine des bavardages, et à part quelques villes on a eu une écoute attentive.
ANR : Il y a aussi une proximité différente avec le public. Lorsqu’on enlève la saturation on se retrouve moins protégé.
Guillaume : C’est vrai. Pour Yann ça demande un effort, il est obligé de communiquer plus avec le public alors que ce n’est pas un gros parleur.
ANR : L’album met bien en avant la voix de Yann. On en découvre à la fois toute sa puissance et ses nuances, c’est impressionnant.
Guillaume : Oui, ça lui demande un autre travail. Il peut chanter plus doux, se permettre des effets sur la voix qu’il ne peut pas faire normalement.
ANR : Est-ce que ça va influencer votre prochain album ?
Guillaume : Peut-être, mais c’est encore un peu tôt pour en parler. Ce que je peux dire c’est qu’il y a beaucoup de matière de côté. Des choses très metal, d’autres plus folk, voire pop. On se pose la question d’unir les deux dans des morceaux, ou de les traiter séparément. En fait, pour l’instant ça ressemble à un énorme puzzle à démêler. On peut se retrouver à faire deux disques. Un album très concis, très efficace et un album expérimental. On aime bien varier les plaisirs, et prendre le public à contrepied.
ANR : As-tu l’impression qu’avec cet album vous vous êtes ouverts à d’autres publics ?
Guillaume : Oui ça se sent vraiment. Sur les concerts unplugged le public est beaucoup plus âgé. Il y a moins de métalleux. On a eu des medias plus larges, comme Zegut ou Telerama.
ANR : Télérama ?
Guillaume : Oui ! (rires) Mais on n’a pas eu grand-chose, un article sur notre album et une avant-première de notre clip. Tout ça nous apporte un public un peu plus âgé. On ne cherche pas à faire de la musique pour des musiciens, ou que des metalleux. On a des goûts assez éclectiques dans le groupe, et on aime bien avoir un public plus large voire familial.
ANR : Ce nouveau public qui vous découvre avec ces morceaux acoustiques, penses-tu qu’il va écouter les versions électriques ?
Guillaume : Oui. Certains sont plus touchés par l’approche acoustique, l’absence de guitare électrique enlève des barrières. Pour d’autres c’est l’effet inverse.
ANR : Peux-tu nous dire un mot sur le choix de la reprise de Depeche Mode (People are People) ?
Guillaume : C’est un morceau que nous n’apprécions pas trop. On aime la ligne de chant, mais pas la musique. Ce n’est pas notre esthétisme musical. On a redécouvert ce morceau à travers une reprise d’Elise Caron, qui est plutôt post-rock. On est plus partis de cette base que de la version originale. J’aime bien Dépêche Mode, mais surtout les derniers albums. Je suis moins touché parce qu’ils ont fait dans les années 80.
ANR : Pour finir quels sont les groupes que tu veux voir au Hellfest cette année ?
Guillaume : J’aimerais bien aller voir Opeth, Primus, et Suicidal Tendencies. J’irai voir In Flames, par curiosité pour le show. On verra !