Groupe: Psygnosis
Album: Neptune
Date de sortie: 15 Mai
Note: 17/20
« Pas de batteur, pas de chanteur et un violoncelle. »
Déjà rien que sur le papier, Psygnosis intrigue, voir, interpelle… Dans tous les cas, le groupe s’annonce comme un projet musical plutôt original. En tout cas suffisamment pour que le modeste chroniqueur que je suis ai une furieuse envie de jeter un œil sur la formation originaire de Mâcon qui nous a sorti ce mois de mai passé son 3 album.
Après de nombreux concerts en France, à l’étranger, une tournée au Mexique, un live à l’Opéra National du Rhin en compagnie de Empyrium, Igorrr, Grorr et Laniakea (premier live metal dans un opéra Français, rien que ça !) Psygnosis débarque avec le dénommé « NEPTUNE » sous le bras.
Financé par le public via une campagne Indiegogo, ce nouvel album plutôt ambitieux se veut totalement instrumental (si on exclut les quelques passages parlés utilisés çà et là comme samples d’ambiance) et le moins que l’on puisse dire, c’est que les conventions et barrières de style ont été depuis longtemps balayées sous le tapis par le groupe.
Entre les mélodies lancinantes du violoncelle, les deux guitares résolument modernes alternant entre rythmiques lourdes et syncopées et de nombreux passages clairs et ambiants, la basse puissante et claquante, le tout sur fond de samples rythmiques et batteries programmées, le quatuor français nous pond un mélange assez improbable de metal extrême, ambiant et néoclassique parsemé çà et là de musique électronique.
Les morceaux sont assez longs (jusqu’à 12 min pour certains), avec des structures complexes et progressives (cherchez pas, les traditionnels couplets/refrains, les gars s’en tamponnent le coquillard). Un cocktail qui pourrait, de prime abord, rebuté ceux qui n’ont pas le gout pour les musiques hors-normes (on, leur pardonne, tout le monde n’est pas obligé d’apprécier les longs morceaux à tiroirs parsemés de changements de rythme et d’ambiance toutes les 2 minutes).
Mais, là où le groupe fait fort, c’est quand il arrive à rester audible et accrocheur malgré l’absence de chant et le style résolument avant-gardiste. J’ai beau être un grand amateur de musique instrumentale, il faut bien reconnaitre que celle-ci a vite tendance à devenir rébarbative si vous n’êtes pas musicien.
Hors ici, rien de tout ça. La musique ne tombe jamais dans le démonstratif et les morceaux arrivent à rester intéressants et mélodiques tout du long et ce, malgré un mélange parfois assez improbable de styles au sein même des titres.
Je me dois, au passage, de vivement vous conseiller d’aller voir tout le travail d’illustration assez génial qui a été produit et balancé sur leur page Facebook pendant la campagne de financement et la promo de Neptune. Sans oublier l’hilarant clip du morceau « Psygnosis is shit » et sa brouette de caméos : https://www.youtube.com/watch?v=ETmw1UAo5P8
Le groupe est, je dois dire, particulièrement doué pour ne pas se prendre au sérieux tout en accomplissant un travail qui force le respect.
En creusant un peu dans le passé du groupe, on constate que pas mal d’expérimentations avaient déjà été faites, vu qu’un poste de chanteur avait déjà été occupé (une formation plus « classique » en somme). Et pourtant, plutôt que de rester dans un cadre plus conventionnel, le groupe semble ne vouloir s’arrêter à aucune barrière et continuer à développer son propre univers, le bonifier et le maitriser toujours un peu plus.
Et c’est, je pense, ce qu’ils sont arrivés à faire avec « Neptune » : devenir maitre de leurs expérimentations et les rendre suffisamment intéressantes pour ne plus avoir besoin d’être une formation conventionnelle (si tant est qu’elle l’ai jamais été).
Petit tirage de chapeau au passage pour le magnifique Artwork signé Damien Chanez (http://okiko.fr/) qui apporte la petite touche finale à une œuvre qui mérite qu’on s’y plonge sans retenue ni apriori.
Avec un minimum d’ouverture d’esprit, je suis certain que ce disque peut plaire au-delà de la sphère des amateurs de musique instrumentale et j’invite tous les curieux à sauter le pas. La descente est vertigineuse mais extrêmement plaisante.