Art N Roll a rencontré Gregor Mackintosh, guitariste de Paradise Lost, pour échanger à l’occasion de leur nouvel album « Medusa », dont la sortie est prévue le 20 septembre.
Art N Roll : Qu’est-ce qui vous a attiré dans le personnage de Medusa ?
Gregor Mackintosh: Dans le dernier album que nous avons écrit « The plague within », la chanson « Beneath Broken Heart » et l’album en général étaient lents et « doom », principalement dû à la batterie et le son du micro. Nous voulions en faire une sorte de suite car ça nous avait plu.
ANR : Quand on parle de « Medusa », on pense tout de suite au personnage mythologique, sous quel autre angle avez-vous abordé cet album ?
Greg : Quand j’ai écrit les chansons, j’ai juste pensé à ce titre. On peut en effet y voir plusieurs niveaux de lecture. Notamment une interprétation nihiliste (ndlr : rejet des valeurs de la génération précédente, négation des valeurs intellectuelles et morales communes à un groupe social, refus de l’idéal collectif de ce groupe). Cette version est d’ailleurs la préférée de Nick.
ANR : Vos chansons ont toujours été très sombres. Ne croyez-vous pas en l’espoir ?
Greg : Si, bien sûr ! C’est juste une forme d’évasion comme lorsqu’on peint un dessin. Vous n’avez pas besoin d’être dépressif pour écrire des textes et une musique sombre. Quand vous créez quelque chose, vous êtes quelqu’un d’autre. Et aussi nous aimons ce style de musique.
ANR : Tout à fait, on peut, par exemple s’habiller en noir sans pour autant être triste.
Greg : Et oui ! Nous aimons également prendre du bon temps !!
ANR : Depuis quelques années, vous êtes revenus sur le style de prédilection de vos débuts, à savoir le Doom /Death. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
Greg : Parce que ce n’était pas « le » bon moment. Ca dépend du moment présent, de notre humeur et de nos évolutions personnelles et artistiques. Nous sommes plongés dans la musique tous les jours et tout le temps. C’est notre hobby, mais nous en vivons. Oubliez l’album, oubliez toute l’histoire, tout d’un coup vous sentez que c’est le moment le plus excitant, que c’est « LE » bon moment.
ANR : Vous avez presque le même line-up que depuis les débuts en 1988, exception faite des batteurs. Vous les épuisez ? Vous leur faites peur ?
Greg : (rires) Non pas du tout, le premier était plutôt d’un style Old School et quand le groupe a évolué et est devenu plus important, il n’a pas été capable de gérer le stress que cela impliquait. Le deuxième est devenu « fou » : il s’est tourné vers le dieu des catholiques. Le troisième a eu 3 enfants d’âges rapprochés et ce n’était pas compatible avec sa fonction dans le groupe. Le dernier est un petit jeune finlandais de 23 ans du nom de Waltteri Vâyrynen.
ANR : en effet, un bien jeune homme…
Greg : oui, un petit jeune, parce que nous, on les aime jeunes !! (rires)
ANR : et pour durer celui-là !!
Greg : Aussi longtemps que nous pourrons ! Il a beaucoup d’humour, mais la seule chose importante est la musique, pour le reste, pas la peine de se prendre au sérieux.
ANR : Même pas un petit peu ?
Greg : Non, en fait non… Dans les années 90, au début de Paradise Lost, j’ai pris les choses trop à cœur et j’ai commencé à détester ce que je faisais. C’est le moment où tu arrêtes d’apprécier ce que tu fais. Apprendre à profiter de ce qu’on a et ne pas se prendre au sérieux.
ANR : On change aussi avec l’âge.
Greg : Oui, oui, quand j’étais jeune, je faisais les choses très sérieusement sans me détendre. Si je pouvais revenir en arrière, je me dirais « Relax ».
ANR : Nick a changé pour un registre plus grave déjà amorcé dans « The Plague Within ». Est-ce bon pour les fans ?
Greg : Nous avons différents types de chansons et les voix qui vont avec. Nick a enregistré les voix selon son ressenti et me les a envoyées pour avoir mon avis. Nous venons d’ailleurs de finir depuis peu et tout n’est pas complètement mixé. L’album sort le 20 septembre.
ANR : C’est pour ça qu’on ne peut publier l’interview tout de suite ainsi que la chronique de l’album avant le 15 août.
Greg : Ah ! je ne savais pas… Oui, l’album doit être fini pour l’été.
ANR : Vous avez mis le morceau le plus long au début de l’album, alors qu’habituellement c’est à la fin, pourquoi ?
Greg : C’est vrai, quand nous avons fini le morceau il nous a paru évident qu’il devait se situer au début. Si nous prenons chaque morceau de « Medusa », nous pouvons considérer qu’ils représentent chaque période de Paradise Lost. On retrouve des titres plus ou moins lents, des refrains accrocheurs…
ANR : Pensez-vous que nous avons besoin de croire en une (ou des) entité(s) supérieure(s) tels les anciens dieux païens ?
Greg : Oh non ! Dans la chanson « God’s Invention », nous expliquons comment les gens vénéraient les Dieux à cause de leur naïveté, leur manque de connaissances en sciences notamment. C’est compliqué et c’était aussi un manque de confiance en soi.
ANR : Nous devons donc d’abord croire en nous-même ?
Greg : Bien sûr, les gens qui croient en une vie après la mort, c’est juste une perte de temps. Il suffit juste d’apprécier celle que l’on a maintenant.
ANR : … et le présent
Greg : Oui, car c’est le seul moment qui compte.
ANR : On peut aussi considérer les Anciens Dieux comme des extra-terrestres, l’Univers est si vaste, on ne peut être seul !!
Greg : Je suis complètement d’accord et nous sommes sur cette planète pour un si court instant et si dérisoire. Depuis combien de temps l’humanité est-elle présente ?
ANR : Quelque chose de plus à dire sur l’album ?
Greg : Oui j’aimerais parler de la pochette, nous avons voulu quelque chose de retro, classique et coloré à la fois, à l’opposé de notre musique. Cela représente complètement notre style. C’est aussi très différent des pochettes précédentes et qui fait son charme. Nous commençons une tournée avec les festivals en été puis en septembre et Paris le 31 octobre.