Groupe : AqME
Album : AqME
Label : at(h)ome
Date de sortie: 22 septembre 2017
Note: 17/20
Le groupe nous avait prévenu lors de notre dernière interview en avril, 2017 est une année où l’on va manger du AqME. En plus d’une tournée anniversaire pour les 15 ans de « Sombres Efforts », d’un passage remarqué au Download festival, le groupe sort un nouvel opus, sobrement intitulé « AqME ». Le choix de sortir un album éponyme ne peut être anodin, le groupe pense-t-il avoir trouvé l’équilibre qu’il cherchait ?
Premier constat, le chant clair est de retour, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Le groupe semble d’ailleurs renouer avec l’essence, qui avait su nous séduire lors des premiers albums. AqME dévoile 12 morceaux et un morceau bonus, tous sur le fil, entre puissance et fragilité.
L’album s’ouvre sur une sublime intro, où la guitare de Julien Hekking nous embarque dans une atmosphère presque lunaire, dans laquelle le chant de Vincent vient happer l’auditeur. Mais l’évasion n’est que de courte durée, brisée par l’arrivée du très efficace « Tant d’années », que nous avions pu découvrir dès avril. Un morceau parfaitement structuré pour séduire les fans comme un nouveau public : un refrain accrocheur, une énergie communicative et une voix vibrante.
AqME s’offre une collaboration avec Reuno de Lofofora, le temps d’un titre un peu plus rageur (« Rien ne nous arrêtera »). Les deux voix se marient à merveille, Reuno apporte une bonne dose de puissance, dans un duo entre deux groupes (presque) vétérans de la scène Metal française. Vous pouvez découvrir le morceau à travers son clip réalisé, comme le premier, par Mathieu Ezan.
Deux titres se démarquent clairement dès la première écoute du disque : « Si Loin » et « M. e. s. s. ». Sur le premier, la charge émotionnelle balancée par le chant, à la fois fort et fragile de Vincent est saisissante. La progression musicale du morceau nous transporte d’une apparente douceur à une explosion de colère disruptive. Les paroles trahissent une histoire personnelle douloureuse, qui dépasse la pudeur habituelle des textes de Vincent.
Sur le deuxième, c’est la construction et l’atmosphère qui interpellent. D’abord épuré, puis enrichi par une ligne de guitare presque dérangeante, le morceau prend une direction très différente à partir de la 3ème minute, livrant ainsi un passage instrumental froid, mélancolique et pesant à l’image de ce que l’on pourrait retrouver chez Deftones.
« Se souvenir » reste bien en tête, avec ses lignes de chants qui ont des allures de Noir Désir, de belles tournures mélodiques, et un passage en guitare clair, qui met en avant le texte et l’émotion projetée par Vincent.
Mention spéciale pour « Enfant du ciel », qui démarre par une intro tout en douceur, avec un bel effet de violoning. Avec la progression du morceau on découvre des lignes de guitares entrainantes et des riffs de plus en plus lourds qui nous tiennent en haleine jusqu’à la fin du titre.
« Meurs ! » apporte une dose supplémentaire de mélancolie, nous transportant dans un univers sombre et dérangeant, au refrain bouleversant. Vincent racontait qu’il avait enregistré les prises de voix d’une seule traite, ne dépassant pas les trois prises par morceau. Est-ce là une des raisons pour lesquelles sa voix, souvent à fleur de peau, qui nous propulse à travers une myriade d’émotions?
S’il y a quelques bémols à noter dans ce disque, ils résident peut-être dans l’absence d’un ou deux titres/refrains que le public pourrait scander en live. Les lignes de chants mémorables du premier opus, constituaient un élément fort pour adhérer au projet du groupe. Par ailleurs, si les textes de Vincent sont moins distants que sur « Dévisager Dieu », ils pourraient bénéficier d’encore un peu moins de réserve.
AqME signe un très bel album de Metal alternatif, riche en émotions, dont la complexité se dévoile après chaque écoute supplémentaire. La production très soignée, comme sur le précèdent opus, est assurée « en interne » par Etienne Sarthou.
Un album que vous pourrez découvrir en live puisque le groupe sera en tournée jusqu’à la fin de l’année, avec un passage à La Maroquinerie le 4 Novembre à ne pas rater.