Auteur : The Fright
Titre : Canto V
Label : Steamhammer SPV
Sortie le : 13/10/2017
Note : 13/20
Les genres et sous-genres sont au chroniqueur Metal ce que les balais sont à Mickey dans Fantasia. Cela part effectivement d’une bonne idée, pour se révéler tout bonnement ingérable à l’arrivée, après multiplication puis démultiplication ad infinitum desdits styles/balais. Dès lors, le Kroniqueur ne manque pas de frissonner à la perspective que l’eau ne vienne à déborder une fois encore, en apprenant que le groupe Allemand The Fright pratique du « Horrock’n’Roll »… La stupeur de cette découverte, annonciatrice d’efforts auditifs et conceptuels à accomplir, cède ensuite la place à la résignation : autant se coucher moins philistin ; et s’enorgueillir d’avoir défriché un nouveau style musical.
La lecture du dossier presse du cinquième album des Thuringeois, « Canto V », atténue toutefois ce sentiment. Car The Fright y revendique sa filiation, d’une part avec Bauhaus, The Cult ou Sisters of Mercy, et d’autre part, se veut le rejeton de Whitesnake, Mötley Crüe, Guns’n’Roses ou encore de Skid Row. Classicisme plutôt rassurant. Le chanteur Lon Fright y déclare également lapidairement : « I love Sebastian Bach ». Confession loin d’être empreinte de vaine prétention. Les photos pour le moins Cheap contenues dans le dossier mis à disposition confirment l’absence de tout avant-gardisme : le chanteur ressemble à Ian Astbury, les autres à des membres de Skid Row hybridés Gothique. Enfin, le titre du disque constituerait une référence à « La Divine Comédie » de Dante (concept fastoche, déjà utilisé, notamment par un groupe de Pop Indé pour se nommer). Rien de bien déstabilisant donc.
L’écoute (pas besoin de réécoute) parachève de convaincre : The Fright est un groupe d’Heavy Rock un peu noirci. Le terme « Horrock’n’Roll » ne signifie que cela et rien d’autre. D’ailleurs leur style, tant vestimentaire que sonore, est très proche de celui des Français de Volker, lesquels revendiquent eux pratiquer du « Dark Rock ». A la différence que les tempos des Teutons sont nettement plus lents, et que le chant corrosif de la teigne Française Jen Nyx est ici remplacé par les complaintes très basses de Lon Fright. Lesquelles se marient parfaitement avec le Tom basse fréquemment martelé par le batteur Luke Seven. Le timbre du ténébreux chanteur en évoque un autre ; celui de la légende Metal Goth US, l’ex-employé des parcs et jardins érotomane Peter Steele. La cause est donc entendue : The Fright navigue donc en eaux sombres, mais néanmoins balisées.
Aux prestigieux noms cités par le groupe, il est possible d’ajouter ceux, donc, de Type O Negative (en sus du chant, il y a les compos et la prod’), Mansun (pour certains chorus roudoudou et le Glam-Pop), les Ramones (« Wander Alone » est une resucée de « Poison Heart »), Bon Jovi (pour l’apport Hard FM), Pearl Jam (des rocks épiques comme « Leave »), voire Chris Isaac (pour le ton et certains arpèges Yankees). Et la sauce prend. The Fright s’avère, au final, être un groupe érudit et attachant à défaut d’être original. Tant mieux, cela réconforte de savoir que les recettes des grands anciens influencent encore les jeunes premiers. Il est à parier que « Canto V » sera sublimé en Live, nul doute que le charisme des cinq Rockers donnera pleine dimension à ces dix lamentations catchy.