Groupe : Trust
Titre : Live Hellfest 2017
Label : WM FR Affiliated – Verycords
Sortie le : 03/11/2017
Note : 15/20
A l’annonce mi-octobre par les médias (Français) de la sortie programmée d’un septième Live de Trust, capté lors de leur passage au Hellfest 2017, l’avis de la communauté Metal sur les réseaux sociaux fut unanime : « inutile », « fumistes », « foutage de gueule », « besoin d’argent », etc… Et de tout fustiger, le Bob de Bernie Bonvoisin y compris. Il est vrai que, dans le Landerneau, leur prestation du samedi 18 heures 55 – 19 heures 55, a laissé un souvenir exécrable. Pas adepte du Gonzo, je coucherai cette fois deux éléments à la première personne du singulier : 1. Je suis un fan historique de Trust, « L’Elite » est un de mes albums favoris ; 2. Je n’ai pas assisté à ce récital : à la même heure, j’étais parti voir D.R.I. à la War Zone (choix assumé) et n’étais pas sous le cagnard de la Mainstage 1. Ce coquet paradoxe me donnant un regard vierge mais averti, c’est avec plaisir que j’ai demandé à chroniquer l’enregistrement du concert le plus controversé de l’année. Un des plus critiqués de l’histoire du Hellfest, avec peut-être celui de Venom en 2015. D’ailleurs, un parallèle entre Trust et Venom n’est pas vain. Deux groupes cultes de la première moitié des années 1980. Ayant influencé nombre de leurs successeurs (parfois les mêmes), puis perdu en à-propos, et dont le présent est très souvent sujet à caution. Cronos et Bernie ont en commun un coté cabot qui agace et peut lasser. Quoique dans le second cas, des réussites artistiques autres que musicales ont été gravées (« Les démons de Jésus »). Pour résumer, l’affaire était très mal engagée.
Tranchons sur pièces. Il ne s’agit pas réellement d’un Best of (« Meilleur de »). Entendons par-là qu’ils ont souhaité jouer d’autres morceaux que leurs classiques : cinq titres de la première période (un du premier album, deux de « Répression », un de « Marche ou crève », un de « Rock’n’Roll ») ; quatre des trente ans qui suivi (deux de « Europe et haines », plus deux inédits). Aucune reprise d’AC/DC cette fois. Pas non plus de « Bosser huit heures », « Police-Milice », « Monsieur Comédie », « Saumur » ou « Ton dernier acte », si prisés du public. Peut-être une des causes de cette fameuse déception ? Laissons aux artistes la liberté de leurs choix, et écoutons. Deuxième constatation : le son. Clair, incisif… Rock’n’Roll. On entend même le Jack de Nono. Les sillons restituent parfaitement les neufs pistes sans altérer l’ambiance. Venons-y : le légendaire échange entre Bernie et le public Français est ici intact. Pas de long discours démago de la part du chanteur ; juste des cris venant du cœur (« Vous êtes beaux ! »). Le plaisir de la populace est palpable et vivace : elle répond présente dès les premiers accords de « L’archange » (ce nouveau titre « à la Noir Désir ») et s’époumonera jusqu’à la fin d’« Antisocial ». Comme à la première date de la tournée « Répression dans l’Hexagone » de 1980. Quatrième et ultime constatation : la qualité de l’effectuation. Jusqu’à la dernière harangue les quatre n’ont pas failli. Le très Motörheadien « Marche ou crève » de 1981 est impeccable. Tantôt grasse tantôt fluide, la guitare de Nono répond aux textes de Bernie comme si rien n’avait changé. Tant les rythmiques que les fioritures et soli de l’emblématique guitariste constituent le point fort du disque. « Fais où on te dit de faire », composition pourtant moyenne du Combo, est transcendée par le vétéran, commençant par un échange entre sa Les Paul et la foule (très Angus Young, Pavillon 1979) s’achevant sur une rythmique à la « Baby Please Don’t Go » de Big Joe Williams (… repris par AC/DC : le voilà le clin d’œil !). « L’Elite » » est exécutée tambour battant, bénéficiant d’un son bien supérieur aux enregistrements devanciers, ses accords sont brillamment retravaillés par le joailler frisoté (presque quarante ans qu’il le joue), Bernie haletant ses excitantes paroles. Chapeau. La basse et la batterie sont lourdes, notamment sur l’oppressant « Au nom de la race » ou l’épique « Surveille ton Look ». Compact.
Il faudra très soigneusement passer au peigne fin l’histoire du Rock pour trouver un tel décalage entre le ressenti négatif d’un concert et la qualité du disque Live qui en est ressorti. Quoi qu’il en soit, on ne peut refuser à un groupe de coucher le témoignage audio (et vidéo, puisqu’un DVD sort aussi) d’un instant de son existence. Et jusqu’à preuve du contraire, les dates de la Tournée 2016-2017 des anciens de Nanterre annonçaient et annoncent complètes, parfois des mois à l’avance. « Live Hellfest 2017 » s’adresse d’abord aux aficionados de Trust, lesquels ne pourront en faire l’économie dans leur discothèque. Il s’écoute facilement et agréablement, ce qui plaira aux autres : les impétrants s’il y en a encore (les moins de vingt ans qui ne peuvent pas connaître ?), ainsi que celles et ceux qui étaient présents Mainstage 1 ce jour-là. Occasion peut-être de redécouvrir ce désormais fameux concert de Trust au Hellfest 2017 ?