Art’N Roll: Pour commencer, fais-moi une présentation succincte de Molybaron?
Gary Kelly: Nous sommes un groupe de quatre personnes, un irlandais : moi qui suis au chant et à la guitare et trois français pour la basse, la batterie et la seconde guitare. Le projet existe depuis 2014, c’est là que j’ai commencé à créer des chansons, des démos. C’est vers 2015 que j’ai commencé à chercher des musiciens afin de commencer à jouer ce que j’avais composé. On a cherché un chanteur pendant pas mal de temps sans succès donc je me suis mis au chant pour l’album que nous avons fait en 2016. Et nous voici en 2017 pour la sortie de l’album. D’ailleurs, ce n’est pas évident de sortir un album quand personne n’a entendu parler de toi auparavant, donc sur les six derniers mois, on a tout fait pour communiquer à fond sur l’album et nous sommes assez contents du résultat car les chroniques sont assez positives dans l’ensemble.
ANR : D’où vient ce nom Molybaron ?
Gary : Ce n’est pas très profond mais voilà l’histoire. Steve adore ou adorait, je ne sais plus exactement, une chanson avec le mot « Baron » dedans, c’était le nom d’une femme. Par contre, pour la partie « Moly », je peux t’en dire plus. Ça vient de Thin Lizzy. Dans la chanson « Whiskey In The Jar », les paroles disent « in my Molly’s chamber » et j’ai toujours aimé le nom Molly donc j’avais proposé au début « MollyChambers »mais on a découvert qu’il existait déjà un groupe qui s’appelait ainsi. Et on a fini par trouver Molybaron » et on est assez content du nom.
ANR: Et qu’est-ce qui vous a décidé à faire un album direct sans passer par l’étape EP comme beaucoup de groupes?
Gary: J’ai toujours rêvé de faire un album et je me suis dit que peut-être si je faisais un EP pour commencer, je n’arriverais jamais à faire un album, donc de passer directement à l’étape album était la bonne solution je pense. Mais évidemment, c’est très difficile de faire un album quand personne ne te connait encore.
ANR: Comment s’est passée la composition de l’album?
Gary: J’ai composé une grosse partie des chansons et arrivés au studio avec les gars nous les avons travaillées en les jouant. On a refait les arrangements, chacun à donner son avis et on a fait le tri ensemble. On a tout fait chez moi dans mon home studio à part la batterie car on a enregistré « live » avec un batteur de session.
En gros, cela a été un gros travail à la maison, répéter avec tout le groupe, passer son temps à changer pleins de choses, le processus a été assez long car j’écris d’abord la musique sans la voix. En effet, je crée un riff à la guitare, je l’enregistre et ensuite je rajoute un morceau et puis un autre et ainsi de suite afin de les assembler et c’est qu’après que la mélodie et les paroles arrivent.
Mais pour le second album, ou le premier EP, on ne sait pas encore, nous allons travailler différemment car notre batteur Raf est arrivé il y a quelques mois donc on travaille différemment depuis qu’il nous a rejoint. On fait beaucoup plus de chansons au studio, on joue de manière plus organique que sur cet album, le prochain EP/album sera plus authentique, guitare, basse, batterie et c’est tout.
ANR: Vous avez fait mixer l’album en Biélorussie et enregistrer la batterie à Nashville, comment se sont passées ces deux étapes?
Gary: De nos jours, les groupes utilisent de plus en plus de fausses batteries sur leurs albums. Et pour nous, il n’en était pas question. Donc quand on avait fini d’enregistrer tous nos instruments, j’ai envoyé les beats de batteries que j’avais créés avec mon clavier à un gars à Nashville qui a un studio et batteur de session et il a joué toutes les parties de batterie. J’ai ensuite récupéré les fichiers audio et je les ai envoyés en Biélorussie et il a mixé tous les morceaux. Le gars a fait un super boulot.
ANR: Dans cet album tu parles beaucoup de faits de société, comment choisis-tu tes sujets?
Gary: Tout d’abord, je n’ai jamais aimé écrire des paroles. En général, j’ai besoin d’idées, de trouver quelque chose et quand j’ai commencé à écrire ces paroles, c’est un peu comme retourner à l’école et faire ses devoirs.
Mais en Juin 2016, durant les élections américaines, j’ai trouvé que toute la société était vulnérable, c’était horrible pour le Monde de voir à quel point les choses sont parties loin aux Etats Unis. Je regardais la télévision et je voyais les chaines telles que CNN, BBC et toutes parlaient des pouvoirs des grosses sociétés et elles envoyaient un certain message aux gens. A la longue, ça m’a fatigué d’écouter tout ça et j’ai commencé à écrire les paroles autour de ça, je déteste l’abus des « géants », on dirait qu’ils essaient de nous enlever notre conscience et notre liberté de penser donc l’idée était de regarder du côté des medias indépendants et découvrir les vraies histoires.
Enfin, il y a aussi des chansons qui parlent d’autres choses je n’essaie pas non plus de faire passer des messages très profonds mais à cette époque c’est de ça que je voulais parler.
ANR : Tu as créé la pochette de l’album, comment t’es-tu inspiré pour ce visuel ?
Gary : Quand je composais les paroles, j’ai aussi dû penser au visuel pour la pochette qui allait avec les paroles. J’ai donc tenté d’une façon métaphorique via le graphisme de la pochette que la télé et la chaise représentaient les medias, le cercle noir n’est ni une lune ni un soleil, cela représente la corporation, ceux qui détiennent le pouvoir.
Et l’homme représente les gens qui passent leur temps à regarder cette télé et maintenant sa conscience est complétement subjuguée et effacée, la pochette montre que maintenant il est sous la coupe des médias et qu’il fait partie de la matrix. Ou alors, tu peux regarder d’une autre façon et dire que le personnage est en train de tomber mais on ne sait pas, chacun à sa propre interprétation. En gros, j’essayais juste de représenter au mieux les paroles et ce n’est pas un exercice facile.
ANR : Tu comptes continuer à parler de la société actuelle dans la prochaine galette ?
Gary : Non, car ça m’a pris tellement de temps pour « MolyBaron » et je ne pense pas pouvoir être de nouveau aussi en colère que je l’étais au moment de composer le premier album. Peut-être que je serais de meilleure humeur et je chanterais du Richard Clayderman. Pour dire vrai, pour le moment, je n’ai aucune idée de quoi je vais bien pouvoir parler sur le prochain projet de Molybaron.
ANR : On a eu la chance de découvrir le clip de la chanson « Moly », comment s’est passé le tournage ?
Gary : Le tournage a été un cauchemar, on l’a tourné à Calais, on voulait un endroit vide et isolé. Mais malheureusement sur la vidéo on avait toujours des bateaux ou des gens qui passaient. On l’a tourné en quatre heures, ça s’est fait très rapidement.
Le tournage des séquences avec la fille a évidemment été tourné un autre jour mais les séquences sur la plage, ont été tournées en environ quatre heures avec des drones. On a d’ailleurs eu des soucis avec l’aéroport car il recevait la télécommunication en provenance de nos drones donc je confirme que cette journée a été un enfer. Mais au final on a réussi, c’était une belle aventure.
ANR : J’ai lu les chroniques sur l’album et j’ai trouvé des comparaisons qui vont de Muse à Rage Against The Machine en passant par Placebo, est ce que toi, tu peux me dire quelles sont vos réelles influences musicales ?
Gary : Déjà, pour commencer, je n’aime pas Placebo. (Rires) Personnellement, j’adore Metallica, Royal Blood, Radiohead et les premiers albums de Muse, donc oui je suppose que l’on retrouve quelques influences de Muse dans l’album. J’aime aussi beaucoup les bandes originales et la musique classique, j’apprécie aussi U2, d’ailleurs je bosse avec eux donc je ne suis pas forcement objectif, mais je trouve qu’ils sont très talentueux même si Bono a cette capacité à rendre les gens fous. Mais le gars est juste le PDG d’une énorme machine donc il agit comme un vrai PDG afin de faire prospérer son business.
ANR : Pour finir, as-tu d’autres hobbies artistiques que la musique ?
Gary : En fait, j’ai mon boulot, je suis graphiste designer donc ce n’est pas un hobbie mais mon gagne-pain. Donc je n’éprouve pas le plaisir que je pourrais avoir si ce n’était qu’une activité pour m’occuper. Donc hormis la musique et le design, je n’ai pas beaucoup de temps pour autre chose.