Interview avec Vincent Bosler, guitariste du groupe the Hyènes avant leur BD Concert « Au vent mauvais » au centre culturel Georges Pompidou.
Art N Roll : Est-ce que tu peux présenter un peu le groupe the Hyènes, qui est né suite à une proposition d’Albert Dupontel, si je ne me trompe pas ?
Vincent Bosler : On a créé la bande originale d’un film d’Albert Dupontel qui s’appelle « Enfermés dehors ». Le groupe ne devait pas avoir de suite, mais on s’est pris au jeu. On a fait quelques concerts, puis un album pour rigoler, un deuxième pour rigoler et quand Noir Désir s’est arrêté (ndlr arrêt officiel en 2010), on a commencé à prendre les choses plus au sérieux.
ARN : Albert Dupontel est venu voir Denis avec ce projet, et lui a appelé ses amis pour monter le groupe ?
Vincent : Oui c’est exactement ça. Il a contacté Jean-Paul de Noir Désir et moi, on a fait la bande-son à trois. Olivier est venu se mettre à la basse pour que Jean-Paul se mette à la guitare et le groupe s’est monté comme ça, sur un concours de circonstances.
ANR : Plutôt dans un style Punk Rock ?
Vincent : Oui c’était assez affirmé de faire quelque chose de très récréatif et très Punk Rock.
ANR : Ce groupe qui ne devait pas exister enregistre deux albums, et vous voilà sur un projet de BD concert qui tourne depuis quelques années maintenant. Comment s’est passée la rencontre avec Thierry Murat ?
Vincent : Concours de circonstances aussi, Thierry habite dans le même village que Denis et ils se sont retrouvés à la boulangerie ou à la sortie de l’école. Thierry a proposé à Denis de faire la bande son de sa BD. On était un peu surpris. Il nous a rapidement montré le montage de sa BD, qui était assez travaillé, et on s’est dit après un grand silence « comment on découpe ça ?» L’histoire est assez sombre, ça a été facile de trouver des ambiances. La création a duré 2 ou 3 mois. On pensait que le projet allait vite s’arrêter, 10 dates tout au plus, et là on en est presque à la 100ème. On a mis les Hyènes en pause, ça a dépassé nos espérances.
Ce que l’on fait évolue au fil des dates, c’est élastiques. On regarde les images et c’est comme ça que l’on fait les démarrages, on sait où on va mais il y a des évolutions qui apparaissent à chaque fois. C’est assez élastique.
ANR : Est-ce que vous avez eu des indications sur ce que Thierry attendait ou vous avez eu carte blanche ?
Vincent : On a eu carte blanche. C’était génial. Pareil pour Dupontel, on avait pu faire tout ce qu’on voulait et puis il nous a donné quelques remarques de types « Ça ok mais pas là ». Il y avait des calages à faire, c’était trop « clipé ». Il nous a appris que pour un mec qui marche dans la rue ce sont ses idées qu’il faut traduire en musique. Donc tu peux avoir quelque chose de très violent pour un mec qui ne fait que marcher dans la rue. On s’est servi de ce qu’on avait appris avec Albert pour ce projet.
ANR : Comment s’est passée la première présentation aux auteurs ?
Vincent : Le texte est de Rascal et le dessin de Thierry. Ils sont venus dans le studio de Denis, on a appuyé sur play et on a joué le tout. Ils nous ont fait le plus beau compliment qu’ils pouvaient nous faire en nous disant qu’ils avaient l’impression que la musique avait toujours été dans la BD, qu’on ne pouvait pas imaginer l’un sans l’autre. J’étais très content.
ANR : Comment se passe l’accueil auprès du public ?
Vincent : Plutôt bien, on n’a jamais reçu de tomates (rires). Les gens sont surpris du concept, ce n’est pas très connu. Certains sont pris par l’histoire, on est un peu victime de la musique. Tu n’as pas de défense, tu es concentré sur autre chose. Et pour l’histoire c’est un peu comme au cinéma, si tu regardes un truc dramatique avec Annie Cordy en fond, ça ne va pas le faire (rires). Ici la musique crée l’émotion.
ANR : C’est une première date à Paris ? Comment vous êtes vous retrouvé à Beaubourg ?
Vincent : C’est notre première représentation à Paris Inra-Muros et on est là par concours de circonstances. (rires) On nous a demandé d’animer un atelier avec des enfants sur la mise en musique d’image, de transmettre ce que l’on a appris. On les a mis dans la même situation que la nôtre. On leur a montré les images, ils ont choisi les émotions associées aux images puis ont travaillé sur la bande son. Ça ne va pas très loin, ils tournent sur 2-3 accords, mais comme nous finalement ! il faut arriver à installer une ambiance et avoir une interaction musique/image.
ANR : Les prochains projets ?
Vincent : On est toujours sur notre album, on a maquetté des morceaux, mais on n’a pas eu le temps de mettre ça en boîte. Denis et Olivier sont partis en tournée avec Mountain Men, je joue avec The Very Small Orchestra, on fait plein de choses à côtés. On a toujours eu 25 projets en parallèles dont 1 ou 2 arrivent jusqu’au bout.
ANR : On ne sait jamais, vous pouvez vous retrouvez à la boulangerie ou à la boucherie avec une nouvelle propositions ! (rires)
Vincent : Voilà (rires), on peut très bien tomber sur Spielberg !