Groupe : Heilung
Album : Lifa
Date de sortie : 5 Avril 2018
Label : Season of mist (réédition)
Season of Mist a choisi de rééditer les deux albums du groupe norvégien Heilung, groupe auquel il est impossible de coller une étiquette. Il est de loin plus intéressant de se pencher sur la genèse du groupe, si je peux utiliser ce genre de lexique monothéiste pour une musique païenne… Le nom de ce trio signifie guérison en allemand. Guérison de Kai Uwe Faust, l’homme à l’origine du projet, peut-être, et guérison de type chamanique, même si le mot est de plus en plus galvaudé.
Kai Uwe Faust a découvert à 11 ans les reconstitutions historiques Viking et ça a changé sa vie. Son parcours inclut le satanisme peu après, à un niveau plus intense que la simple rebellion adolescente, l’apprentissage du chant tibétain et la passion des tatouages à la mode néo-nordique, figurant des symboles anciens. Passion qui l’amènera à lier amitié avec Christopher Juul, tatoueur et musicien, et sa compagne, Maria Franz, musicienne également (leur ancien groupe, Euzen, donnait dans l’électronique/alternatif/expérimental). Christopher Juul et Maria Franz se joignent à Faust pour créer Heilung. Un parcours et une association entre musiciens d’horizons divers qui produisent une musique sans équivalent.
On peut évidemment les classer avec Wardruna pour l’emploi des techniques et instruments anciens. Il me semble néanmoins que Heilung s’éloigne encore plus dans le temps, rejoignant une époque plus néolithique que Viking. Une époque où la nature était aussi nourricière que meurtrière. Le morceau « Carpathian Forest » par exemple nous invite dans une forêt bucolique au son du chant des oiseaux, mais quand Kai Uwe Faust se met à chanter avec sa voix rauque, quelque chose de sombre s’immisce dans nos oreilles et notre imagination. A l’opposé, la voix de Maria Franz se fait haute, légère et vient apaiser l’ambiance angoissante. Les instruments sont utilisés de manière très rituelle, pour induire une sorte de transe, un voyage auditif qui, pour ma part en tous cas, est très efficace pour évoquer des images de forêt, de plaines et de grandes étendues pleine d’animaux. Si tu as lu « La forêt des Mythagos », Lifa pourrait en être la bande-son parfaite.
Certains morceaux sont clairement guerriers, comme « Hakkerskaldyr » et son haka nordique. D’autres plus doux (« Krigsgaldr »), mais l’ombre n’est jamais loin. Après s’être plongé dans une heure et 15 minutes de cet album, on se sent remué, reposé, légèrement différent.
Pour info, le concert qui a donné cet album, Lifa, a été enregistré live lors du Castlefest d’aout 2017. Il a été classé dans les 10 meilleurs performances 2017 par Metal Hammer. Ils seront au Hellfest cet été, tu penses bien que j’irais les voir.
Liste des titres :
Opening Ceremony
In Maidjan
Alfadhirhaiti
Carpathian Forest
Krigsgaldr
Hakkerskaldyr
Fylgija Ear / Futhorck
Othan
Hamrer Hippyer
En ligne : https://www.facebook.com/amplifiedhistory/