HOT on the rocks!

Live report du concert d’Obituary au Trabendo le 14 mars 2018

jeudi/29/03/2018
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19 heures 20, le Death technique des Bordelais d’Exocrine essuie les plâtres de cette soirée brutale et conviviale aux abords de la Géode. Jordi Besse, le chanteur, ne boude visiblement pas son plaisir d’être là, et communique de bon cœur avec la salle déjà pleine. Bon signe pour un mercredi soir de mi saison. L’audience est à 99 % masculine. Et quadra. Moitié de chevelus intacts, moitié de chauves. Et prête à se donner puisque commençant à scander au moment des ponts. « Merci Paris à bientôt », les lumières se rallument, ovation.

20 heures 11, « Ca va Paris ?!? », et l’on passe d’un « ex » à un autre, puisque Exmortus prend la relève d’Exocrine sur l’intro de « I don’t know » d’Ozzy Osbourne. Cet « ex » là joue un Thrash Metal Old School des plus orthodoxes, le début de leur premier morceau aux faux-airs d’« Am I Evil ? », pour ensuite speeder cloche de batterie au soutien. La chaleur commence alors à monter dans l’enceinte, avec elle l’odeur de frites et de sauce, c’est complétement chimique. Le quatuor US-Latino est pourvu en cheveux et, signe des temps, nettement plus jeune que son public. Jadran « Conan » Gonzalez délivre deux-trois palabres dans la langue de Fabrice Luchini, ce qui déclenche à chaque fois de franches clameurs. Les poings se lèvent devant ce juvénile et Classy (deux Flying V, une Précision blanche cinq cordes) équipage. Bouche grande ouverte, poses héroïques et joie communicative, provoquant les premiers pogos et slams de la soirée. Baisse de tension sur le dernier jet : l’assemblée se dirige vers le bar, provoquant un effet de vases communicants avec le Pit.

Fin de la première partie à 20 heures 56. A 20 heures 10, Jadran  Gonzalez est déjà tout sourire au Stand de Merch en train de discutailler avec les afficionados. Le groupe au grand complet ne désertera d’ailleurs pas les lieux (notamment le Patio) de la soirée. Le futur du Metal ne se fera pas sans les hispaniques. Seul regret : Exmortus n’a pas délivré une seule vraie chanson. Metallica en avait à leur âge, Megadeth ou Slayer aussi. A suivre donc.

21 heures 22, les quatre instrumentistes d’Obituary investissent en ordre désinvolte #Oxymore l’estrade. Trevor Peres, le fidèle guitariste aux faux-airs de Sebastian Bach barbu, a revêtu son short-treillis de plouc et sa Strato. Comme d’accoutumée, il attaque le riif de « Redneck Stomp », le traditionnel instrumental qui précède l’entrée de leur cultissime grogneur. Pas d’annonce à la KISS par leur Roadie, comme sur le Live « Ten Thousand Ways to Die » de 2016. Les spectateurs scandent et crient, suivant le rythme pataud mais si entraînant. 21 heures 24, John Tardy, l’homme à la tête de lama, déboule sur un Larsen, également en short-treillis ; il échange un bref regard avec Peres… et vomit les premières paroles de « Sentence Day », de l’album paru l’an dernier, sous les fumigènes jaillissant du sol. Premier Moshpit. Essuyant les slams sous le Crash Barrier, les videurs en k-way sont à la fête, les photographes aussi. Place au martial « Vision in my Head » exécuté en rythme par les trois fantassins (Trevor Peres, Terry Butler et Kenny Andrews).

Pourtant, John Tardy ne semble pas tout à fait être dans son jour : on dirait même qu’il éprouve un sentiment de tristesse. Beaucoup ont relevé une certaine fatigue chez lui. Notre lama fêtera ses cinquante ans demain (d’où une journée Off)… et les performances (pas d’autre mot) données soir après soir année après année sont usantes. Il s’agit ce mercredi de la quinzième prestation parisienne d’Obituary depuis Le Gibus en 1990, sans compter les tournées en province (Villeurbanne le 16, Mulhouse le 17), et encore une trentaine de dates jusqu’à Orlando le 2 juin prochain. Stephen Hawkins est décédé aujourd’hui… Dommage, seul lui aurait pu mieux nous renseigner sur l’origine et la composition de John Tardy. Longue pause avant l’entame du troisième morceau. Cette fois, le bar est vide comme un congrès des caléchiers parisiens. La sécu dégage alors l’ensemble des photographes, pendant que le chanteur arpente la scène en remettant son short en place. « Centuries of Lies » est craché sur une foule en délire. Solo cristallin, les lumières s’allument et c’est « I don’t Care ». S’ensuit le Groovy « A Lesson in Vengeance », chanté avec la même voix que sur l’excellent disque paru en 2017. Déjà un classique. Les videurs sont en fait à la peine. D’ailleurs, un mec se fait vider manu militari par trois d’entre-deux, pendant que John Tardy trépigne. Les périodes entre les morceaux sont nombreuses et longues, le camélidé humain termine sa deuxième petite bouteille d’eau… A chaque pause, Donald Tardy se lève et harangue la foule avec entrain, sa maigreur contrastant pour le moins avec celle de son Frère-chanteur. Leur guitariste faisant de même, les Larsen et effets permettant de meubler les répits entre chaque effort.

22 heures 02 et les cinq Rednecks ont à ce stade dépassé la moitié du concert. C’est l’heure de « `Till death », leur pièce-maitresse de 1989, extraite de « Slowly We Rot », le meilleur album de Death Metal de tous les temps. Annoncée sous les hurlements du Trabendo et exécutée avec acharnement. Intense. Mon ami Karl me fait remarquer qu’il a l’impression d’être dans un concert en Pologne, voire en Espagne, au Portugal ou en Grèce, à cause tant de la configuration des lieux que de la virulence des fans. Pas faux. Les connaisseurs sont présents, plus on avance dans le fond plus les trognes ont l’air patibulaires. Un peu comme dans certaines travées de certains stades de Foot, il faut veiller à ne bousculer personne. Obituary a quitté la scène, la foule scande son nom, il ne reste que les fumis. Dernier Round sur les arpèges lugubres de « Slowly We Rot », Tardy harangue Perez sous des lumières vertes. Il en veut. Ce classique s’achève sous les applaudissements sincères du public, le chanteur a tout donné : il sourit et attrape son Sideman de la manière la plus sincère qu’il soit. Un peu comme s’ils venaient de remporter ensemble la finale de quelque chose. Pas de Selfie collectif devant la foule comme c’est la mode dorénavant : visiblement épuisé, le chanteur regagne les coulisses, et laisse les quatre autres membres distribuer les médiators, lancer la Setist et claquer les mains. Il laisse aussi l’impression que les tournées d’Obituary seront peut-être moins intenses et nombreuses (côté scène) qu’auparavant (?) Anyway, merci cette fois encore John Tardy.

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