Amusant : le bar du Bataclan était ce soir du 8 mars 2018 en pénurie de grands gobelets en plastique ; nous vîmes donc nombre de patchés, Stoners et autres barbus circuler péniblement avec quatre verres joints, serrés très forts entre leurs grosses paluches, veillant à ne pas mettre en l’air ces précaires et précieux assemblages. Le bar est plein de chez plein. Et les sanitaires aussi. Oui, car un concert de Black Label Society s’apprécie encore mieux avec une pinte de bière en paluche. La famille Sabbath s’est réunie au complet, pendant que les véhicules de tous gabarits sont bloqués et klaxonnent haineusement aux abords de la salle, en ce début de soirée parisienne #PointRoute
Il s’agit de célébrer les vingt ans du combo du dernier grand Sideman d’Ozzy Osbourne : Zakk Wylde. C’est donc fort logiquement le très Sabbathien « Them Bones » d’Alice in Chains qui chauffe la salle se remplissant. En cette journée mondiale de la Femme, et comme bien souvent dans les concerts de Black Label Society, l’assemblée est plus que majoritairement masculine. Certains participants sont venus de loin, et confient être plus Black Sabbath qu’Aerosmith. Sur les coups de vingt-heures trente, la sono monte en volume, récoltant en retour les liminaires hurlements à l’unisson. Un ravissant Mashup de « Whole Lotta Love » et de « War Pigs » annonce l’imminence de l’entrée en scène ; nouveaux hurlements de joie.
Vingt heures quarante-et-une : Zakk Wylde au centre attaque tous poils et cheveux au vent « Genocide Junkies » sous une massive lumière rouge. Le volume est Mastodon. Ambiance Late Ozzy. Mais alors complétement. La guitare du natif de Bayonne (New Jersey) alterne sans transition entre accords gras et notes fluides. Le Groove est palpable, syncopé, faisant étrangement penser à « Higher Ground » de Stevie Wonder. Pourtant, les têtes des premiers rangs ne hochent que très peu ; une façon de déguster passivement le début du Gig sans doute. La voix de Zakk Wylde est puissante, partant sans soucis dans les aigues ; elle fait immanquablement penser à celle de son bien-aimé patron, laquelle est passée en bande l’espace d’un instant. Le premier solo de la soirée, couplé à un hurlement du colosse, sonne très « Ozzmosis », l’album du Chef de 1995. Guitare brandie virilement en l’air, il achève ce premier jet sous les vivas et les bravos. S’ensuit sans répit le martial « Funeral Bell », sous des néons à dominante jaune et verte. Comme souvent sur ce morceau, les premiers rangs s’animent, et scandent à l’unisson. A l’arrière, le défilé ininterrompu des chevelus et de leurs petits gobelets fédérés, prenant soin de ne pas mouiller le paletot en Jean des voisins, est finalement assez comique.
Le concert prend ensuite sa lente vitesse de croisière, à forte personnalité Doom, que seuls des fumigènes et des Light-Show intenses viennent troubler. Et si finalement, Black Sabbath en 2018 c’était cela ? Assez, certains passages ralentis et sombres font nettement penser au premier album. Revenons à BLS. Au bout de trois-quarts d’heure de jeu, Zakk Wylde rappelle opportunément qu’il s’agit ici d’un groupe à part entière, et en présente les membres : Jeff Fabb à la batterie ; John DeServio à la basse ; Dario Lorina à la guitare rythmique ; les deux derniers aux chœurs (impeccables). Ovation. Le concert se poursuit par un instrumental au Piano et long solo de guitare électrique douce. Ambiance Led Zep et Queen… voire Bruce Springsteen période « The River » ; d’ailleurs, cette jolie ballade US se nomme… « In This River ».
Sur les cinq derniers morceaux (dont le tout récent « A Love Unreal », tiré du Best-of « Grimmest Hits »), l’audience va reprendre de la niaque : elle est même à fond, et produit moult slams devant l’estrade. Zakk Wylde est un Showman accompli, ses trente ans de carrière ont fait de lui un artiste polyvalent et futé. En témoigne cette incursion dans l’escalier, puis sur le Balcon de la salle du boulevard Voltaire, immergé parmi ses Fans en extase ; son Roadie tenant bon le (très) long jack, tendu comme un homme politique devant le Parquet financier. On se dit alors que « les systèmes sans fil c’est moins Rock’n’Roll » ; Angus Young se dispense de câble depuis 1980, Wylde persiste avec et nous fait plaisir. A vingt-deux heures vingt, lui et ses hommes prennent congé du Bataclan. Un Larsen de sa Les Paul continue néanmoins d’abrutir la foule depuis une grosse quinzaine de minutes. Va-t-il revenir sur scène ? Et non, la sono reprend ses droits. Et la soirée se finit en douceur sur « Tumbling Dice » des Stones. Comme quoi, il n’y a pas que Black Sabbath et ses dérivés dans la vie…
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