C’est finalement le Backstage by The Mill qui accueille, après changement de lieu initial, le Gig parisien des Butcher Babies ; le groupe formé en 2009 par Heidi Shepherd (la blonde), Carla Harvey (la brune) et par leurs trois exécutants Metalcore. Et ledit changement s’avéra finalement gagnant, tant pour des raisons de réalisme capacitaire (Butcher Babies demeure un outsider en Europe, notamment ici en France), que de scénographie. L’arrière-salle du Pub de Pigalle constituant sans conteste le décor Classy idéal pour un Show des deux poupées Glam et teigneuses. C’est le groupe Klorg, créé par l’italien Rusty, grand militant de la cause animale (du Sea Shepherd plus précisément), qui ouvre cette soirée d’hiver finissant (persistant) ; ses influences couvrent un large arc-en-ciel de références musicales, allant de Metallica à A Perfect Circle, ce qui est parfait lorsqu’on fait la première partie d’un groupe aussi ardu à classer que l’est Butcher Babies. Qui attaque à 21 heures par l’intense « Lilith », issu de l’éponyme et brillant dernier album (chroniqué en ces colonnes). C’est bien simple, la grande salle au fond du Backstage by The Mill semble avoir été conçue pour y accueillir le groupe de Los Angeles. Les néons, les clubbers, le zinc, les boiseries, l’odeur de Malibu Coco : tout semble avoir été pensé afin d’abriter une représentation de Butcher Babies un dimanche soir par moins cinq dehors. Le stand de t-shirts (moins fourni que sur la page Merch de leur site officiel…) est installé juste avant le (long) bar rococo et fourni, lequel s’étire jusque sur le flanc gauche de l’estrade, et duquel la vue sur le spectacle est imparable.
Le décor, mais aussi le sonore. Précis et remarquable. Restituant au poil les instruments, les tonalités synthétiques ainsi que les vocaux. Outre la scène toute en largeur, Heidi et Carla se partagent les voix, tantôt claires et mélodieuses (assez proches du timbre de Gwen Stefani), tantôt hurlées et râpeuses (tendance Arch Enemy). Le chassé-croisé des styles et ambiances du récent disque est parfaitement restitué, par exemple sur « The Huntsman » et « Korova », ses deux pépites, qui se succèdent en milieu de setlist. Le second morceau cité résumant à lui seul la patte des Bébés du Boucher : des nappes de synthés en intro laissant place à un rythme de batterie saccadé sur grosses guitares, des paroles chantées puis grognées, débouchant à leur tour sur un refrain Pop repris en cœur par toute la salle. « I wanna see you Jump and Scream ! » lance l’une des deux Frontwomen à celle-ci, sûre de son effet. Nous avons affaire à deux bêtes de scènes, perchées sur des mini-estrades de bretteuses ; qui n’ont pas peur de discourir longuement entre deux salves brulantes (« Paris », « Beautiful Energy », « Share », « Thank you so Fuckin’ Much », « We Love you ») avec une assurance toute ricaine (comme le faisaient jadis Madonna ou Courtney Love). Et sans lasser leur auditoire, lequel en redemande goulument, piaffe et acclame. La performance sonique durera deux bonnes heures.
Le son mais aussi le Look. Puisque notre Tandem de belles a désormais délaissé les tenues de Mimi Cracra Peep Show (id est : la poitrine siliconée à l’air avec des scotchs noirs sur les aréoles, entièrement recouvertes de graisse brune et portant slips en vinyle) afin de revêtir des habits plus usuels et seyants. Des Converses, un Jean et une chemise à perles pour Heidi (qui fait la gentille petite fille) ; un legging noir, des bottes noires et un débardeur noir pour Carla (qui fait la méchante femme). Bien vu, nos deux entertaineuses ne se feront plus traiter d’entraîneuses par la critique ; la perfide les avait souvent qualifiées de « sous-Wendy O. Williams », jusqu’à l’an dernier (NB : « Butcher Baby » est un 45 tours de The Plasmatics, le groupe de la plantureuse chanteuse, paru en 1978). Ce salutaire tournant vestimentaire accompagnant leur montée en puissance artistique. Butcher Babies est, en définitive, un excellent groupe de variété Californienne, comme le furent Van Halen ou Mötley Crüe en leurs temps. Des performeuses et de l’attitude en barre. Sous la neige, qui tombe à gros flocons sur leur bus devant le 92 boulevard de Clichy, les deux héroïnes en parkas se prêtent dans la nuit, avec professionnalisme, au jeu des photos avec leurs (jeunes) fans… Carla envoie valdinguer très violement un touriste bourré et collant empêchant la fugace prise d’un Selfie. « Fuckin’ French !!! ». Non, c’était un Belge. Que l’on ne revit plus jamais.
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