Bullet For My Valentine est de retour avec un sixième album « Gravity », qui sortira le 29 juin prochain. Matt et Jason étaient de passage à Paris pour discuter de ce nouvel opus.
Art N Roll : Tu es la dernière recrue de Bullet For My Valentine, peux-tu nous raconter un peu le chemin parcouru avant d’intégrer le groupe ?
Jason Bowld : C’est une longue histoire. J’ai été un batteur studio pendant 15 ans. J’ai joué avec Bullet en 2010.
Une opportunité s’est présentée fin 2015, ils m’ont appelé pour me demander si je voulais jouer sur 4 dates. Ensuite ils m’ont demandé si je pouvais venir au Japon, puis aux US et de fil en aiguille j’ai fait toutes les dates. Quand ils m’ont proposé de devenir un membre à part entière je n’ai pas hésité.
ANR : Qu’as-tu ressenti lors de cette proposition ?
Jason : C’était génial et assez naturel. Il y avait des problèmes internes avec l’ancien batteur, il y avait donc une place à prendre. Nous avons directement embrayé sur l’écriture de l’album.
ANR : A quel point as-tu été impliqué dans le processus créatif ?
Jason : Beaucoup. J’adore travailler avec Matt et je crois qu’il aime travailler avec moi (rires). Je connais beaucoup de musiciens qui deviennent précieux sur leur musique et leur identité, mais pour moi ça montre surtout de l’insécurité. Si tu as le talent, la technique et l’ouverture d’esprit tu peux tout prendre et en faire quelque chose avec ton propre style.
Je pense avoir influencé au moins 7 titres et j’ai pu glisser quelques touches de ma signature, et donner un groove que le groupe n’avait jamais eu. J’en suis fier.
ANR : Dans quels morceaux pouvons-nous retrouver cette signature ?
Jason : Il y a un morceau qui s’appelle « Piece of me », j’adore ce groove. C’est un peu comme du urban rock. C’est funky avec un refrain très Heavy, et une utilisation créative de la double pédale. Il faut l’écouter. Tout est dans le contraste et l’énergie. Le single « over it », a un solide groove avec un interlude dans lequel la double pédale est bien placée. Vraiment, cet album est à propos du groove.
ANR : Ce groove ressort bien à l’écoute. L’album a un côté Pop, dans le bon sens du terme, c’est très catchy.
Jason : Oui c’est exactement l’effet recherché. La base d’un bon morceau est une rythmique solide, c’est vraiment ce que nous avons travaillé. Si tu regardes « Thriller » de Michael Jackson, tout est dans le rythme.
Nous sommes allés voir Def Leppard hier soir. J’ai toujours été un grand fan « d’Hysteria ». Si l’album est lent il y a beaucoup de choses qui se passent au niveau du groove, c’est fait de manière subtile et intelligente. Plus c’est lent et plus c’est difficile de conserver ce groove, les batteurs ont tendance à vouloir remplir les silences. Je pense que laisser des respirations et respecter le groove c’est ce qui le rend puissant. Rick Allen, a eu cet accident avec son bras, mais je pense qu’il est largement sous-estimé. Il devrait avoir plus de crédit, non pas parce qu’il joue avec un bras mais parce qu’il sait groover.
ANR : Est-ce que ton statut de nouvel arrivé t’as permis d’apporter une nouvelle perspective sur cet album ? plus de recul avec un regard extérieur? Est-ce que tu avais des idées sur comment la musique devait évoluer et ce que tu pouvais apporter au groupe ?
Jason : Oui j’avais plein d’idées, mais tout est passé par la fenêtre quand nous avons commencé à écrire. Le processus d’écriture a commencé en avril 2017. Nous avons jammé en essayant de produire des constructions Metal classsiques. Mais on s’est aperçu que c’était ennuyeux. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose de différent. On ne pouvait pas continuer sur quelque chose qui ne nous excitait pas. Le résultat est très contrasté, l’album a les passages les plus Heavy de Bullet comme les plus mélodiques. Il y a aussi plus de touches électroniques.
ANR : Plus de chant clair aussi.
Jason : Il y a plus de chant clair, ce qui ne veux pas dire que le groupe est devenu mou. La puissance réside dans la corrélation entre les paroles et l’intention du chant, on peut avoir quelque chose de très Heavy chanté par une belle voix claire.
ANR : On sent que la voix de Matt possède un spectre d’émotions bien plus large que par le passé.
Jason : Oui le spectre est plus large pour la musique comme pour la voix. Le thème général est la fin, ou les fins. Ce n’est pas forcément négatif, une fin peu amener à de nouveaux débuts. Le titre d’ouverture est fort tout comme celui du milieu et le dernier.
ANR : Oui, il débute avec « Leap of Faith », tu peux nous dire de quoi parle le morceau ?
Jason : Oui j’adore ce morceau. On a d’ailleurs pas mal d’idées sur comment le jouer en live. Je devrais me souvenir de quoi ça parle car j’étais là quand Matt a écrit les paroles. (rires) Ça parle d’une rupture difficile et du fait de tenter de s’en dégager pour ne pas sombrer dans le désespoir. Ce n’est que mon interprétation. La beauté d’avoir des paroles fortes et que chacun peut les interpréter à sa manière.
ANR : Qu’en est-il de « Gravity », qui est aussi le titre de l’album ?
Jason : Au niveau des paroles c’est fait pour se réveiller. La réalisation que quelque chose est finie, mais ce n’est pas complètement négatif, il s’agit de trouver comment avancer de manière positive. Je ne me débrouille pas mal avec les paroles, non ? (rires) Je n’ai pas l’habitude d’en parler !
ANR : Quand vous avez débuté l’écriture de l’album vous êtes-vous posés la question des attentes des fans versus ce que vous aviez envie de faire ?
Jason : C’est une bonne question. Nous sommes obligés de prendre en compte les attentes du public, même si ça se fait de manière plus ou moins consciente. D’un autre côté, la musique que nous faisons doit nous faire vibrer pour garder notre intérêt. Le premier morceau écrit « Letting you go », est sorti d’un travail entre Matt et Mattie Shorts, ils se sont inspirés d’un ancien jam que nous avions fait. Ils l’ont transformé en quelque chose de plus moderne. On a trouvé ça excitant quand on l’a entendu mais il fallait trouver le bon équilibre pour incorporer les passages électroniques, on ne voulait pas se transformer en NIne Inch Nails non plus. On a eu ensuite trois semaines d’écriture très productives pendant l’été.
ANR : D’avril à l’été, c’est assez long comme période pour écrire ?
Jason : Oui, nous avons vraiment pris du temps. Il a fallu une autre session en octobre pour terminer. Nous voulions vraiment être enthousiastes sur nos morceaux pour que les fans puissent l’être aussi.
ANR : La scène Metalcore est particulièrement chargée, il y a de nombreux groupes qui proposent des choses assez similaires. Il faut réussir à se différencier, proposer quelque chose de novateur qui va retenir l’attention du public.
Jason : Je suis tout à fait d’accord. C’est devenu très difficile de trouver un nouveau son. Je crois que ce n’est pas plus facile pour Bullet, même si c’est un groupe déjà bien établi. Il y a le risque d’atteindre un plateau et d’y rester coincé. Il faut penser de manière globale, c’est le 6ème album, la setlist live doit être plus variée et plus forte. On ne peut pas refaire incessamment les mêmes structures de morceaux.
ANR : Lors de votre dernier passage au Hellfest, Matt a pris sa guitare et a joué « the Last Fight » en acoustique. En plus d’apporter un changement de rythme bienvenu ça nous a donné une autre perspective sur le morceau.
Jason : Une autre perspective oui. On aimerait faire plus de choses de ce genre. Malheureusement l’album sort fin juin, on ne pourra pas faire les nouveaux morceaux live lors des festivals. Quand nous reviendrons à la fin de l’année en Europe nous allons chambouler les setlists pour incorporer ce genre de trucs. C’est ce qui rend les concerts plus attractifs, sinon autant passer un CD.
ANR : C’est aussi un bon argument pour inciter les gens à venir vous voir.
Jason : Oui je pense qu’il faut apprendre à surprendre son public. Maintenant tout est disponible sur youtube. Les deviennent fainéants pour aller voir des concerts. Le streaming évite aux gens de se déplacer dans un magasin de disques et acheter un CD.
ANR : J’admets ne pas avoir de quoi écouter des disques chez moi… le seul moment où j’en écoute c’est pour les longs trajets dans la voiture.
Jason : Vraiment ? Mais c’est un bon moyen d’écouter de la musique. J’ai un tas de CD et de compilation dans a voiture tout traine par terre.
ANR : Les comportements liés à l’écoute de la musique ont vraiment changé. Tout est accessible tout le temps, les gens écoutent ce qu’ils veulent sur le chemin pour aller au travail, au sport, écouter un CD chez soi devient quelque chose de rare. Lors d’un concert le public en veut pour son argent, ça demande plus d’efforts aux groupes.
Jason : Oui c’est exactement ça. Tout est trop facilement accessible, et le concert est un peu l’heure de vérité. Juste après tu peux aller sur Internet et voir si tu as fait du bon boulot. Impossible de se cacher, il faut donner et il faut être bon.
ANR : Tu as été batteur studio, qu’as-tu ressenti en montant sur scène devant des milliers de personnes ?
Jason : Il y a un côté surréaliste. Nous étions en studio, et juste après on se retrouve avec Avenged Sevenfold à faire la tournée des Arena aux US devant 15 000 personnes. Lors des premiers concerts tu as le souffle coupé, puis ça devient la norme. Quand on fera les festivals en juin, il y aura 80 000 personnes. Au début c’est impressionnant puis on s’habitue. Juste avant de jouer je jette un œil au public pour m’imprégner de son énergie, ça m’aide à me conditionner.
ANR : Tu suis une sorte d’entraînement en vue de tous ces concerts ?
Jason : Je cours beaucoup, je nage aussi et un peu de football. Jouer de la batterie demande d’être en forme, surtout pour jouer de la manière dont je veux jouer.
Retrouvez le groupe au hellfest en juin!
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