Je vous l’avais promis lors de ma Chronique du précédent opus des palois (Pravda), alors voici le faire-part tant attendu :
« Monsieur et Madame GRORR ont la joie de vous annoncer la naissance du petit ANTHILL, il est venu au monde cet été, mesure 12 cm de côté, et pèse…. TRES LOURD ! »
Il faudra se faire à l’idée, les petits gars du Sud-Ouest sont particulièrement doués pour accoucher de bizarreries atypiques et ANTHILL, Masterpiece selon votre serviteur, laisse présager un futur plus que radieux au quintet.
C’est pas tout ça, me direz-vous, mais qu’a-t-il de si formidable ce bébé ? C’est une excellente question et je vous remercie de me suggérer le fait que vous auriez pu me la poser !
Tout d’abord le concept est original : ANTHILL est une fresque musicale qui décrit l’évolution d’une fourmilière, depuis son développement, son essor, son apogée et jusque son déclin. L’encéphale averti des fans de Jean de La Fontaine (1621-1695), cul poudré à la solde de du Roi, ou d’Esope (620 av JC – 560 av JC), par ailleurs honteusement plagié par le cul poudré nommé précédemment, ne manquera pas d’y voir une subtile caricature de la civilisation humaine, de ses travers et de sa course folle au développement aux dépens même de son environnement.
Et si cette fresque est intéressante conceptuellement, elle l’est également dans sa réalisation. Car GRORR n’a pas lésiné sur les moyens ! Ils ont emporté haut la main le périlleux défi de mêler au son (immense au demeurant) des guitares, celui d’instruments d’un autre âge et d’autres continents : vielle à roue, sitar, flute japonaise, et gongs… On verrait presque « Prince Of Persia » headbanger au milieu de cette fourmilière… Cela contraste vivement avec la puissance des voix (surprenantes au demeurant car nettement moins monocordes que pour Pravda), un son de gratte à défriser les Jackson Five, et un basse/batterie plus efficace que jamais. Le niveau technique est sérieusement monté d’un cran en somme.
Une mention particulière aux titres « Love Theme » (que je déconseille néanmoins pour les mariages ou les diners aux chandelles), « Legion » (allusion au seul corps militaire indivisible et qui compte parmi les plus bourrins) et « Inside Enemies » pour lesquels je viens de sacrifier deux enceintes avant de Citroën C5… Ca groove un max, c’est violent, c’est propre et c’est beau.
GRORR nous prouve une fois encore qu’on peut être Français, habiter au milieu des canard et des kiwis, et faire de l’excellente musique, intelligente et puissante à la fois. Ils rivalisent sans complexe avec les ténors de la scène metal actuelle et on les imagine sans difficulté partager l’affiche de Gojira, Meshuggah, Soilwork et autres enfants de chœur.
Je terminerai cette chronique par une note de 9.99/10 (parce que la perfection n’existe pas mais que mettre 9/10 aurait été mesquin) et une citation d’un grand Poète d’outre-manche méconnu et traduit de l’anglais par mes soins :
« La fourmi ayant hurlé tout l’été, la cigale se trouva fort dépourvue lorsque cette claque fut venue »
John From the Fountain « The day I listened to Anthill – 2012 »
By Professeur Schubert