HOT on the rocks!

Interview avec Chris Georgiadis du groupe Turbowolf

samedi/26/05/2018
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Art N Roll : Pour commencer, pourrais-tu nous présenter un peu le groupe ?

Chris Georgiadis : nous sommes Turbowolf et nous sommes 4. Je suis Chris, le guitariste c’est Andy, la bassiste Lianna et le batteur Blake. Andy et moi avons formé le groupe à Bristol en 2006, nous avons eu plusieurs bassistes et batteurs, mais la formation est stable depuis 7 ans. Nous avons sorti 3 albums, dont le dernier « The Free Life » est sorti en mars dernier.

 

ANR : On sent que Turbowolf se nourrit de beaucoup d’influences, empêchant ainsi les journalistes de lui coller une étiquette. Pourrais-tu nous décrire ta musique et ce que tu penses que vous projetez?

Chris : Nous avons commencé le groupe parce que nous nous ennuyions avec ce que le Rock était devenu. On voulait expérimenter et créer notre propre monde. On s’est dit que si nous arrivions à composer une musique qui nous excite, elle pourrait plaire à d’autres personnes.

 

ANR : Vous venez de sortir un troisième album, c’est une étape importante dans la carrière d’un groupe. Comment avez-vous envisagé de repousser les limites avec ce nouvel opus ? Comment avez-vous continué d’expérimenter ?

Chris : On se sent très chanceux d’être dans un groupe qui a sorti trois albums. Nous voulions faire quelque chose qui soit un amalgame des deux premiers. Lors du premier album nous avons du comprendre toute la technicité de l’enregistrement, il est un peu brut. Lors du second nous avions intégré ces aspects techniques, et nos morceaux étaient destinés à des scènes plus grandes. Nous avons opté pour des morceaux plus lents et plus aérés. Avec cet album nous voulions faire le lien. Retrouver l’excitation du premier album et intégrer toutes les leçons apprises.

 

ANR : Vous avez entièrement produit cet album, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce choix et ce qu’il exige en termes de compétences techniques ?

Chris : Nous avions produit le premier, co-produit le second et produit celui-ci. Avec le premier nous nous sommes rendu compte que nous avions besoin d’un ingénieur plutôt que d’un producteur. Nous avons donc choisi de travailler avec un ami, Tom, sur le second. Tom était trop occupé pour travailler avec nous et nous pensions avoir suffisamment appris pour retenter l’expérience seuls. Par contre nous avons mixé le résultat avec lui.

 

ANR : Certains groupes aiment faire appel à des producteurs pour avoir un regard externe sur leur musique, un regard qui peut leur apporter une autre perspective.

Chris : Oui c’est vrai, et cette personne peut également les aider à explorer de nouvelles voies. Nous composons les morceaux ensemble avec une idée très précise de comment ils doivent sonner. C’est pour ça que nous pensons que nous sommes les mieux placés pour produire notre album.

 

ANR : Tu composes tous les morceaux avec Andy, peux-tu nous dire un peu comment vous travaillez ?

Chris : Andy compose toute la musique, et j’écris les paroles. Je le connais depuis si longtemps, je pense que nous avons une connexion très forte. Nous n’avons pas besoin de nous parler pour créer. Andy m’apporte souvent des morceaux quasi terminés pour que je mette ma voix et mes mots. Parfois, ma partie vocale le pousse à revoir le morceau sous un autre angle.

 

ANR : Tu es inspiré par la musique même pour écrire ou tu as des idées que tu poses sur la musique ?

Chris : Je suis inspiré par la musique même. Je travaille à l’instinct, à l’émotion. Si je reçois un nouveau morceau d’Andy, je ne l’écoute pas tant que je ne suis pas dans les bonnes conditions. Je dois me mettre dans un état où je suis prêt à enregistrer. Il faut que tout soit naturel, pas suranalyser sinon tu peux faire quelque chose d’intelligent juste pour que ce soit intelligent. Je préfère que l’intention soit juste et que ce soit aussi un peu intelligent (rires).

 

ANR : As-tu essayé de faire de nouvelles choses avec ta voix ?

Chris : J’essaie toujours de devenir un meilleur chanteur et de mieux comprendre ma voix. Je joue avec elle pour voir ce que je peux faire. J’ai bien conscience de ce que je peux faire.

 

ANR : Vos deux premiers albums ont reçu d’excellentes critiques de medias spécialisés dans différents styles de musique. Avez-vous ressenti une pression plus forte avec ce troisième album ?

Chris : Il y a toujours une pression pour sortir un album, mais la seule pression et les seules attentes que l’on écoute sont les nôtres. Nous essayons de ne pas laisser les attentes externes nous monter à la tête. Et d’une certaine manière nous ne nous soucions pas de ce qu’ils pensent. Nous adorons le fait que les gens aiment notre musique, mais s’ils ne l’aiment plus nous ne serons pas offensés. Si on nous demande de faire une autre musique nous n’écouterons pas. Nous essayons juste de faire de la musique que nous voulons entendre, et ça met la barre déjà très haut.

 

ANR : Comment votre musique se traduit-elle sur scène ? A quoi ressemblent vos concerts ?

Chris : Il faut venir nous voir (rires). Je crois que nous considérons toujours le rendu live dans nos compositions. Nos concerts sont très énergiques, nous jouons avec plus de passion que de technicité. Nous jouons toujours de notre mieux mais ce qui compte c’est que tout le monde passe un bon moment. Nous cherchons le fun dans le jeu, nous changeons un peu les morceaux pour leur donner un nouvel effet. Il faut vraiment venir nous voir ! (rires)

 

ANR :  Oui, mais pour cela il faudrait que vous jouiez en France !

Chris : C’est vrai que nous ne sommes pas vraiment passé en France, mais ça va changer. Nous serons là à la fin de l’année. On ne peut pas encore en parler, parce que nous tournerons avec un autre groupe.

 

ANR : Quid de votre impact visuel ? Vous avez des vidéos délirantes, d’où sortent-elles ? et à quel point contrôlez-vous cette image ?                                                                                                                                                  

Chris : On essaie oui (rires). Nous aimons avoir un regard sur tout ce qui touche au groupe. Les vidéos sont une partie de notre esthétique. Andy et moi avons fait la vidéo « Cheap Magic » et nous avons travaillé avec d’autres personnes sur les autres vidéos. Nous avons rencontré des personnes à qui nous pouvons faire confiance. Elles partagent notre vision et notre esthétisme.

 

ANR : Si on prend « Rabbit foots » en exemple, la vidéo commence comme quelque chose de très classique, avec le groupe qui joue, puis la folie arrive.

Chris : Oui, c’est comme pour la musique. On essaie de faire quelque chose de différent et de fun que personne d’autre ne ferait.  Il y a tellement de clips devant lesquels on peut dire « oh oui, j’ai déjà vu 100 clips similaires ».

 

ANR : C’est aussi difficile de savoir en quelle année a été faite la vidéo, à cause des références à différentes époques et un style hors du temps.

Chris : Cool. On aime embrouiller les gens à ce niveau-là.

 

ANR : Est-ce que tu es à l’écoute de ce qui se passe sur les différentes scènes musicales ?

Chris : Oui un peu, mais pas autant que je le devrais. J’adore le dernier MGMT album, c’est un de mes favoris. J’aime que l’on puisse écouter les morceaux encore et encore et toujours trouver des choses qui nous avaient échappées.

 

ANR : Tu fréquentes aussi les expositions d’art ?

Chris : Oui, et un des avantages dans les tournées c’est que l’on peut souvent prendre un peu de temps pour aller visiter un nouvel endroit.

 

ANR : Tu as l’air de nourrir tes textes aussi bien de ce que tu découvres que ce que tu as en toi. Es-tu d’accord avec ça ?

Chris : Oui tout à fait. Je crois qu’il est important de s’exposer à plein de choses, mais lorsque tu composes il faut également savoir faire abstraction du monde extérieur pour que ce soit ta propre création. C’est cette recherche de nouveauté et de différence qui nous prend du temps.

 

ANR : Pourquoi ce choix de nom d’album « Free Life » ?

Chris : Humm, qu’est-ce que ça t’évoque ?

 

ANR : Pas mal de choses. Une juxtaposition de termes qui peut être un peu choquante. Est-ce que la vie n’est pas gratuite, quel en est le prix à payer ? Ou à quel point sommes-nous libres… je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment réfléchi.

Chris : nous trouvions que ce titre reflétait des thèmes de l’album. Chaque titre pose des questions plutôt que de proposer des réponses. On s’interroge sur ce qu’est la liberté, ce qu’est la vie, sommes-nous libres ? Avons-nous un libre arbitre ? Suis-je simplement un amas de neurones et de bactéries ? Jouons-nous tous un jeu ? vivons-nous une situation comme dans 1984. Il y a aussi le côté gratuit de la musique sur internet. J’aime toute ces idées. Je pense que le plus beau cadeau que nous puissions faire aux autres et de leur proposer une forme d’échappatoire, même pour quelques minutes, à ce monde, ainsi qu’une certaine stimulation intellectuelle.

 

ANR : Chaque titre est énigmatique, impossible de savoir quel est le thème du morceau à sa lecture.

Chris : J’aime jouer avec l’ambiguïté et pousser les gens à se questionner, à remettre en cause ce qu’ils pensent. J’aime aussi l’idée que ça peut générer des conversations entre amis.

 

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