Jeudi soir Lofofora nous proposait de découvrir en live son album acoustique « Simple appareil », pour lequel Art N Roll vous avait réalisé pas moins de deux chroniques. Une soirée aux airs d’happening à La Maroquinerie, qui avait de quoi être intrigante.
La soirée démarre sur une scène minimaliste avec « Still » un duo folk, guitare voix, qui nous invite à partager leur univers éclectique. Chaque morceau met en avant des influences différentes, on passe du blues, à la pop, à des passages presque punk. Le tout donne un mélange rythmé, porté par le guitariste « A », avec un jeu tout en nuance, capable de transmettre autant d’énergie que de sensibilité.
La voix chaude, un peu rauque de sa partenaire « Culotte » dégage beaucoup d’émotions. Sa maîtrise technique alliée à son interprétation envoute le public qui ne se fait pas prier pour réagir.
Après cette mise en bouche élégante et engageante c’est l’heure de la tête d’affiche. Lofofora en acoustique, voilà un concert auquel je n’aurais jamais pensé assister. Dès les premiers instants le ton est donné, pas de tabouret pour Reuno, de l’acoustique oui mais avec de l’énergie et de l’intensité. C’est avec « Les boîtes », que Lofofora débute le concert, et une évidence s’impose : les morceaux de « Simple Appareil » prennent une autre dimension en live. L’apport d’une batterie très présente est indéniable. La partie instrumentale est plus vivante, plus percutante. Mais ce qui change le plus c’est l’incroyable performance de Reuno. Il occupe tout l’espace de la scène, module sa voix pour porter haut et fort ses textes ciselés et ça marche. Le public se prend au jeu très rapidement.
La taille et la configuration de la Maroquinerie apporte une proximité avec le groupe, qui rend la prestation encore plus saisissante. Cette forme d’intimité, certains s’en emparent pour lancer des « A poils », dés fois que l’on oublierait que nous sommes à un concert de Metal ! Reuno, jamais désarmé, se lance dans quelques joutes verbales à l’égard des troublefaits. Tout au long de la soirée on aura le droit à un peu de Tryo bashing (« le Jihad c’est pas bien »), de Rock n folk bashing (« au bout de 30 ans ils se rendent compte que Lofo fait de la bonne musique avec des textes bien écrits »), et quelques mots pour défendre la pertinence des textes dans le contexte actuel. Des joutes faites sur le ton de l’humour, même si le message est bien là. Qu’on se le dise Lofofora est un groupe qui joue sur le fond comme sur la forme.
D’ailleurs, qu’en est-il des classiques du groupe en mode acoustique ? Lofo nous envoie « Contre les murs » en début de setlist, puis « Les gens » un peu plus tard dans la soirée et là l’ambiance monte clairement d’un ton. Le public reprend en chœur toutes les paroles et se lance dans un petit pogo.
Coup de projecteur sur Daniel, le guitariste, avec l’intro des « Anges ». Le public crie Hendrix, l’influence est bien là, avec plus de relief et de touché que sur l’album. « Théorème » et « La Splendeur » prennent aussi du galon dans leur version live. Le chant est bien plus poussé, les paroles ressortent avec puissance et conviction. Ce concert est une vraie belle surprise.
Le public se déchainent sur la fin du set, notamment sur « Le fond et la forme ». La fosse se transforme en pogo géant. Une vision inédite pour un concert acoustique.
Reuno n’aime pas jouer le jeu des rappels, pas de faux départ avant les derniers morceaux. « Sven » d’abord, chanson hommage au guitariste Sven Pohlhammer, guitariste du groupe Parabellum. Un hommage qui a servi de fil conducteur pour la réalisation de « Simple Appareil ». Et pour final « le Martyr », toujours extrait du dernier album.
Un concert riche en émotions, dans une énergie très puissante, comme quoi lorsque l’on enlève la saturation de Lofofora on trouve toujours autant de profondeur et de corps dans leur proposition musicale.
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Setlist :
Les boites
L’Appétit
Pyromane
Contre les murs
Troubadour
Théorème
Les Gens
La Dose
La Splendeur
L’Histoire ancienne
Auto-Pilote
Les Anges
Enfants du chaos
Pornolitique
Double A
Le forçat
Le Fond Et La Forme
Sven
Le Martyr