HOT on the rocks!

Live report Hellfest 2018

dimanche/01/07/2018
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Pour cette 13ème édition du Hellfest le festival continue son programme d’amélioration. Les zones devant les Mainstage ont été mises en dur pour éviter les poussières, un bar central géant est sorti de terre, un système de cashless enfin généralisé et des murs d’eau assurent le rafraîchissement instantané des festivaliers.

Et pour la toute première fois on repart en connaissant 5 groupes sur les 159 qui se produisent chaque année. Mais pour l’heure retour sur ces trois folles journées de juin.

Jour 1

The Chris Slade Timeline

La journée débute avec un concert un peu « kermesse » avec l’ex batteur d’AC/DC, Pink Floyd ou encore Gary Moore. Derrière sa batterie et accompagné de ses musiciens et plusieurs chanteurs Mr Slade nous propose de retracer avec lui les plus grands succès de ses anciens groupes. C’est sûr que lorsqu’on enchaine « Back in black », « Comfortably Numb » et « Thunderstruck » on envoie du lourd, mais la prestation n’est pas très engageante. La batterie est trop mise en avant et les chanteurs un peu justes pour que ça prennent au corps. Mais pour échauffer la voix c’est parfait !

Converge

Plutôt habitués à la Warzone, c’est sur la Mainstage que l’on retrouve le quatuor américain à 16h. Une pause goûter plutôt agitée sous un soleil de plomb. Un tout petit set de 40 minutes, pour un déversement d’énergie pure. Jacob est en grande forme et derrière Kurt et le reste de la bande assurent. Les riffs du dernier album « The Dusk in us » semblent convaincre et les morceaux des précédents opus mettent tout le monde d’accord.

Meshuggah

Après un entracte offert par Joan Jett les choses sérieuses reprennent avec Meshuggah. Sérieuses tant dans l’application et les maîtrise technique de la prestation que dans l’apparence tout en sobriété. Le groupe n’est pas là pour interagir avec un public venu nombreux. Il assène ses riffs syncopés et ses rythmiques hallucinantes de manière presque trop mécanique. Le vrai regret c’est qu’à 17h30 leur génial lightshow passe inaperçu.

Uncommonmenfrommars

Voilà bien un groupe que je n’avais pas vu depuis plus de 15 ans et ne pensais pas revoir. Première nouvelle, en dehors de quelques cheveux gris les garçons n’ont pas changé. Même look de Punk adolescent, mêmes morceaux aux airs californiens, mais une nette amélioration du chant en live. Une bonne surprise pour un concert empreint de nostalgie, qui vient compléter ceux de Seven Hate et Burning Heads.

Europe

L’improbable programme des mainstage du vendredi continue avec Europe qui succède à Meshuggah. Une allure assez fringante pour ce groupe culte et kitsch des années 80. Si les nouveaux titres sont plutôt accrocheurs et que le groupe assure vraiment bien sur scène, la foule se presse surtout pour chanter en communion « the Final Countdown ». Un moment cultissime et bon enfant pour ce hellfest 2018.

Hollywood Vampires

L’annonce de la venue du groupe avait fait grincer beaucoup de dents, mais que vaut-il sur scène ? De bons amis qui se disent qu’ils vont monter un groupe pour faire quelques reprises, ça n’est pas bien original, mais quand ces amis sont Alice Cooper et Joe Perry, et qu’ils reprennent leurs morceaux ça devient un peu plus intéressant. Ces deux-là assurent vraiment le show, Mr Cooper est impeccable, comme toujours. L’occasion pour Joe Perry de pousser un peu la chansonnette. Mais quid de Mr Depp ? Eh bien pas grand-chose, je reste persuadée que sa guitare n’était pas branchée, et quand il donne un peu de voix ça passe, mais sans plus. Le concert reste un best-of du rock plutôt sympathique.

Stone Sour

Corey déboule sur scène avec toute sa bonne humeur et un problème de coiffeur à la tombée de la nuit. Stone Sour défend « Hydrograd », dernier opus sorti avec pas moins de 5 titres sur 11 issus de ce dernier. Corey court partout, nous envoie des confettis dès le deuxième morceau, le show est assuré. Tout est carré, solide et terriblement efficace. Le public semble prendre autant de plaisir que Taylor et le montre. La fin du set est juste incroyable avec l’enchaînement de « Song #3 », « Through Glass » et « Fabuless ». Un régal !

Bad Religion

Bad Religion ou la constante Punk-Rock depuis presque 40 ans. 22 titres en moins d’1h de set, avec les jouissifs « Fuck You », « 21st Century (Digital Boy)» ou encore « Punk Rock Song » bien disséminés. Ça joue bien, ça chante bien, les américains enchainent leurs morceaux sur la Warzone comme à leur habitude, sans concession mais avec beaucoup de plaisir.

A Perfect Circle

Voilà plus de 14 ans que le public français attendait un retour du groupe en France. La sortie du quatrième opus « Eat the Elephant » marque le grand retour des américains pour deux concerts avec un Olympia le mardi suivant le Hellfest. Le concert de Judas Priest déborde un peu sur le timing, et la scène d’à côté est encore allumée lorsque A Perfect Circle entre sur scène. La régie a dû être en panique pendant quelques instants histoire de trouver comment brancher le son et le concert démarre très fort avec « Counting Bodies Like Sheep to the Rhythm of the War Drums » et son entame bien lourde comme il le faut. La mise en scène est très élégante, presque féérique avec des cylindres de tailles différentes et un système d’écran. Maynard, à l’abri des regards sous une lumière tamisée livre une performance vocale presque parfaite. Les morceaux un peu lisses du dernier opus prennent une autre dimension sur scène, et le public reprend en chœur les paroles du premier single « the Doom ». Sur les extraits de « Mer de Noms » et « Thirteenth Step » c’est juste le bonheur et le groupe semble prendre un vrai plaisir à interpréter ses morceaux. Moment inattendu, Maynard annonce qu’ils vont reprendre « Dog eat Dog » d’AC/DC et hommage à Malcom Young. Reprise réussie qui permet d’entendre autre chose de la voix de Maynard. Rendez-vous à l’Olympia pour une setlist plus longue et au Zénith le 6 décembre.

 

Jour 2

L7

Le all female band est de retour un nouvel album « Dispatch from Mar-a-Lago », sorti 18 ans après « Mantra Down » et comme elles le disent si bien, elles sont « Back to Bitch ». Une prestation meilleure que celle de 2015 avec plus d’énergie malgré un horaire quasi matinal. Accompagnées d’un batteur ultra motivé, car Demetra s’est cassée le bras, le groupe nous balance son grunge très nineties pour notre plus grand plaisir.

Powerflo

Le supergroupe composé de Sen Dog (CYPRESS HILL), Billy Graziadei (BIOHAZARD), Roy Lozano (DOWNSET), Christian Olde Wolbers (ex-FEAR FACTORY) et Fernando Schaefer (WORST). Un concentré d’énergie porté par la voix de Sen Dog. Des riffs percutants, qui prennent encore plus de poids sur scène et du groove pour assurer que le public remue dans tous les sens.

Pleymo

Pleymo au Hellfest ça sonne comme une redite de Linkin Park. Pourtant la présence du groupe n’a pas trop fait jazzer sur les réseaux et le public se masse un peu en avance devant la mainstage pour être aux premières loges. Le groupe attaque avec « United Nowhere », tout le monde semble être passé dans les années 2010 sauf Mark qui se présente avec un T-shirt XXL et un short bleu digne des années 90. La setlist fait la part belle aux deux premiers albums, pas de trace des titres plus mélodiques qui ont fait leur succès auprès du grand public. Une attitude résolument Metal qui semble bien prendre à Clisson. Les gens sautent, pogottent, circlepittent et ne sont font pas prier pour organiser un wall of death (même s’ils appellent encore ça un braveheart). Alors certes le chant n’était pas toujours très juste et le groupe n’est pas le plus technique qui soit, mais côté ambiance les français ont assuré une très belle prestation et c’est tout ce qu’on attendait d’eux. Gros point bonus pour le tomber de T-shirt de Mark, évidemment !

Body Count

Après un passage inoubliable sur la Warzone en 2015 le groupe était plus qu’attendu. Avec un bon album sorti en mars dernier à défendre, un place de choix dans la programmation de la mainstage, toutes les conditions étaient réunies pour offrir un show d’enfer. Oui mais… le groupe arrive sur leur reprise de Slayer issue du dernier opus et puis ça retombe. Ice-T a la parlotte, il a envie de poser et de prendre des photos. Le son n’est pas au rendez-vous et au bout d’un moment on a l’impression d’avoir un touriste sur scène qui est venu nous présenter ses enfants. Dommage… Les affaires reprennent un peu avec l’enchainement de « Cop Killer » et « Talk Shit, Get Shot », mais ce n’est pas suffisant pour convaincre.

Deftones

Après un concert planant à l’Olympia c’est une prestation toute en énergie que propose Deftones à Clisson. Une entrée fracassante avec « Headup » suivi de « My Own Summer », c’était inattendu ! Une setlist old-school, avec 70% des titres issus des trois premiers albums et rien du dernier. En plus les morceaux arrivent par grappe, album par album. Vraiment inattendu. Quel dommage que le son ne soit pas au rendez-vous. Sen Dog arrive pour reprendre « How I Could Just Kill A Man», encore une surprise pour ce set qui donne envie de revoir le groupe au plus vite !

Limp Bikzit

La soirée back to the 90’s continue avec le groupe de Jacksonville, venu animer la fête du village ? Fred Durst débarque avec un look improbable constituté d’un bob, de gants rouges, d’un pantalon à fleurs et d’un maillot de foot américain… clairement il partage le même styliste que Jared Leto. Le groupe joue 9 tubes et meuble le reste avec du blabla et des reprises. La blague ne fait plus rire, à part quand Fred dit « vous voulez entendre un titre de notre prochain album ? » et envoie « Faith »…. Encore une fois on a le droit à la reprise de « Killing in the Name »,et pire encore ils s’attaquent à du Nirvana… on touche vraiment le fond quand arrive la Marseillaise… Quel gâchis car quand on a des musiciens comme Wes Borland ou John Otto sur scène et un répertoire comme le leur il y a de quoi faire vibrer les foules… mais non, Limp Bizkit est devenu une caricature du groupe perdu qui ne sait plus quoi faire.

Heureusement les 9 titres joués sont bons et c’est impossible de ne pas prendre du plaisir à les entendre.

Parkway Drive

Fin de soirée brillamment assurée par les australiens de Parkway Drive qui défendent leur tot nouvel album « Reverence ». L’ascension de ce groupe est impressionnante et est loin d’être terminée. Evoluant dans un registre toujours plus mainstream Parkway Drive réussit en combinant des riffs ravageurs, avec des « ohoh » et une dose de bonne humeur. Winston, chanteur du groupe, est une personnalité tellement rayonnante qu’il est difficile de ne pas être gagné par son énergie. Le groupe commence à avoir l’habitude des grands festivals et la mise en scène est juste parfaite. Des flammes, des plateformes, une batterie qui tourne et s’enflamme, des feux d’artifices, rien n’est épargné pour le plaisir du public. Un set au poil, un groupe en pleine forme que l’on n’a pas fini d’entendre.

 

Jour 3

Shinedown

Le groupe originaire de Floride est de retour au Hellfest, toujours de bonne heure. Le set démarre en trombes avec les deux tubes « Sound of Madness » et « Cut the Chord » et j’ai un bref moment de doute sur leur capacité à poursuivre avec la même intensité tant ce dernier titre est efficace. Brent Smith décide de faire un tour dans la fosse pour se rapprocher de son public et ça fonctionne bien. Le reste du set est accrocheur et tout se termine en beauté avec le nouveau single « Devil ».

Grave Pleasures

Ce groupe finlandais est à voir de toute urgence sur scène. Avec son Post-Punk aux relents de Joy Division et The Cure mais dans un engagement et un son résolument rock c’est un régal. Mat McNerney livre une performance vocale de grande envergure, soutenue par des musiciens talentueux. Les morceaux passent vraiment bien comme « Love in a cold world » ou «Joy through death ». Un bon moment sous la valley !

 Zeal and Ardor

Toujours sous la Valley c’est au tour du projet de Manuel Gagneux de montrer que le gospel et le Black Metal peuvent faire bon ménage. Accompagné de musiciens et de choristes l’artiste nous fait voyager à travers les champs de cotons d’une Amérique sudiste. Les chœurs apportent de l’âme aux morceaux qui nous prennent par les tripes. L’ambiance est à son paroxisme quand retentissent les premières notes du single éponyme « Devil is fine ». Toute la passion de Manuel est transmise à la foule sous cette tente et le passé fait écho à des sonorités modernes. Un mysticisme jouissif et poignant qu’on aurait bien aimé voir durer un peu plus longtemps.


Alice in Chains

Encore un groupe qui aurait pu faire partie de la soirée back to the 90’s de la veille ! Une setlist un brin nostalgique avec pas moins de 4 titres issus de « Dirt », mais une prestation sereine, presque poétique. Toute la profondeur de la musique du groupe perdure à travers cette nouvelle formation, et le son très lourd du nouveau single « The one you know » a l’air de bien prendre auprès du public. Il me manque juste « down in a hole » pour parfaire le show. Le soleil couchant et la foule venue se masser certes pour Iron Maiden, mais pas que, contribue à dresser le tableau d’un groupe loin d’être mort.

Kadavar

Le trio qui ne jure que par la scène est de retour sous la Valley. A grand recours de fumigènes et de lumières éclatantes Kadavar propose un show hypnotisant. Laissant libre cours à leur inspiration, les musiciens errent dans des parties instrumentales parfois planantes parfois carrément électriques !

Lupus est plus souvent à terre que debout, Dragon ondule de tout son corps au son de sa basse et le batteur semble verser des litres d’eau avec un jeu plus que physique. Bref, du Kadavar comme on aime !

Amenra

La grosse claque de la soirée arrive avec la prestation d’Amenra. Une setlist au poil pour ce groupe à la musique viscérale. Dès leur arrivée sur scène les musiciens nous balancent un son lourd, dans une ambiance presque religieuse. Colin a visiblement atteint un niveau de transcendance qu’il n’avait pas pu avoir à Paris lors de son concert à la Gaité Lyrique. Le moment est magique. Chaque accord résonne dans les corps et le chant de Colin ne peut que saisir l’auditeur. Une telle puissance, une telle intensité, pour un concert qui agit comme le passage d’un bulldozer. Un set bien trop court, mais terriblement bien construit qui laisse sans voix. Le groupe vient, donne tout et s’en va en nous laissant nous remettre de nos émotions. Le visuel noir et blanc, presque aveuglant contribue au dynamisme et à la poésie du concert. Quelle plus belle manière de terminer ce Hellfest ?

 

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