Groupe: Veld
Album: SIN
Réédition sortie le: 15/06/2018
Label: Listenable Records
Note: 17/20
Haaaaaa le Metal extrême des pays de l’est ! Et non, je ne parle pas de Strasbourg, bien qu’ils aient peut-être une bonne scène, j’avoue ne pas avoir vérifié.
Mais il faut bien admettre que les peuples slaves ont accouché d’une sacrée tripoté de groupes cultes depuis maintenant un paquet d’années. Je pense en priorité à des mastodontes comme Behemoth ou encore aux furieux de Decapitated (dont votre serviteur est un vieux fanboy) mais aussi aux gars de Hate, Belphegor et plus récemment, les monstrueux Slaugther to Prevail dont le dernier album est d’une violence quasi palpable juste à l’écoute.
Tout ça pour dire que j’ai toujours trouvé que cette scène avait un petit quelque chose de mordant qui les faisait sortir du lot. Un son souvent incisif et viscéral qui fout une claque immédiate à l’auditeur innocent et une ambiance qui baigne dans une noirceur toute suintante de l’influence du malin (et non, je ne pense pas qu’ils aillent à la messe le dimanche).
Et donc, la petite bande de poètes dont nous allons parler aujourd’hui répond au doux nom de « Veld », nous vient de Pologne et de Biélorussie et pratique un mélange de death metal moderne avec des passages et autres ambiances typiquement black metal entrecoupés d’interludes indus.
Alors oui, je sais, c’est une peu alambiqué comme description pour parler de ce que les afficionados appelleront tout simplement du « Blackened Death Metal ». Mais moi j’aime beaucoup trop ça l’alambic alors je vais poursuivre sur ma lancée, d’autant que le groupe est loin d’être juste un nouveau groupe « à la Behemoth », même si l’influence est assumée et directement palpable.
Formé en 2001 (bien que les musiciens eussent visiblement déjà joué ensemble avant) et très loin de se la couler douce, Veld peux déjà se targuer d’avoir une discographie plutôt bien fournie ainsi que quelques signatures sur plusieurs labels undergound à son actif.
Aillant découvert le groupe avec la sortie du précédent album « DAEMONIC: The Art Of Dantalian » (sorti en avril 2015), le groupe m’avait déjà pas mal tapé d’en l’œil et j’étais d’autant plus impatient d’entendre son successeur. Le groupe vient d’ailleurs de décrocher un contrat avec le label Listenable Records pour cette nouvelle sortie, ce qui laisse présager une potentielle claque. Mais vu qu’il serait trop facile de juger un groupe juste pour son label, écoutons la bête voulez-vous ?
L’intro de l’album commence plutôt fort avec ses arrangements orchestraux et son ambiance épique qui ne feraient pas tache dans un bon gros blockbuster plein de monstres légendaires et de guerriers trop musclés pour porter autre chose qu’un pagne (l’auteur de cette chronique est un gros geek avec beaucoup trop d’imagination, veuillez lui pardonner).
C’est avec cette petite mise en bouche sympathique à peine passée qu’on rentre dans le cœur de la musique du groupe avec « Grand day of demise » qui va donner immédiatement le ton. La batterie est ultra chargée, les riffs sont lourds, frénétiques et entrecoupés d’arpèges grinçants et le chant est bien brutal et haineux (tout en restant bien articulé, ce qui est assez rare pour être souligné). C’est sans concession, méchant et très efficace.
Mais pas le temps de souffler avec l’enchainement sur « Everlasting hate » dont le refrain est un véritable marteau-pilon, avec son monstrueux riff syncopé, à la fois massif et très groovy. Autant certains morceaux demandent quelques écoutes pour être pleinement assimilés, autant celui-ci vient se graver dans votre tête (et vos cervicales aussi) quasi instantanément. Du bon gros single en devenir.
On reprend ses esprits quelques instants avec l’intro de « Divine Singularity » qui nous ressort l’orchestration pour un nouveau passage dans le même style que l’intro avec cette fois des percussions bien senties qui amènent progressivement le groove du morceau en lui-même, tout bouffi de lignes de guitares qui fleurent bon le Death californien (raaaah ce petit relent de Morbid Angel me rend tout chose).
On aura d’ailleurs droit à plusieurs interludes entre morceaux du même acabit qui apporte un peu d’aération plutôt bienvenue au milieu de cette déferlante de violence. Mine de rien, cela évite le piège dans lequel certains groupes finissent par tomber en ne laissant aucun moment de répit tout au long de leurs albums. Ici, on a juste le temps de reprendre son souffle avant de replonger et de reprendre une bonne claque sur le morceau suivant et c’est très plaisant (on aime tous une bonne fessée mais un petit bisou entre 2 fait toujours plaisir).
Je vais éviter de vous donner un ressenti sur TOUS les morceaux (parce que sinon, cette chronique va faire 10 pages), mais sachez que l’album ne faiblit quasi jamais et qu’on se surprend à arriver à la fin du disque assez vite finalement.
On a même droit à quelques excellents soli de guitare plutôt inspirés et disséminés sur quelques morceaux tout du long de l’album. Un point intéressant à leur sujet est le fait qu’ils ne sont pas forcément présents sur tous les morceaux et apportent eux aussi (à l’instar des interludes) des moments de respiration qui font du bien quand on se lance dans l’écoute d’une traite de l’album.
Pour conclure, je dirais que le groupe n’a peut-être pas sorti le disque le plus original du style (ce qui est honnêtement difficile avec la pléthore de groupes de qualité qui évolue en son sein) et on est obligé d’admettre un petit côté patchwork de leurs différentes influences. Cependant, celles-ci sont très bien digérées et le groupe ne tombe jamais dans la caricature. Il faut aussi leur reconnaitre qu’il nous a pondu ici un album tellement efficace qu’il serait de mauvaise foi de leur reprocher.
Le groupe arrive à mettre en avant une certaine approche du Death qui, même si elle ne révolutionne pas le genre, a le mérite d’apporter une belle brochette de morceaux hyper efficaces en un tout cohérent et qui pourrait vous donner très vite l’envie d’en reprendre une fournée.
Bref, si t’aime le Death en général, écoute ce disque !