HOT on the rocks!

Interview avec Frédéric Leclercq et Stéphane Buriez du groupe Sinsaenum

lundi/13/08/2018
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Rencontre avec Frédéric Leclercq et Stéphane Buriez pour discuter du nouvel album de Sinsaenum « Repulsion for Humanity ».

 

Art N Roll : Le projet a commencé en 98, 20 ans de tribulation pour arriver à un premier album ?

Frédéric Leclercq :  Un morceau est assez vieux, mais il ne faut pas croire que j’attends depuis 20 ans de faire ce groupe.

 

ANR : Oui, ce n’est pas comme si tu n’avais rien à faire à côté !

Frédéric : C’est ça (rires). Un morceau date de 98, mais Sinsaenum a vraiment démarré en 2000 quand Joey a rejoint le groupe. J’avais composé des morceaux, je les avais présentés à Stéphane qui était partant pour faire un truc, mais il n’y avait rien de concret.

 

ANR : Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Frédéric : On s’est rencontrés en 1995. Le fait que Stéphane soit intéressé m’a poussé à composer plus de morceaux.

 

ANR : Tu veux dire que Stéphane est ta muse ? (rires)

Frédéric : C’est ça (rires)

Stéphane Buriez : Et quelle muse ! (rires)

Frédéric : Je dirais en un seul mot qu’il m’amuse (rires). Quand Joey a écouté les démos, il a trouvé ça génial, et m’a demandé s’il pouvait jouer de la batterie. J’ai accepté et il m’a dit de le prévenir quand ce serait prêt pour enregistrer. C’est là que les choses se sont accélérées.

 

ANR : Pourquoi cette envie d’être dans ce style musical ?

Frédéric : Les gens me connaissent surtout via Dragonforce, mais ce style de musique me parle. Il me permet de véhiculer des émotions que le Power Metal ne pourrait pas transmettre. J’aime me complaire dans la tristesse, dans la violence, c’est un exutoire.

 

ANR :  Si on revient un peu sur l’histoire du groupe, les médias ont surtout parlé du groupe de Joey Jordison, qui a monopolisé l’attention. Comment l’avez-vous vécu ?

Stéphane : Quand on a une superstar comme lui, le focus se fait forcément sur lui. Pour Fred qui a monté le groupe ça peut être frustrant, mais ça nous a plus servi qu’autre chose.

Frédéric : Ça a été frustrant le jour où ça a été annoncé. C’était un vendredi vers 16h, la vidéo a été lancée et les médias on dit « voici le groupe de Joey Jordison ». J’étais vert, mais je n’étais pas le seul à l’être. Ils ont carrément oublié le nom de Stéphane ! Je préfère en rire. C’était intéressant de voir comment fonctionnent les médias, les maisons de disques et les gens qui gravitent autour.

Stéphane : On a rencontré des écueils imprévus, on n’a pas fait d’erreurs, mais on va apprendre de tout ce qui s’est passé.

 

ANR : Vous avez l’impression d’avoir été un peu naïfs sur certaines choses ?

Frédéric : Du tout. Les équipes avec lesquelles nous travaillons avancent dans la même direction que nous, mais pour les autres autours, ils m’inspirent le titre de l’album « Repulsion for Humanity »

 

ANR : J’allais te poser la question du titre !

Frédéric : Il n’y a pas de sens caché, c’est 100% pur bœuf ! C’est fort, mais c’est sincère et tous les sujets de l’album expriment la violence et la négativité.

Stéphane : Notre joie de vivre (rires)

 

ANR : Un album de Noël en somme (rires)

Frédéric : C’est exactement ça (rires)

 

ANR : et au niveau des paroles, chacun a contribué ?

Frédéric : Oui (puis en regardant Stéphane) sauf toi ! Alors que tu l’avais fait sur l’album précédent !

Stéphane : Oui, mais j’ai fait d’autres choses.

 

ANR : D’après toi qu’est-ce que chaque membre apporte au groupe ?

Frédéric : J’ai voulu travailler avec des gens avec qui je m’entends vraiment bien. Sur le plan humain, on avance tous dans la même direction. Chacun amène sa personnalité. Tout le monde a un droit de regard, chacun fait évoluer les morceaux, la sonorité et apporte de la dimension.

 

ANR : Justement, en termes de son, une chose est sûre c’est qu’on reconnait vraiment ta patte. Mais au-delà de ça, tu as choisi des personnes très pointues et techniques sur cette partie sonorité, aviez-vous une vision commune de comment le groupe devait sonner ?

Stéphane : « Echoes of the Tortured » c’est le reflet d’un premier album, qui a été pensé comme ça.  Quand on a su qu’on n’allait pas tourner avec cet album on a pensé à proposer quelque chose de nouveau aux fans. On a sorti un EP « Ashes » et dès les premières notes des compos sur cet EP on s’est dit qu’il fallait aller vers une autre texture, quelque chose de plus personnel. On aime les choses assez crues, assez drues, qui grattent un peu. Sur « Ashes » on s’est dit qu’on allait bosser avec Francis Caste, que je connaissais via Loudblast. Je savais que c’était une personne capable de comprendre la musique d’un groupe et l’aider à lui trouver une âme. Il a trouvé des solutions, il nous a aidé à définir ce qu’il fallait qu’on fasse et ne fasse pas. Toutes les productions actuelles sortent avec un son lisse, on a voulu aller vers un son qui nous est propre, bien organique et très sombre.

Frédéric : Nous sommes allés chercher des influences ailleurs, tandis que tout le monde semble regarder dans la même direction. On a rien inventé, ça reste du Death Metal, on a travaillé le dosage.

Stéphane : On ne cherche pas à être beaux.

 

ANR : Vous cherchez à être malsains, violents, …

Stéphane : Mais oui, c’est exactement ça.

Frédéric : Le son sature sur le téléphone. La majorité des gens écoute de la musique sur le téléphone, et moi le premier. Ça pousse dans les aigus, ça gratte à mort, ça sonne mal et ça me plait (rires).

 

ANR : Et sur scène ça sonnera comment ?

Frédéric : Mal, on va jouer à travers un téléphone (rires). Quand tu dis que tu reconnais ma patte dans le groupe ça me fait plaisir, j’ai un ami qui dit qu’il reconnait toujours mon son alors que j’utilise des pédales différentes. Il doit donc y avoir une certaine identité qui se retrouvera sur scène.

Stéphane : L’album n’est pas encore sorti mais on est déjà en train de préparer cette tournée.

 

ANR : Une tournée avec 5 dates en France !

Stéphane : Il devait y en avoir moins, on a commencé à booker les dates et on s’est dit pourquoi ne pas en faire plus en France ? On bosse avec Rage Tour en France, c’était assez facile de trouver d’autres dates sur le territoire. La première date se fait à Paris dans une salle qui n’a jamais accueilli de groupe de Metal, Le Flow.

Frédéric : C’est classe !

Stéphane : On va dépuceler cette salle avec du bon gros Death Metal (rires)

Frédéric : On devrait demander aux gens de bien se comporter pour qu’il y ait d’autres concerts, mais en y réfléchissant bien s’ils foutent le bordel c’est bien aussi. Comme ça s’il y a d’autres concerts, ce sera grâce à nous et s’il n’y en a plus, ce sera grâce à nous aussi (rires).

 

ANR : Vous nous avez frustrés avec une formation de supergroupe, un premier album et pas de tournée, il va falloir vous rattraper.

Stéphane : Notre emploi du temps de permettait pas de tournée, ça été frustrant pour nous aussi. Maintenant on a un nouvel album à défendre et on a envie de jouer ensemble. On n’a pas joué tous ensemble depuis 2016.

 

ANR : C’est la question de comment font les supergroupes pour répéter et jouer ensemble quand tout le monde est éparpillé.

Frédéric : C’est la galère (rires). On répète chacun de notre côté, on a enregistré le premier album comme ça et c’est aussi de cette manière que l’on travaille avec nos groupes respectifs parce que c’est plus pratique. On a le confort d’être des musiciens professionnels qui n’ont pas besoin de se retrouver tous les samedis avec un pack de bières, même si ça serait rigolo de le faire. C’est compliqué, c’est aussi pour ça qu’Attila n’est pas sur l’album, il n’a pas réussi à se libérer.

 

ANR : Il n’est pas présent mais il a contribué aux paroles ?

Frédéric : Il a fait des paroles, du backing, tout ce qu’il pouvait faire pendant le laps de temps imparti.

Stéphane : Il fait partie de Sinsaenum.

Frédéric : Il a fait un communiqué en ce sens, on ne savait pas comment les gens allaient le prendre, mais on a voulu jouer la carte de la sincérité. On savait depuis le début qu’il ne pourrait pas être là. J’avais présenté le plan pour les prochaines années pour le groupe et il m’avait tout de suite dit que ça n’allait pas être possible pour cet album-là. Vu qu’il a contribué aux paroles et enregistré des backing on aurait pu le coller en Photoshop, mais on a préféré expliquer aux gens ce qu’il se passait vraiment.

 

ANR : Est-ce que ça a mis plus de pression sur les épaules de Sean pour le chant ?

Frédéric : Sean, si je l’ai choisi c’est que sa voix m’a toujours bluffé. Quand je lui ai dit qu’Attila ne pourrait pas être là il m’a dit « Fuck yeah » (rires). Ça lui donne plus de liberté, il a vu ça comme un challenge.

Stéphane : Il a fait un boulot incroyable sur ce nouvel album, que l’on a découvert en écoutant les pistes.

 

ANR : Vous n’aviez pas enregistré le chant en même temps que le reste ?

Stéphane : Non, nous étions près de Nantes avec Fred et Joey pour les guitares et la batterie. C’était bien d’avoir Joey cette fois-ci avec nous. Sean nous a rejoint, Attila également. On a pu tous bosser en studio et dans la maison. On est resté en immersion pendant trois semaines, on a enregistré, on a tourné les clips, c’était Sinsaenum 20h/24.

 

ANR : Est-ce que les différences culturelles ont posé problème parfois ?

Frédéric : Ce sont des putains de ricains (rires)

Stéphane : On leur a fait à manger (rires)

 

ANR : Quelles sont vos spécialités culinaires ?

Frédéric : On leur a fait un pot-au-feu, Heimoth a fait un potage, sinon raclette, tartiflette…

 

ANR : Ça a l’air super sympa de passer du temps avec vous (rires)

Frédéric : On aime toutes les bonnes choses (rires)

Stéphane : Et avant tout on s’aime vraiment et c’est pour ça qu’on continue de jouer ensemble.

 

ANR : Vous avez joué avec les Tambours du Bronx, comment est venue cette idée ? Qu’est-ce que ça vous a apporté ?

Frédéric : Je voulais qu’il y ait des percus, c’est Stéphane, moi et Joey qui les avions faites avec la personne qui les enregistrait. Et puis je me suis demandé pourquoi ne pas faire ça avec les Tambours du Bronx, ça tombait sous le sens.

Stéphane : C’était évident, je les ai appelés et ils ont accepté. Ils sont tous fans de Death Metal, la collaboration a été facile.

Frédéric : Sepultura et Overdose l’ont déjà fait, mais j’adore ce que ça apporte. Un côté roots.

 

ANR : Vous nous réservez d’autres surprises ?

Frédéric : Il y aura Lauren Hart de Once Huma qui chante sur un titre et Pierre Le Pape qui s’occupe des orchestrations sur « Four Seconds ».  Autant s’entourer des bonnes personnes.

 

ANR : Vous avez des ambitions américaines ?

Frédéric : Pas vraiment. Pour l’avoir fait avec Dragonforce je sais comment ça se passe et ça ne me fait pas rêver. L’idée de travailler avec Francis Caste et de faire venir Joey en France c’était aussi de montrer que l’on pouvait faire de bonnes choses en France.

Stéphane : On est signés sur un label international, on va déjà essayer de vendre des albums et après on verra qui veut nous voir jouer.

 

ANR : Pour finir on va faire l’instant « je montre mon T-Shirt »

Frédéric : C’est une boite française qui s’appelle « Hate Couture » avec qui on est en partenariat. Je crois que le message est explicite. Je n’ai rien contre les gens qui croient, mais toute la récupération autour me dégoûte.

Stéphane : Dissection, c’est clair aussi. C’est un groupe que j’adore.

 

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