HOT on the rocks!

Interview avec Fred et Raphaël du groupe Mass Hysteria

vendredi/26/10/2018
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Mass Hysteria était au Parister pour une journée promo le jeudi 18 octobre. L’occasion pour nous de parler de la sortie de « Maniac » avec le guitariste Fred Duquesne et le batteur Raphaël Mercier.

 

Art N Roll : La première question est de savoir si on mange bien dans un palace parisien!

Raphaël Mercier: On a bien mangé oui (rires). J’ai pris une joue de bœuf excellente.

Frédéric Duquesne: et moi du poisson ! (rires) On a bu un super Mercurey et le Cognac arrive (rires)

Raphaël : Mais attention, ceci n’est pas notre lot quotidien !

 

ANR: En 2016 vous faisiez l’ouverture du Download, puis une scène vers 16h au Hellfest et 2 ans plus tard on vous retrouve en tête d’affiche pour ces deux mêmes festivals. Que pouvez-vous nous dire sur le travail accompli pour en arriver là et montrer que Mass Hysteria est un groupe qui attire du monde et peut tenir le rang de tête d’affiche ?

Raphaël : On n’a rien imposé, pour le Download c’est le festival qui a contacté notre tourneur en disant que comme ça s’était très bien passé la première fois ils proposaient de nous mettre un peu plus haut. Pour le Hellfest, je ne suis pas dans toutes les discussions, mais c’est Ben Barbaud qui gère sa prog du début à la fin. Il a estimé que Mass a cette place-là maintenant. Ça fait plusieurs éditions où les concerts de groupes français cartonnent, il s’est dit que ce serait bien de mettre les groupes français en avant.

Fred : C’est sûr qu’on sent un élan du public vers les groupes français.

Raphaël : des groupes qui chantent en français. Regarde ce qui se passe avec Ultra Vomit. Je pense aussi qu’en France les gens aiment ce qui dure. Les gens se disent que si on encore est là après 25 ans c’est qu’il y a une raison. Il y a sûrement d’autres groupes qui mériteraient cette place, mais pour l’instant c’est nous.

Fred : Juste pour revenir sur les horaires. Au Download on a joué à 14h certes, mais les gens étaient là, ils étaient frais et avaient la patate, et ça marque les esprits. Quand tu joues et que les festivaliers ont déjà 8h de concerts dans les pattes, tu as le risque de jouer devant un public un peu rincé. Je me dis que 15h, parfois ce n’est pas plus mal (rires).

Raphaël : Ce qui m’intéresse dans le fait de jouer plus tard au Hellfest c’est surtout de pouvoir bénéficier de meilleures conditions, comme les lights.

 

ANR : Mass Hysteria est un groupe de scène qui a marqué beaucoup de monde à travers des concerts partout en France. Ce que vous proposez sur scène c’est avant tout un spectacle interactif avec le public, un show où vous entrez dans la fosse, et encouragez sans cesse le public à venir vers vous. Cet élan de partage on ne le retrouve pas chez tous les groupes, c’est quelque chose que vous cultivez et c’est sûrement une des raisons de votre succès.

Raphaël : Je suis d’accord. On a un groupe de fan, qui s’appelle « L’Armée de ombres ». Je vois qu’ils s’appellent, qu’ils s’habillent de la même manière, il s’échanges des objets de collections, etc. Je n’ai pas l’impression que l’on retrouve ça chez beaucoup d’autres groupes.

 

ANR : On retrouve ça chez des nouveaux groupes, comme Rise of The North Star, qui a su fédérer un public autour d’un univers.

Fred : Oui c’est vrai, même si c’est un autre codage ils ont bien réussi.

Raphaël : Dans les vieux groupes tu as Kiss, même s’il y a un côté très business derrière, pour qui c’est les fans avant tout. Il y a une interaction.

 

ANR : Ça pose la question de la musique, car eux composaient pour répondre à l’attente des fans.

Raphaël : Oui, ça on ne le fait pas.

 

ANR : Juste avant de parler de l’album, peut-on revenir sur le concert du Download ? Comment l’avez-vous vécu ? Vous aviez un concept fort avec la mise en scène et ce drap blanc qui cachait la scène. Vous avez apporté pas mal d’animation sur scène avec les tambours, les danseuses, les pom pom girls. Comment tout ça a été pensé ? Même si le coup des tambours vous l’aviez fait à l’Olympia.

Fred : Mais tout le monde n’était pas à l’Olympia !

 

ANR : Oui mais il y a un DVD, qui est DVD d’or (rires)

Fred : Oui c’est vrai (rires)

Raphaël : Au début je ne voulais pas refaire le truc des tambours, parce qu’on l’avait déjà fait.

Fred : Quand tu proposes quelque chose, que ce soit bien ou pas c’est forcément critiqué. On ne veut pas que le groupe change, mais nous on a envie de proposer quelque chose de nouveau.

 

ANR : J’ai apprécié le fait que vous commenciez avec « Vae Soli » et « Vector Equilibrium », ce dernier étant mon morceau préféré. C’est un départ bien Metal, qui saisit le public.

Fred : J’aurais aimé commencer par « Vector Equilibrium », même s’il est difficile à jouer pour nous.

Raphaël : Moi aussi. Le départ brutal ça va être la tendance. On n’a pas encore décidé des setlists, mais « reprendre mes esprits » va sûrement ouvrir le bal pour les prochains concerts.

 

ANR : Mais si on revient au Download, comment avez-vous vécu le concert ?

Fred : Il faut se rendre compte que nous étions au milieu de rien. On avait changé de vie, on travaillait sur l’album, on était dans une petite pièce devant un ordinateur sans sortir. Et là tu te retrouves sur une scène devant des milliers de personnes, tu as eu 3 min de balances, tu n’as pas joué depuis mille ans et il faut que tout soit parfait.

Raphaël : Je l’ai pas très bien vécu ce concert. Il y a eu des problèmes de son, des problèmes de jeu, je n’étais pas content.

Fred : C’est ce qu’on appelle la zone. Chacun a une zone dans laquelle il vit des choses différentes. Certain ont l’impression d’avoir fait un très bon set alors que pour un autre ça ne tournait pas bien. C’est ce qu’il s’est passé au Download.

Raphaël : Sauf que quand tu as bien répété, tu as bien tourné tout le monde se retrouve dans la même zone.

Fred : C’est aussi la même chose pour le public, selon là où tu es dans la fosse tu ressens les choses différemment.

 

ANR : Je vous le confirme, d’ailleurs en début de set je n’entendais pas la guitare de Yann, c’était frustrant.

Fred : Tant que tu avais la mienne ce n’était pas un problème ! (rires)

Raphaël : Pas de balance, du vent, c’était difficile.

Fred : Quand tu as des pédales au sol, chaque pédale est allumée avec une petite lumière rouge, mais quand tu as le soleil dans les yeux tu ne sais pas si elle est allumée ou éteinte. Tu ne vois pas ton accordage, tu es complètement perdu.

 

ANR : D’où l’intérêt d’être tête d’affiche et de jouer la nuit (rires) Mais on va peut-être parler de l’album ! Un album résolument Metal, un cran au-dessus de Matière Noire. C’était une envie d’aller plus loin dans le Metal ?

Raphaël : Ah oui oui. Les morceaux sont venus comme ça.

Fred : Matière Noire a eu un succès que l’on n’aurait pas imaginé. N’importe quel groupe en aurait profité pour faire des titres plus mainstream. On s’est dit qu’on allait aller à fond dans ce qu’on aime faire et ce qu’on sait faire. Ce n’est pas une prise de risque.

Raphaël : Les trois anciens du groupes, Mouss Yann et moi, ne voulions pas refaire la même « connerie » de ressortir un album comme « de Cercle en cercle » après « Contraddiction ». On s’était un peu perdu dans la vague neo Metal. Là le premier morceau qui est venu c’est « reprendre mes esprits », ça a donné le ton pour le reste.

 

ANR : On retrouve un gros hommage à Slayer sur le titre homonyme « Ma niaque ».

Raphaël : Ah oui, et c’est complètement assumé. Yann est un grand fan de Jeff Hanneman, et c’est un hommage à ce guitariste, d’ailleurs le morceau s’appelait « Jeff » au début. Comme « Positif à bloc » était un hommage assumé à Pantera. Pour les metalleux qui ne nous aiment pas, sachez que nous on aime le Metal (rires)

 

ANR : Ce que l’on ressent à l’écoute de cet album, en plus d’un son lourd et d’une rapidité, c’est la technique qui ressort.

Raphaël : J’avais lu quand j’étais plus jeune une interview d’un batteur qui disait qu’il n’allait pas tout mettre dès le début comme la plupart des batteurs font pour en mettre plein la tête, mais qu’il en gardait sous le pied. Eh bien là j’en avait sous le pied. Et Yann aussi, parce que les riffs sont sacrément costauds. Il n’y a rien de simple à jouer, il y a plein de subtilités. Yann m’a poussé et je suis content du résultat. Je n’avais jamais utilisé des roulements partout, des plans de double, mais je sais faire aussi.

Fred : Quand on enregistre un album, le batteur c’est le premier qui passe, c’est le socle de l’album. Il faut que ce soit complètement réussi. C’était stressant pour lui.

 

ANR : Et au niveau du son, monsieur le producteur ?

Fred : Ce qui était nouveau c’est que c’est plus énervé que d’habitude. La première question était de savoir si Mouss, qui n’est pas un chanteur de Metal, allait pouvoir poser là-dessus. On s’est accordé en La, ce qui était nouveau pour nous. On a joué plus vite, mais on a découvert ce que nous étions capables de faire à chaque étape de l’enregistrement.

Raphaël : Et Mouss a relevé le challenge.

 

ANR : Il y a des passages qui sont même chantés, comme dans « L’Antre ciel éther ». On a l’habitude de l’entendre déclamer plus que chanter.

Fred : La voix de Mouss on l’adapte à la situation sur le moment. Il a quinze jours de prise de voix. Il arrive avec ses textes, ses punchlines et on réorganise tout. C’est quelque chose qui est fait dans l’instantané.

 

ANR : On retrouve un titre indus à la fin de l’album avec « We came to hold up your mind »

Fred : Ce sont des fans de Ministry !

 

ANR : Il est assez réussi et c’est une façon surprenante et intéressante de finir un album, même si c’est en anglais.

Raphaël : Maintenant qu’on a un irlandais dans le groupe on en profite (rires)

Fred : Et comment tu as pris ça, ce morceau qui n’a rien à voir avec le reste ?

 

ANR : ça m’a plu tout de suite, mais je suis adepte de Ministry et Nine Inch Nails et ça ne me dérange pas d’être déroutée par un groupe.

Raphaël : Le premier morceau qui est sorti de Mass Hysteria était « donnez-vous la peine et il démarrait par 8 mesures de pied techno seul.

 

ANR : Sur ce titre on sent des influences comme Depeche Mode dans le son et un travail assez recherché. C’est froid, mais subtile.

Fred : On ne sait jamais comment va être pris le fait de mélanger de l’électro et du Metal. Au Hellfest ils veulent du Metal, mais quand tu joues à Arras ils aiment bien le mélange.

Raphaël : Au Hellfest ils veulent du Metal oui, mais le public a évolué et est devenu plus éclectique.

Fred : Sur la tournée Matière Noire on a fait pas mal de festivals plus mainstream, dont Arras où on jouait entre Elton John et Lily Wood and the Prick, on s’est demandé comment les gens allaient prendre notre musique. Ils ne nous connaissent pas forcément, mais ça passe.

Raphaël : Le fait de chanter en français avec une voix accessible, les gens comprennent et ressentent notre énergie.

 

ANR : Pour moi Mass Hysteria en 3 mots c’est Partage, Energie et Sincérité.

Raphaël : Ah bah ça me plait bien ça, on va pouvoir mettre ça sur un T-shirt !

Fred : C’est parfait !

 

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