Art’N’Roll : Merci de nous recevoir, pas trop dure la promo à Paris ?
Isaac Holman, Slaves : (Dans un état de fatigue palpable) Pas du tout, c’est très agréable.
ANR : Tu as eu, ou auras, le temps de visiter le quartier (NDA : le quartier Latin) ?
IH : Oui, nous avons tourné autour du Jardin du Luxembourg, très agréable également. Nous prenons l’Eurostar tout à l’heure et dinerons à Londres.
ANR : Donc, nous sommes ici pour parler de votre troisième album « Acts of Fear and Love », qui est sorti le 17 août 2018, et de ses deux singles « Cut and Run » et « Chokehold »… Comme ses deux prédécesseurs, l’album s’est placé entre la dixième et la cinquième place des Official Charts (NDA : huitième). Il semble que ce troisième jet sonne plus anglais voire « anglocentré » que les deux précédents, comme une rencontre entre vous et Blur ou Elastica…
IH : Oui, je suis d’accord avec cette analyse, nous aimons ces deux groupes. Ils possèdent définitivement un son Britannique, comme nous.
ANR : Sur « The Lives They Wish They Had » il y a cette ambiance un peu fouillis et typiquement anglaise, avec ce parlé de la rue, un peu comme certains morceaux de Mike Skinner and the Streets…
IH : Absolument, Mike Skinner est un de mes héros.
ANR : Comme « Elastica » il y vingt-trois ans, vous sortez un album qui met en avant un gros son de batterie et des guitares dépouillées et indies…
IH : Oui, nous avons voulu expérimenter d’avantage le son, surtout celui des guitares, cette fois nous avons passé plus de temps à bosser en studio.
ANR : La production est claire et lourde à la fois, comme sur « Chokehold » ou sur « Artificial Intelligence », elle sonne bien dansante et entêtante, était-ce un choix délibéré de votre part, voire de votre producteur désormais « historique » Jolyon Thomas (U2, Royal Blood, The Magic Gang) ?
IH : Cela vient de notre producteur, mais celui-ci avait à l’avance compris que nos nouvelles chansons se prêteraient à ce gros son. Nous voulions que les gens les chantonnent et dansent dessus.
ANR : C’est un album à boire ?
IH : (Rires) Il peut l’être…
ANR : Il en a l’air…
IH : (Rires) Tu peux faire ce que tu veux en écoutant notre album !
ANR. Après la prise d’alcool, des problèmes peuvent survenir. Sur le morceau « Cut and Run », tu répètes vingt-quatre fois « You’re looking unwell » ! Est-ce une chanson d’un dimanche matin mal parti ?
IH : Oui, probablement. Ce morceau est parti d’une frustration. Nous étions en plein studio, et le processus de création était alors au point mort. Je jouais avec mon téléphone, en répétant « Tu as l’air d’aller mal », et Laurie (NDA : l’autre membre de Slaves) a pris sa guitare pour poser des notes dessus, j’ai ensuite collé un rythme de batterie, écrit des paroles supplémentaires et cela a donné cette chanson, relançant du coup les séances de travail. C’est le morceau le plus facile que nous n’ayons jamais fait.
ANR : « Photo Opportunity » sonne comme un Slow 60’s dégénéré, comment avez-vous eu l’idée de ce morceau à la Screamin’ Jay Hawkins ou à la Jagger fatigué ?
IH : Nous n’avions jamais fait ce genre de Slow. C’est parti sur quelques notes jouées à la guitare par Laurie. Cela ne ressemble pas à ce que nous faisons d’habitude, c’est un morceau assez étrange. Nous le jouons pendant les Soundchecks, c’est mon préféré sur ce nouvel album.
ANR : Tu aimes « Got Live if you want it » des Stones de 1966 ?
IH : J’aime les albums des Rolling Stones. J’aime ce Live.
ANR : Quel est ton album préféré des Stones ?
IH : Probablement le Greatest Hits (Rires) En fait, je ne suis pas un fan massif des Rolling Stones, j’aime leurs meilleurs morceaux.
ANR : Et ton Best of préféré des Beatles est le Rouge ou le Bleu ?
IH : Je ne sais pas, probablement un album : « Let it Be ».
ANR : Autre trait saillant chez Slaves : votre Artwork est étudié et très reconnaissable… Qui est ce bébé en couverture de l’album, qui apparaît sur d’autres photos du groupe ?
IH : C’est le fils de Laurie. Mais l’idée est de nous deux. Les toilettes et la salle de bain sont celles de ma maison à Londres, nous voulions joindre les deux pièces en une seule photo.
ANR : Votre Logo aussi est également intéressant visuellement. Avez-vous fait exprès de plagier ceux de Black Sabbath et de Slayer ?
IH : (Rires) En fait, Slayer fut le premier groupe sur lequel nous avons joué lorsque nous n’étions que des débutants, j’ai même gravé leur logo sur mon bras, comme sur la pochette intérieure de « Divine Intervention » et Laurie l’avait d’ailleurs pris en photo à l’époque. Après, en ce qui concerne notre logo, il est effectivement similaire même si nous ne l’avons pas consciemment fait exprès.
ANR : … Il est très similaire… Vous avez joué cette année dans un nombre impressionnant de Festivals en Grande-Bretagne, en Europe continentale et même aux USA, ce qui est assez rare pour un duo, comment expliquez-vous le fait que Slaves est en train de devenir un groupe de stades ?
IH : Merci. Nous ne nous y attendions pas du tout (Rires) Nous sommes aussi choqués que toi. L’essentiel est que nous y trouvons une nouvelle exposition, un nouveau public, c’est agréable.
ANR : Vous retournez jouer aux USA pour sept nouvelles dates en octobre, dont le California Jam en compagnie des Foo Fighters, d’Iggy Pop et de Garbage, comment se passe l’accueil outre-Atlantique ?
IH : C’est Fun. Car en Europe, nous jouons principalement dans de petites salles, dans une ambiance assez « Punk ».
ANR : Tous les groupes anglais ont mal vécu leurs tournées aux USA, des Beatles à Oasis en passant par les Sex Pistols : est-ce que Slaves est prêt à vaincre le signe indien ?
IH : Oui. A chaque fois qu’un groupe anglais part aux USA, tout se met à dérailler. Je ne sais pas quoi te dire, juste « ESPOIR » (Rires) Nous allons rester concentrés. Laurie ne boit plus, il gère mieux les tournées ces derniers temps…
ANR : Tous les groupes cités plus haut ont fait partie d’un mouvement, d’une mode musicale anglaise (British Invasion, Punk, Britpop) et pas vous visiblement : vous êtes seuls ?
IH : Pas tout à fait. Il y a un certain nombre de groupes Punks à l’esprit un peu comme nous, qui ne vont pas tarder à exploser, je pense à Idles…
ANR : Quelle serait cette fois le contexte historique et social ayant vu naître cette nouvelle génération ?
IH : Que nous ne nous rebellons contre rien, je pense.
ANR : Slaves mélange humour, propos social et gouaille du Sud de l’Angleterre, quel serait votre personnage préféré des trois que je te donne : Winston Churchill, Benny Hill ou Suggs (NDA : le chanteur de Madness) ?
IH : (Sourire de gros bébé ayant reconnu un visage familier) Mon préféré ? Suggs (Rires) Merci beaucoup !
https://youareallslaves.com/
https://www.facebook.com/slaves/