MERZHIN
Art’N Roll : Comment s’est passée cette journée promo ?
Jean-Christophe : Très bien ! Hormis le fait que tous les journalistes étaient malades donc pour nous c’était pas mal mais pour eux ça avait l’air difficile.
ANR : Votre album « Nomades » est sorti le 12 octobre, vous aviez donné l’opportunité à des petits chanceux de venir vous voir jouer sept morceaux inédits, quels ont été les retours ?
Pierre : En effet, il y avait les gens qui ont participés au clip ainsi que quelques fans et un peu de presse. Les articles que l’on a lus était plutôt bons.
ANR : C’est votre huitième album, on y découvre un son plus puissant, qu’est-ce qui vous a pousser dans cette direction-là ?
JC : On était arrivés au bout d’un cycle avec les deux/trois derniers albums et on voulait aller plus loin en termes de son. On trouvait qu’on était arrivés au bout avec « Babel » d’un certain style. Là, on voulait un album plus électrique. Avec Pierre, au chant on voulait quelque chose de plus brut donc on a eu la chance de pouvoir aller en studio, chose que nous n’avions jamais fait auparavant, il s’appelle le Black Boxe et est situé à côté d’Angers. Un studio magnifique très vintage avec du matériel d’époque vraiment excellent. On a travaillé avec Maze, Jean Marc Pinault, qui a super bien produit l’album.
Pierre : Depuis une dizaine d’années, on était en autoproduction totale donc on se servait du matos à disposition et en termes de son nous étions assez limités. Donc comme te disais JC nous étions arrivés en bout d’un cycle, on ne pouvait pas aller plus loin en termes de son et de production. La signature avec Verycords nous a permis d’avoir les moyens et paradoxalement plus de libertés pour faire de la musique car on gère notre propre label donc la musique devenait parfois secondaire et là, on a retrouvé une liberté totale sur la musique, le temps et les moyens, ce qui se traduit avec la chance d’avoir un studio et un réalisateur. Tout ça nous a permis d’étoffer le son et d’aller dans la direction qu’on voulait.
ANR : Donc cette arrivée chez Verycords s’est passée sous les meilleurs auspices ?
JC : Comme disait Pierre, ça nous permet de ne plus penser qu’à la musique et de ne plus se soucier du reste. Mehdi de Verycords nous a clairement dit quand il a été question de signer chez eux que l’on pouvait faire ce qu’on voulait donc on a pu pousser au maximum ce que l’on voulait faire sur cet album.
Pierre : On a travaillé avec toutes formes de production, on est passés par de la maison de disque major au début, en totale indépendance par la suite et aujourd’hui avec Verycords. Ce qu’on a vu comme différence c’est qu’on n’a rien perdu de notre liberté en fin de compte car même à l’époque les grandes maisons de disques avaient leur label en charge du développement et ils mettaient les moyens dans les projets auxquels ils croyaient, enfin du moins les gens avec qui nous avons travaillé. Mais on s’est quand même vite aperçu que nous les artistes, nous étions au service du business de la maison de disque alors que Verycords c’est l’inverse, ils se soucient vraiment de l’artiste et ils mettent des moyens au service de l’artiste. Pour nous c’est le juste milieu entre l’indépendance totale et les grosses maisons de disques.
ANR : Ils vont permis d’avoir plus de moyens, comment ça s’est ressenti ?
Pierre : Ça nous a permis de nous recadrer. Notre réalisateur nous a vraiment poussé dans nos retranchements donc il nous a aidé à sortir quelque chose d’assez brutal et puissant.
ANR : Dans cet album il y a un featuring avec Keumar de No One Is Innocent sur le morceau « Nomades » ?
Pierre : Ça fait longtemps que l’on aborde le thème de l’humanisme et de l’environnement, sujet que l’on retrouve pas mal chez les groupes de la scène indé des années 80/90. En plus, No one, c’est un groupe que l’on apprécie depuis qu’on est adolescents et on pensait que ce morceau pouvait lui parler sans pour autant être sûr qu’il allait accepter mais le fait qu’il soit chez Verycords aussi ça nous a aidé à le contacter et effectivement on ne s’est pas trompés car il a tout de suite adhéré.
ANR : Vous avez fait un clip de ce morceau, comment s’est-il monté ?
JC : C’est notre manager qui a eu l’idée. Ce clip est exécuté par des danseuses, d’ailleurs une des danseuses est journaliste qui a été sur l’Aquarius pendant un mois. Elle fait une expo bientôt à Paris, elle a pris des photos et écrit des textes donc tout est un peu lié même si ça s’est fait un peu par hasard. Ça nous a permis de joindre l’action à la chanson.
ANR : Vos textes sont très revendicatifs
Pierre : Oui en effet, mais on parle aussi de cinéma, de littérature. On pose beaucoup de questions sans forcément y répondre, on tente de faire réfléchir ce qui nous écoute et puis on relaie ce que l’on entend autour de nous. On a plus l’insouciance de nos 20 ans, on est pères de famille et on se sent dans l’urgence de dire les choses et par rapport à nos enfants on se sent un peu dans l’obligation de poser des questions.
ANR : Y a-t-il des thèmes que tu aurais aimé aborder au cours de ta carrière et finalement tu ne t’es jamais lancé ?
Pierre : On ne se met de filtre. On est sur ces thèmes là depuis des années parce qu’on se sent obligés de le faire. On n’est pas désabusés mais on attend que les choses changent et on a envie de le dire bien fort. C’est aussi une façon d’être citoyen de se servir de la musique pour dire ce que l’on à dire. On pourrait parler d’autre chose mais on se sent obligés de parler des sujets que l’on aborde.
ANR : Tu parlais d’acte citoyen, que faites-vous en tant qu’individu pour changer les choses au quotidien ?
Pierre : Je fais parti de plusieurs associations. Avec Merzhin on a aussi des actions caritatives dans nos tournées, on est très sollicités donc on essaie de se rendre disponible pour les causes qui nous touchent. Là, on va s’associer au mouvement Zéro Personne à la Rue et organiser un concert solidaire. C’est sûr, c’est des gouttes d’eau mais au fur et a mesure on rencontre des gens et ça les sensibilise. A notre échelle on essaie de faire les choses localement et on continuera en espérant que ça aboutisse à quelque chose un jour.
ANR : Les projets ?
JC : On ne va pas tarder à annoncer des dates, on en aura une quinzaine d’ici fin décembre/mi-janvier. Et après, ça repartira en mars jusqu’à la fin de l’année.