Art’N Roll : Votre album est sorti il y a quelques semaines, il s’intitule « True Rocker » et commence avec toi qui cries quelque chose à Marvin, très originale comme ouverture d’album, pourquoi ce choix ?
Jeremy Widerman: J’adore le funk, tu sais les vieux tubes que les gens écoutaient dans les années 70 et tu peux les entendre crier en fond et ça m’a toujours donné l’impression que ce détail te faisait ressentir l’atmosphère dégagée dans la pièce où avait lieu l’enregistrement. Tu as l’impression d’être avec ces gens qui s’éclatent tous ensemble.
On n’avait pas prévu de commencer l’album ainsi, mais on voulait avoir beaucoup de « moments » et d’avoir ce passage qui fait ressentir que l’on passe un bon moment ensemble, on a décidé de le garder. Tu sais c’est le genre de choses qui ne sont pas prévues mais finalement ça tombe à pic et le rendu est top.
ANR : « True Rocker » feat Dee Snider est une lettre d’amour au Rock’ n Roll, ai-je bien capté le message ? Comment Dee Snider est arrivé en guest ?
Jeremy : Ce que tu viens de dire est 100% exact. Cette chanson est une vraie déclaration d’amour au rock’ n roll.
En ce qui concerne le choix de Dee Snider, il s’avère qu’il est fan du groupe depuis très longtemps, il nous a découvert lors d’un de ses voyages à Toronto, il est allé dans un bar et un fan y travaillait et passait notre musique, il a adoré et nous a retrouvé sur Twitter et voila comment la rencontre a eu lieu dans un premier temps.
Pour son intervention sur le titre « True Rocker » lorsque nous avons commencé à travailler dessus on s’est dit que l’on voulait un passage très fort ou un prédicateur parlait de notre amour pour le rock’ n roll et que ça serait bien que cela soit fait par une personne extérieure au groupe donc on n’a pas hésité et on lui a demandé, il a bien évidemment répondu présent.
ANR : Je trouve que cet album est plus varié que les précédents, es-tu d’accord avec moi ? Est-ce une évolution pour Monster Truck ou vous vouliez tester autre chose ?
Jeremy : Je confirme que cet album est plus varié, cependant je n’utiliserais pas le mot « Evolution » même si une de nos chansons s’intitule ainsi. Je pense que dans un sens nous sommes allés trop loin sur cet album. J’adore ce que nous avons fait et la façon donc nous avons poussé nos limites mais si c’était à refaire je ne pousserais pas aussi loin. Ce n’est pas une évolution car on ne va rester au même endroit que sur cet album, il nous a permis de voir jusqu’où on pouvait pousser musicalement et aussi en tant que groupe.
Pour le futur album il faudra trouver un juste milieu entre pousser les limites à fond tout en gardant ce côté classique blues rock.
Je ne te cache pas que certains de nos fans de la première heure nous ont fait part d’un peu de déception quant à « True Rocker », ils ont trouvé que nous nous sommes trop éloignés du vrai son de Monster Truck, que ça sonnait trop rock moderne.
On a vraiment appris sur cet album, les chansons sont vraiment géniales mais si c’était à refaire je ne les ferais pas sonner aussi modernes donc nous allons travailler afin de trouver un juste équilibre.
On a voulu faire quelque chose de plus diversifié et ça nous a permis d’apprendre beaucoup pour le futur du groupe.
ANR : En effet, sur quelques chansons comme « Evolution » ou même « Young City Hearts » j’ai trouvé que le son était « propre ».
Jeremy : Peut-être même trop propre je dirais.
ANR : Mais hier lors du concert quand vous avez joué « Evolution » vous avez fait du Monster Truck.
Jeremy : Mais oui, c’est exactement ça.
Je ne te raconte pas les appréhensions que nous avons au moment de l’enregistrement. Sur ce côté trop lisse car on se pliait à la façon de voir les choses du producteur. Mais cela ne veut pas dire que la chanson est mauvaise. Quand tu l’écoutes en live tu te rends compte à quel point elle est immense et réelle.
On a enregistré ainsi en laissant faire le producteur, parfois ça peut t’amener à enregistrer le meilleur album de tous les temps et parfois ça te permet d’apprendre et tirer des leçons de ce genre d’expérience qui te permettra de sortir un meilleur album ensuite.
On n’a pas été mauvais, on n’a rien foiré sur cet album, c’est juste qu’on s’est un peu trop éloignés de ce qu’est Monster Truck.
ANR : Peut-être qu’il vous manque une personne de confiance pour l’enregistrement ?
Jeremy : En effet, il nous manque encore un élément au niveau du studio. On n’a pas encore réussi à trouver la meilleure des recettes au niveau de l’enregistrement. C’est un vrai problème pour nous.
On a besoin de trouver la personne qui va combler le manque et va réussir à nous aider à construire quelque chose sur le long terme. On a besoin d’aide à ce sujet et trouver la cinquième personne qui va réussir à nous faire nous exprimer comme on le veut en tant que musiciens et en tant que groupe.
C’est notre faiblesse donc on doit travailler dessus.
ANR : Je trouve que Jon a évolué vocalement sur cet album, tu ne trouves pas ?
Jeremy : Je suis assez d’accord et Dan Weller a joué un grand rôle dans cette évolution. On a passé tellement de temps avec Dan a bossé les paroles et la voix donc ça nous a vraiment aidé à progresser et à apprendre à mieux nous service de notre organe vocal.
ANR : J’ai lu que tu détestais tourner ? Est-ce qu’après 10 ans tu as pris un peu plus goût à tourner ?
Jeremy : Non ! Je déteste vraiment ça.
J’adore être sur scène plus que tout au monde, j’adore jouer pour nos fans mais je déteste tout le reste.
Je considère qu’une journée en tournée c’est 23 hours of bullshit pour juste une heure du meilleur mais ça vaut le coup. C’est tellement bon de jouer en live.
Par exemple hier on a dormi dans le bus mais on n’avait pas de courant donc on s’est retrouvés sans air, tu ne peux pas recharger ton téléphone, tu ne vois rien car tu es dans un parking donc tu ne peux pas aller aux toilettes non plus.
Donc tu es allongé sur ta couchette et tu ressens encore le show, tu es toujours sur ton petit nuage mais deux heures plus tard tu dors dans un parking sans courant, sans air et sans la possibilité d’aller aux toilettes, tous le monde ronfle donc franchement c’est dur d’aimer tourner de ce point de vue-là.
ANR : 2019 va signer les 10 ans du groupe, avez-vous envisagé de faire quelque chose de spécial pour cet anniversaire ?
Jeremy : On est tellement à la ramasse que nous n’avons rien de prévu. Mon anniversaire est dans deux semaines et je n’ai absolument rien prévu. Je ne sais même plus quel âge je vais avoir tellement je ne suis pas du genre à fêter les anniversaires.
Mais une chose est sûre c’est que je suis très fier que nous soyons encore présents avec le line up d’origine. J’ai beaucoup de gratitude et de respect pour ce qu’il nous arrive.
J’aime y penser au quotidien plutôt que de me focaliser sur une date en particulier.
Je verrais plus une réunion autour de l’anniversaire de « Furiosity » et partir en tournée en jouant uniquement cet album mais si c’était à organiser on le ferait surtout pour les fans car pour nous ce n’est pas très important.
ANR : Un mot de la fin ?
Jeremy: I love France and look forward to see you in May.
Je ne dis pas ça car je fais une interview pour les Français mais la France a été un pays vraiment accueillant avec nous et je vous en remercie.
10 Mai 2019 – l’Empreinte de Savigny le Temple
11 Mai 2019 – Forum de Vauréal