Le groupe américain Badflower était à Paris le 5 avril dernier pour leur premier concert en France. Art N Roll a pu échanger avec Anthony Sonetti (batteur) et Joey Morrow (guitariste)
ARN : Quand on écoute « Ok, I’m sick » on est d’abord frappé par son éclectisme musical. On sent que vous n’avez pas cherché à rentrer dans une case, qu’elle soit rock ou autre.
Anthony Sonetti : Nous écoutons tous différents types de musique, même si nous avons parfois quelques goûts communs. Je suis plutôt un fan de post rock, Alex aime The Smith ou The Cure, Josh aime aussi ces groupes un peu moody. On essaie juste de ne pas s’ennuyer avec un style en particulier.
ANR : Vous commencez l’album avec un morceau qui a une énergie presque punk, puis enchainez avec un style totalement différent et au bout du troisième morceau on se dit juste qu’il n’est pas possible de savoir à quoi le prochain ressemblera.
Anthony : Josh aime écrire ses paroles pour en faire des histoires. L’histoire va dicter l’ambiance du morceau. « Ghost » est triste, le début est mélancolique puis ça devient très sombre. On essaie d’aligner la musique sur le contenu des paroles.
ANR : Oui, et ce lien entre contenu et musique est très cohérent. Si on lit le titre « heroine » on s’attend à quelque chose de lourd et mélancolique et c’est ce qu’on retrouve à l’écoute.
Anthony : Ce morceau est un de nos plus anciens. Il est vraiment mélancolique. C’est lourd mais aussi assez lent.
ANR : Votre tire « Murder Games » semble parler de la cruauté envers les animaux, êtes-vous vegans ?
Anthony : La plupart du groupe l’est, mais pas tous. Josh et Alex le sont complètement. Josh a écrit les paroles, c’est un sujet qui lui tient à cœur. Tout ce que l’on promeut ou projette vient de ce que l’on ressent au fond de nous.
ANR : Vous êtes également sensibles au changement climatique ?
Anthony : Oui, même si on ne peut pas dire qu’on soit impliqués. Plus j’en apprends sur le sujet et plus ça me déprime.
ANR : « Girlfriend » est loin d’être une chanson d’amour, quelle est l’histoire derrière ce morceau ?
Joey : Il s’agit de l’obsession que certaines personnes ont pour les réseaux sociaux. Cette volonté de vouloir noter les autres, de ne pas se montrer au naturel mais toujours avec un filtre. La culture du selfie. Il parle aussi d’une relation assez intense qu’il a eue.
ANR : Quelle est votre relation avec les réseaux sociaux ?
Anthony : On est présents sur tous les médias, on essaie de rester en contact avec les fans. Ce n’est pas toujours facile. C’est une vraie attente que les nouvelles générations ont. Ils ne vont plus sur MTV pour juste regarder des clips. Ils veulent entrer en contact avec les artistes. C’est comme ça que ça marche.
ANR : Parlons un peu du morceau qui vous a propulsé sur le devant de la scène « Ghost ». C’est un titre écrit de manière très directe pour parler d’un sujet qu’on a pas l’habitude de voir mis à jour aussi crûment. De nombreuses personnes ont exprimé le fait que vous les aviez aidées à traverser des périodes difficiles. Comment ressentez-vous ça ?
Anthony : C’est un titre intéressant pour nous. Quand on l’a fait on ne pensait pas que le morceau serait sur l’album. On le trouvait sombre et on avait peur qu’il puisse être perçu comme une glorification du suicide. Alors que le message passé est au contraire de s’ouvrir aux autres et de chercher de l’aide. Le label a soutenu l’idée de le mettre en avant et d’en faire un single. Nous n’étions pas sûrs mais on a accepté. On s’est rendu compte que le sujet touchait énormément de monde.
ANR : C’est un sujet bien présent dans nos vies et vous avez une manière de délivrer une vérité assez brutale.
Anthony : Oui c’est exactement ça, une vérité brutale. C’était un choix conscient de ne pas utiliser de métaphores ou de tourner autour du pot.
ANR : Etes-vous impliqués dans la réalisation des vidéos ?
Anthony : Oui, on fait tout nous-mêmes. On a essayé de travailler avec d’autres personnes, mais le résultat était moins bon donc on a continué à faire ça en interne.
ANR : Est-ce qu’il y a des groupes qui vous ont marqués récemment ?
Joey : J’adore Nick Perri, il avait un groupe auparavant qui s’appelait Silvertide. Il a aussi été avec Shinedown à un moment. Il a un nouveau groupe qui s’appelle « Underground Thieves ». Leur musique a des racines dans le rock et le blues, il y a un chanteur différent sur chaque morceau que Nick fait venir.