HOT on the rocks!

Interview avec Olav Dowkes du groupe Bokassa

mercredi/12/06/2019
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Interview avec Olav Dowkes, batteur du groupe de Stoner Punk norvégien Bokassa réalisée au 1999 la veille de leur concert au Stade de France.

J’ai toujours aimé les veilles de fêtes, à l’instar du 23 décembre. J’irai demain, dimanche 12 mai 2019, voir Metallica au Stade de France, apportant dans sa hotte Ghost et Bokassa. Et ce soir, je m’entretiens avec Olav, le batteur du groupe norvégien Bokassa, dans le XIe arrondissement. Une veillée parfaite. « Le jour qui précède celui dont il est question » écrivait Emile Littré. Oui, car Bokassa n’a pas souhaité prendre de journée chômée, et a gratifié une petite fraction du public parisien d’un mini-concert Stoner au 1999, situé rue Saint-Maur. A l’entrée, en face du zinc, un petit étal de Merch a été aménagé, y figurent notamment des tricots noirs avec inscrit « Who’s the Fuck is Bokassa ? », référence lointaine à celui que portait Keith Richards durant la Stones Touring Party de 1972 (« Who’s the Fuck is Mick Jagger ? »), ce qui augure une conversation de bon aloi. En prélude à cet intimiste Show Case, et à pas loin de vingt-quatre heures de leur performance à taille gigantesque du dimanche, nous nous attablons, t-shirts vintage Anthrax et Metallica sur nos dos respectifs, dans une atmosphère affable, propice au volubile. La première question posée, taraudant le lecteur francophone un tantinet ouvert sur l’histoire du Monde, fut logiquement, vous en conviendrez avec moi :

Art’N’Roll : Bonjour, pourquoi ce nom « Bokassa » ?

Olav Dowkes (Batterie) : Oui, je connais l’histoire, je sais que la France a eu des relations assez étroites avec cet autocrate africain. Au moment de la formation du groupe, le chanteur et moi avons eu à réfléchir sur un nom. J’avais lu sur ce type : en Norvège il n’est pas très connu…

ANR : Avez-vous quand-même conscience qu’ici en France, le nom de Bokassa intrigue, voire suscite l’hilarité ? Notamment chez les plus de cinquante ans et les africains…

OD : Nous le savons maintenant. Nous aimons ce nom, même s’il ne parle pas trop aux autres peuples à commencer par le nôtre. Ce nom est plein de caractère, comme « Metallica », comme « Megadeth » le sont… Après, j’espère que les gens comprendront que nous ne sommes pas uniquement un nom de groupe…

ANR : Il est « Catchy » !

OD : (NDA : me montrant sa batterie) Je trouve qu’il rend bien sur la peau de ma grosse caisse.

ANR : Tu l’aimes ?

OD : Je l’aime.

ANR : Congrats !

OD : Merci.

ANR : Commençons par le commencement. Vous venez de Trondheim, en Norvège, ville connue pour avoir été celle où a été enregistré un Live des Sex Pistols (NDA : « Live in Trondheim, 21st July 1977 ») : pouvez-vous nous parler de votre ville ?

OD : Oui, j’ai entendu parler de ce disque. Tout d’abord, aucun des trois membres du groupe n’est originaire de Trondheim, nous provenons de différentes parties de la Norvège. Trondheim est une grande ville étudiante, universitaire, où beaucoup de norvégiens viennent s’installer afin de suivre leurs études. Pour te décrire la ville, il s’agit d’une agglomération de grande taille en comparaison des autres communes norvégiennes, elle n’est pas si étendue que cela néanmoins. C’est une ville agréable, qui possède un passé médiéval palpable, et il s’y passe toujours quelque chose. J’y ai vécu afin d’étudier à la Faculté, et j’ai rencontré notre bassiste (NDA : Bard Linga), puis notre chanteur-guitariste (NDA : Jørn Kaarstad) qui travaillait alors pour une Radio nationale.

ANR : Tu écoutais quoi ado ?

OD : Le premier groupe qui m’a intéressé fût AC/DC, à l’âge de onze ou douze ans. AC/DC m’a envoyé vers Metallica, lequel m’a orienté vers Black Sabbath en grandissant. Le premier disque-compact que j’ai acheté fût le « Black Album », le t-shirt que tu portes aujourd’hui.

ANR : Vous vous êtes rencontrés comment et quand ?

OD : En 2014. Bard cherchait un batteur pour son groupe, et je n’avais pas joué de batterie depuis nombre d’années. On a attaqué une répète ensemble, et je me suis aperçu d’emblée qu’il avait un paquet de riffs cools dans sa besace. J’ai commencé à improviser à la batterie, et cela a tout de suite collé.

ANR : Es-tu influencé par Dave Grohl ?

OD : Oui, Dave Grohl est une de mes idoles ! J’aime bien les Foo Fighters, et j’aime encore plus ce qu’il a fait à la batterie sur le disque de Queens of the Stone Age, heu…

ANR et OD (De concert tout fort) : « SONGS FOR THE DEAF » !!!

OD : (Rires) Je suis également influencé par Dale Crover, le batteur des Melvins.

ANR : Vous dites jouer du « Stoner-Punk »… Cette nouvelle appellation ne semble-t-elle pas oxymorique ? Le Stoner est lent, contemplatif et lysergique, tandis que le Punk est rapide, actif et mélodique ?

OD : Exactement. Cette appellation est celle qui figure dans notre dossier de presse. « Lent », « rapide, ce ne nous décrit pas réellement. Nous sommes un mélange. A mon sens, cela veut surtout dire que nous aimons tous les trois différents styles de musiques : le Thrash Metal, le Punk-Pop, etc…

ANR : Quels sont vos liens avec les autres groupes Stoner-Punk ? Avec les groupes Stoner, et aussi avec les groupes Punk de Norvège… et d’ailleurs ?

OD : Non aucun lien (Rires)

ANR : Est-ce que Bokassa est tout seul ?

OD : (Rires) En Norvège du moins. Nous sommes assez uniques, sans vantardise de notre part : je sais que cela sonne « Douchebag » de dire que nous sommes « uniques », mais il est vrai que nous ne sommes rattachés à aucune autre scène chez nous. En Norvège, tu as des groupes de Stoner d’un côté, des groupes de Punk-Pop d’autre part : nous, nous sommes un mélange entre ces genres.

ANR : Le très correct et influent bimensuel américain Revolver Magazine vous a, à ce titre, récemment comparé à vos compatriotes de Turbonegro, annonçant que vous alliez être de surcroit une des révélations Rock – Metal de l’année 2019…

OD : (Touché) Ah ouais ?!? J’aime Turbonegro. Tout le monde dans Bokassa aime Turbonegro, ce qui est rare puisque nos goûts respectifs sont différents. Je sais que Turbonegro est assez populaire en France, ils sont passés au Hellfest. C’est flatteur. Et de se faire qualifier de « Next Big Thing » est également très flatteur. Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire que de dire « Merci » à Revolver Magazine, je suppose…

ANR : Force est de constater qu’en plus de nom de groupe, vous êtes également fortiches en titres de disques et de chansons, puisque celui de votre premier album, paru en 2017, s’intitule « Divide & Conquer » ? Peux-tu nous en dire plus ?

OD : Cela fait référence à une stratégie militaire classique, éprouvée depuis l’époque romaine. Nous faisons référence à Jules César…

ANR : A Napoléon ?

OD : Oh Napoléon (Rires) Non, je ne crois pas…

ANR : Peut-être Machiavel ?

OD : Peut-être Machiavel… Peut-être Machiavel…

ANR : Ça fait très titre de jeu vidéo, non ?

OD : Non. Pas à mon sens. Mais nous aimons le titre de ce disque.

ANR : Lequel de vous en a eu l’idée ?

OD : C’est Jørn, notre chanteur-guitariste. C’est lui qui écrit les paroles de nos chansons.

ANR : Pareil, sur cet album, une des chansons s’intitule « Walker Texas Danger »… De quoi cause-t-elle bon sang ?

OD : C’est juste un jeu sur les mots. Tu connais la série télé « Walker Texas Ranger » ? (Rires) Nous avons pris du plaisir à trouver ce titre.

ANR : Vous venez de sortir un simple, intitulé « Mouthbreakers Inc. », qui préfigure la sortie de votre deuxième disque : cette chanson cause de quoi ?

OD : Pareil, c’est Jørn qui choisit les paroles. Mais, je crois savoir qu’elle parle d’un dictateur dont le régime s’effondre, et qui réfléchit à la suite… Alors…

ANR : Ouais, ouais… Encore un truc militaire…

OD : Affirmatif ! Les trucs militaires sont toujours cools à traiter, c’est intéressant…

ANR : Vous écoutiez quoi avant et pendant l’enregistrement de cet LP ?

OD : Je ne peux te répondre avec précision : un paquet de choses différentes ! Nous ne sommes pas dans un plan où nous nous imprégnons d’autres artistes durant l’enregistrement, « cela doit sonner comme ci ou comme ça »… Hum, je ne me souviens plus (Rires) Je ne suis même pas capable de me remémorer ce que j’ai écouté ce matin, alors… Pas mal de choses différentes… Comme Carcass, tu connais Carcass ? Ils sont de Grande-Bretagne, et c’est du Death Metal…

ANR : Bien sûr, intéressant… Tu es donc la partie « Metal » du groupe Bokassa ?

OD : Oui.

ANR : Votre deuxième album sortira ainsi cet été : il y aura-t-il un ou plusieurs hymnes instrumentaux comme « Immortal Space Pirate (The Stoner Anthem) » qui figure sur le premier disque ?

OD : Ouais ! Il y aura « Immortal Space Pirate (Part 2) » ! (Rires)

ANR : Cool ! C’est bizarre, mais cet instrumental me fait penser aux Hives…

OD : Aux Hives ?

ANR : Le Riff de guitare, un peu « Coin-Coin », tu vois ?

OD : (Amusé) Oui, je vois ! On aime bien les Hives. On va voir ce que tu penses de la deuxième partie…

ANR : Elle est différente de la première ?

OD : Elle est longue, je ne me souviens plus de la durée de la première sur notre disque… Tu le sais ?

ANR : C’est dans les sept minutes…

OD : Ouais, dans les sept minutes (NDA : 7 mn 25) Je ne me souviens plus de la durée exacte de la deuxième partie, mais elle est un tout petit peu plus longue que la première.

ANR : En parlant d’instrumentaux, tu aimes Apocalyptica ?

OD : Oui, oui, même si ce n’est pas exactement pour moi.

ANR : Alors, on retourne en France… Demain dimanche soir vers 18 heures 15, vous investissez…

OD : … Le Stade de France !

ANR : … Le Stade de France, quel est votre Feeling ce samedi soir ?

OD : Mon Feeling : c’est que c’est la plus grande enceinte de cette tournée, c’est le public le plus massif… Je ne sais pas vraiment… Je veux dire : nous allons monter sur scène et attaquer… Cela va être gros…

ANR : Tu connaissais le Stade de France ? Zidane…

OD : C’est au Stade de France qu’il a mis un coup de boule ?

ANR : Non, c’était en Allemagne… C’est au Stade de France qu’on a gagné la première Coupe du Monde, la seconde c’était en Russie…

OD : Oui, je sais.

ANR : Si tu es Fan d’AC/DC, c’est au Stade de France qu’ils ont fait un rappel sur « Ride on » en 2001, presque tous vêtus de maillots de l’Equipe de France de Football de l’époque… Probablement un hommage au groupe français Trust, qui a repris « Ride on »…

OD : Waoh ! Cool ! Ça sonne vraiment cool !

ANR : Regarde la vidéo sur YouTube avant de monter sur scène demain !

OD : Avant-hier, nous avons joué en Suisse, à Zurich, et j’avais un souci avec l’abonnement de mon portable, je ne pouvais rien lire dessus. En France, cela capte à nouveau, je vais regarder tout cela… Ouais !

ANR : Une photo de vous trois en coulisses à Milan a été postée sur votre page Facebook mercredi 8 mai en compagnie de Lars Ulrich ; au soir de votre première date commune à Lisbonne quelques jours auparavant, Metallica vous a offert une bouteille de Blackened (NDA : le Whisky US commercialisé par Metallica) accompagné d’un élégant mot : tout semble baigner avec Metallica ?

OD : Oui, tout va bien ! Lars Ulrich nous a effectivement offert une bouteille avant le premier concert, à Lisbonne. Également, l’accueil du public de Metallica est pour l’instant très bon vis-à-vis de nous ! On a joué à Milan mercredi dernier, et nous avons constaté que lorsque les italiens t’apprécient, ils deviennent démonstratifs. Les suisses ont été un tantinet plus réservés, mais ils se sont lâchés après le concert sur Facebook et Instagram sur le thème « Vous assurez Bokassa ! ».

ANR : Vous communiquez un peu avec votre voisin suédois, Tobias Forge, de Ghost ?

OD : Oui, il est venu nous voir dans les coulisses, nous dire bonjour. C’est quelqu’un d’agréable, il nous a parlé en suédois. Nous avons également échangé avec les Ghouls (NDA : les musiciens masqués de Ghost) : des gens très sympas (Rires)

ANR : Prenez-vous le temps de profiter de leurs concerts d’un point de vue Backstage ?

OD : Oui, mais pas systématiquement. Nous avons réalisé que Ghost joue toujours la même liste de morceaux, tandis que Metallica oscille entre deux listes en fonction des soirs.

ANR : En prévision de demain, je n’ai pas osé regarder la Setlist des concerts précédents…

OD : Non, non, non, ne le fais pas, il faut que tu conserves la surprise… C’est préférable de ne pas savoir ce que Metallica va jouer demain. Pour nous, ce sera la sixième fois que nous nous produisons avec eux sur cette tournée, je peux te garantir que c’est cool de se tenir sur le côté de la scène, et de voir Metallica jouer (Rires) C’est irréel.

ANR : Monster Magnet, Deftones, Lamb of God, Mastodon, Gojira… Lars Ulrich ne s’est absolument jamais trompé quant aux débutants choisis afin d’accompagner Metallica en tournée mondiale depuis vingt ans…

OD : (Rires)

ANR : Entre deux dates de cette épopée commune, vous avez souhaité jouer seuls en tête d’affiche à Séville le 2 mai dernier puis à Lyon le 6 mai dans des petites salles ; vous jouez donc ce soir à Paris, au 1999 : pas trop bizarre cette alternance dimensionnelle ?

OD : Pour ces concerts de taille nettement plus modeste, nous jouons devant environ quarante personnes à chaque fois. Il n’y a pas besoin de se produire devant des dizaines de milliers de spectateurs pour que le concert soit bon. Nous prenons autant de plaisir de jouer devant une audience intimiste à Séville que dans le stade de Valdebebas à Madrid le lendemain. En tous cas, je ne peux pas te dire lequel des deux types de concerts est le plus agréable à jouer…

ANR : C’est la première fois que tu viens à Paris ?

OD : C’est notre premier concert à Paris avec Bokassa. Je suis déjà venu auparavant, je suis allé à Eurodisney quand j’avais six ans. Sinon, je connais un tout petit peu le Sud de la France, puisque ma famille possède une maison là-bas…

ANR : Sud-Ouest ou Sud-Est ?

OD : Pfffffffff, je ne sais pas…

ANR : Côté Méditerranée ou façade Atlantique ?

OD : Méditerranée je crois…

ANR : Nous arrivons au terme de cet entretien, je te propose un trombinoscope spécial groupes qui ont des noms de personnalités ayant fait l’histoire… Il n’y en a pas tant que cela… Je te dis un nom de groupe qui correspond à une figure historique, et tu me réponds ce qui te viens direct à l’esprit… OK ?!?

OD : OK !

ANR : On commence : Sugar Ray ?

OD : Je n’ai pas tellement écouté Sugar Ray. J’ai acheté le disque quand j’étais adolescent, parce que dans ma ville natale, il n’y avait pas un si grand choix que cela chez le disquaire… Je pense que ce groupe n’est pas pour moi.

ANR : Marylin Manson ?

OD : C’est cool. Mais, je n’aime pas ses derniers trucs.

ANR : Iron Reagan ?

OD : Iron Reagan est cool. Oui. J’aime incontestablementTony Foresta, leur chanteur.

ANR : Bathory ?

OD : Bathoryest cool. Je n’écoute pas tellement.

ANR : Dead Kennedys ?

OD : J’aime énormément les Dead Kennedys.

ANR : Bukowski ?

OD : Bukowski ?

ANR : Un écrivain US, et un groupe français…

OD : Oui, je connais le groupe, et j’ai lu « Ham on Rye » (NDA : « Souvenirs d’un pas grand-chose ») de Bukowski.

ANR : Franz Ferdinand ?

OD : Heu… J’apprécie les personnes, mais je n’aime pas le groupe.

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https://bokassa.probitymerch.com/

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