Une mise en jambe réussie avec le Knotfest
Le festival itinérant Knotfest posait ses valises au Hellfest pour une forme de Warm Up suivie par plus de 37 000 personnes. Une programmation éclectique pour une première édition à quatre jours. Cette année, il va falloir être en forme pour arriver au bout du Hellfest!
La première étape est la découverte du site et de ses nouveautés. Le décor en jette encore plus avec ses sculptures supplémentaires, sa forêt du muscadet aux airs de Mad Max et les nouveaux écrans qui remplacent les classiques backdrops.
La soirée commence par les vétérans énervés de Sick of it all, venus présenter « Wake the Sleeping Dragon ». Comme à son habitude le groupe transforme la fosse en zone de guerre en balançant un hardcore puissant et toujours aussi efficace. Une entrée en matière sacrément réussie pour ce premier jour.
Des vétérans toujours avec Ministry, qui revient un peu plus en forme que lors de leur dernier passage au Hellfest. La setlist n’a pas vraiment bougé. La prestation ne restera pas dans les annales, mais ça fait plaisir de se mettre en jambe sur « Just one fix ».
Le festival commence vraiment pour moi avec l’arrivée sur scène de Papa Roach sur « Last Resort ». Les américains ont décidé d’envoyer du lourd avec ce départ en trombe. Jacob, sa belle chemise rose et ses musiciens sont très en forme et visiblement ravis d’être à Clisson. Ils enchaînent leurs tubes avec un dynamisme communicatif. C’est une véritable avalanche de riffs et d’énergie que Papa Roach nous offre pendant une toute petite heure, qui passe bien trop vite. Une heure 100% hits, avec en bonus la reprise de « Firestarter » en hommage au défunt chanteur de Prodigy. L’année prochaine marquera les 20 ans d’Infest, une tournée anniversaire est en préparation, espérons qu’elle passe par la France.
Les groupes bien habitués du Hellfest se suivent comme Powerwolf ou Behemoth. Leurs costumes de scènes donnent un peu chaud à voir mais les prestations sont solides et les amateurs semblent apprécier.
Il est temps de se prendre plein de paillettes dans la têtes avec Monsieur Rob Zombie et son merveilleux guitariste John 5. Un concert boule à facettes, millimétré, qui fait la part belle à ses succès et prend le parti de faire pas moins de deux reprises avec le génial « Helter skelter » et le très dispensable « Blitzkrieg Pop ». Toute la fosse reprend en chœur le refrain de « Dragula » avant de remercier le showman.
Place à l’acte principal, assuré par les trublions de Slipknot. Une mise en scène un peu vieillotte avec un tapis roulant tout droit sorti de chez Rammstein. L’invitation est un peu décevante. Si les masques ont été renouvelés, on ne pas dire que ce soit une grande réussite, et que penser des costumes aux codes barres vieillissants… Côté musique, le son n’est pas optimal et ne favorise pas la lisibilité des instruments. C’est dans une certaine cacophonie que le groupe débute avec « People = shit », annonçant ainsi un set sans compromis dans lequel on retrouve 8 titres issus des deux premiers opus Slipknot et Iowa. Une setlist assez brutale, où l’on prend beaucoup de plaisir à entendre « Before I forget » ou « Duality », mais qui manque de passages vraiment forts. Sur « The devil in I », la voix de Corey a du mal à résonner, ce qui gâche le morceau. Une prestation en demie-teinte, malgré de hautes attentes pour un dernier album dont les singles laissent à penser le plus grand bien.
La soirée se termine avec Le boys band Sabaton, qui livre sa vision grandiloquente des grandes batailles historiques. Mêmes costumes que la dernière fois, mêmes chorégraphies, même setlist, d’ailleurs le groupe lui-même mentionne cette impression de déjà-vu. Le show fonctionne, c’est du spectacle, mais bon, il est temps d’aller se coucher.
Une quatorzième édition qui se termine en apothéose
JOUR I
Chaque journée au Hellfest donne lieu à tellement de moments forts et de concerts qu’il est difficile d’être partout en même temps. Finalement, merci à Manowar de laisser un peu de place pour respirer dans cette programmation. Et puis, vu les détournements que ça génère, on risque d’en rire encore longtemps !
Sous la tente de l’Altar on retrouve Daughters, qui a sorti récemment l’excellent « You won’t get what you want ». Fidèle à lui-même Alexis Marshall propose un show déjanté, dans lequel on le voit entrer en transe, se frapper avec son micro ou encore se fouetter avec sa ceinture. L’intensité de l’interprétation des musiciens est une belle claque, les morceaux prennent vie avec un son plus lourd et plus percutant. Malheureusement un incident technique prive le groupe de l’un de ses guitaristes pendant quelques temps. Les autres restent imperturbables, ancrés dans leur show.
Sur la Mainstage ce sont les américains de Godsmack qui prennent place, pour un show nettement plus carré. Alternant entre titres récents et tubes du passé, le groupe assure un bon concert et cherche à engager le public au maximum. Le spectacle se fait à travers un solo, avec non pas une, mais bien deux batteries. Une pointe d’originalité dans un set conçu à l’américaine, avec un seul but : l’efficacité.
Le vendredi est la journée du rock et du Metal français. Une nouveauté pour cette quatorzième édition du Hellfest. Tôt (trop tôt) le matin, le groupe Freitot lance les hostilités sous l’Altar puis c’est sur les Mainstage que les groupes se suivent. Toujours solide, Lofofora assure une prestation qui marque, comme pour Klone, un retour à l’électrique après une pause acoustique. No One is Innocent prend place pour un asséner son rock implacable et Dagoba ajoute une dose de puissance. Shawter conclut son set en remerciant, ses potes des autres groupes et la France !
Les choses prennent une autre dimension avec l’arrivée des deux premières têtes d’affiches francophones. La foule s’est rassemblée en masse pour écouter les délirants membres d’Ultra Vomit. Si le sujet du groupe est la dérision, le show a été bossé dans le plus grand sérieux. Pendant 1h15 de set s’enchainent 18 titres pour lesquels un univers bien spécifique a été créé, sans parler des transitions bien ciselées. Un show visuellement et auditivement captivant, avec des invités attendus comme Niko de Tagada Jones sur « Chien géant » ou plus surprenants comme le chœur de gospel sur « Jésus », Jacou de BBA sur « Pink Pantera » et surtout le sosie de Calogero sur « Calogira » ! On espérait une intervention de Gojira, mais Ultra Vomit a l’art de faire les choses à leur manière. La prestation des musiciens est irréprochable. Ils nous annoncent dès les premières minutes qu’ils sont là pour donner le concert de leur vie et le pari est relevé. Dans la fosse c’est le grand grand délire. Un wall of death de légende sur « Pipi vs Caca », une chenille pas très organisée mais ultra dansante et deux points culminants avec les génialissimes « Kammthaar » et « Evier Metal ». Que l’on adhère ou non au délire Ultra Vomit, il est bienvenu de reconnaître le travail fourni pour ce concert et son effet euphorisant sur le public.
Ultra Vomit dit vouloir atomiser Mass Hysteria et crucifier Gojira. Quelle sera la réponse des groupes ? Le rideau blanc de la Mainstage 2 tombe pour faire place à Mass Hysteria. Le soleil est sur le point de se coucher quand Mouss entame les premières paroles de « Reprendre mes esprits ». Les passages « ça va, ça va aller » apportent une petite touche de Méthode Coué et tout le monde se met à la page pour le concert. Plus la luminosité devient faible et plus le spectacle visuel s’intensifie. Le groupe a misé gros sur la partie immersion, avec une utilisation des écrans de plus en plus époustouflante. Dès « Vae Soli », le jeu de scène change, Fred et Yann commencent à prendre place sur des plateformes éclairées par-dessous par des lumières violettes et les écrans s’animent toujours plus. Sur « l’enfer des Dieux » on bascule dans un spectacle grandiose avec une animation reflétant le rythme militaire du morceau et un refrain en mode karaoké pour engager le public à chanter. Chaque titre suivant bénéficie d’une vidéo spécifique hyper travaillée, résolument moderne et on s’en prend plein la tête. Le son est optimal, les musiciens projettent une puissance phénoménale à chaque instant. Seul Mouss semble être sous le coup de l’émotion. Il en oublie de finir certaines phrases, ce qui le rend encore plus touchant. Du début à la fin Mass Hysteria maîtrise son sujet et démontre que le groupe a sa place en tête d’affiche et qu’il est capable de proposer un spectacle captivant et dans l’ère du temps. Bravo les gars !
La soirée se termine par un choix cornélien entre le sûrement sublime et extraordinaire show de Gojira, et le concert pour l’adolescente que je reste au fond de moi avec Sum 41. C’est sur une warzone prête à éclater que les canadiens viennent jouer une déferlante de tubes avec un son plus Metal que d’habitude et un entrain à toute épreuve. Alors oui ça ne chante pas souvent très bien, le son n’est pas génial, mais qu’est-ce que c’est bon quand on aime le groupe !
JOUR II
Deuxième jour du Hellfest, la température monte et la motivation est toujours au rendez-vous dans les fosses. Les américains de Whitechapel qui avaient retourné le Petit Bain le samedi précédent sont en grande forme. Une setlist sous forme de rouleau compresseur pour faire transpirer un public venu en masse. L’engagement du groupe est total et le mosh pit répond à chaque invitation pour batailler un peu plus.
Sous tente, c’est Archspire qui met de l’ambiance avec leur technical death de l’espace. Les blagues s’enchainent autant que les titres pour le plus grand plaisir des nombreux fans. « On n’arrive pas à faire le soundcheck, on va annuler. Mais non, on déconne, on n’est pas Manowar « . Archspire sur scène est une expérience à voir au moins une fois dans une vie. La maîtrise technique est bluffante, le chant est improbable et la générosité des musiciens est communicative.
Cave In débarque sous la Valley avec un grand sourire et une énergie positive qui fait plaisir à voir. Le groupe est accompagné du bassiste de Converge, suite au décès tragique de Caleb Scofield l’année dernière. Ils viennent présenter leur dernier opus, intitulé Final Transmission, qui regroupe les dernières contributions de Scofield et dont les revenus seront distribués à sa famille. Contexte particulier, mais une prestation qui envoie du lourd. La setlist est bien équilibrée entre les passages rocks, les passages plus planants et l’introduction des nouveaux morceaux. Ils n’étaient pas venus en France depuis 2005 et on a hâte de les revoir.
Enchaînement sans transition avec le groupe culte Whitesnake. Un chant encore au top malgré les années et une setlist best of. C’est ce qu’on attend du groupe, mais pourquoi faire autant de solos ? Léger ennui qui donne envie de rejoindre le show spectaculaire de Combichrist. Les allemands font danser la Temple avec leur Metal indus electro et le renfort de percussion. C’est brutal, efficace et terriblement prenant. Le public est en transe devant le groupe, et autour de la tente les curieux affluent de plus en plus nombreux. Une prestation dingue avec un goût de trop court !
Musique allemande toujours, mais dans un autre registre avec le post-metal de The Ocean sous la Valley. Le groupe intello mené par Robin Straps présente la première partie de son album Phanerozoic I: Palaeozoic dont la suite est attendue début 2020. Le lighting très travaillé vient sublimer la projection musicale du groupe. On se retrouve emporté par un voyage parfois brutal, parfois plus aérien soutenu par le chant de Loïc, dont la projection émotionnelle est de plus en plus intéressante. Un concert qui prend le public par les tripes !
Autre ambiance et sans transition avec les légendaires musiciens de Def Leppard. Une setlist assez classique, mais qui propose bien trop de ballades. Le public ne suit pas vraiment, d’ailleurs c’est à peine si on entend des gens chanter sur « Pour some sugar on me ». La prestation est un peu molle elle aussi et en voyant les extraits vidéos projetés qui montrent l’énergie du groupe dans les années 80 on a du mal à se dire qu’ils avaient autant la pêche. Déception.
Le marathon des années 80 continue avec les rois de la mise en scène, les incontournables Kiss. Les américains nous proposent leur show ultra calibré avec des flammes, des blagues, des incitations à réagir. Paul Stanley se comporte comme un vrai chef d’orchestre avec un public tout acquis à sa cause. Gene Simmons assure une bonne partie du show, avec sa langue interminable, ses capsules de faux sang et son habit d’homme chauve-souris. Certains titres fonctionnent vraiment bien en live comme « Lick it up » ou « I love it loud » pour d’autres comme « Heaven’s on fire » c’est un peu raté. Tout y est, le feu, les paillettes, la tyrolienne, la plateforme qui s’élève, la boule à facettes, le maquillage… c’est kitsch, ça répond à la demande et c’est bien de voir ça une fois dans sa vie. La prochaine fois j’irai voir Cult of Luna !
JOUR III
Dernier jour et journée d’attente pour Tool, on ne va pas se mentir. Une petite mise en jambe avec un très bon concert de Clutch, plus habitué de la Valley que de la Mainstage. Le mélange du rock et du blues sous une température bien trop élevée fonctionne bien. Le public est résistant et la fosse est animée. Le combo final « Electric Worry » et “X-Ray Visions” apporte la dose d’énergie qu’il fallait pour bien continuer la journée.
Sous la Temple il y a de la bousculade et vraiment pas assez de place pour que le public profite de Skald. Les vikings les plus français du Hellfest ont su rassembler autour d’une musique qui allie des instruments traditionnels nordiques avec des techniques de chant des scaldes en vieux norrois. Le groupe propose une plongée au cœur de la mythologie scandinave et ça marche. Les rythmes comme les chants sont entraînants, l’immersion est immédiate.
Le survivant de Lynyrd Skynyrd et ses musiciens viennent montrer que le rock sudiste a sa place à Clisson. Une musique parfaite pour agrémenter un dimanche après-midi au soleil. Un son et une prestation musicale au top pour un pur moment de plaisir. Le public donne de la voix sur le sublime « Simple Man » et le concert se termine par une dose de solo de guitare sur « Freebird ». Le sud était bien représenté.
A la warzone c’est Beartooth qui cherche à booster le public qui a choisi de ne pas aller voir Lamb of God. Le groupe explique qu’il a des attentes énormes vis-à-vis de la foule car il a beaucoup entendu parler du Hellfest. La Warzone est quelque peu dépeuplée mais donne tout ce qu’elle a. Beartooth assène son punk hardcore à la limite du metalcore. Le chant clair n’est pas toujours très audible, c’est un peu dommage, mais la puissance et le dynamisme sont bien présents.
La fin de la journée débute avec Slash accompagné de Myles Kennedy et ses conspirators. Ceux qui souhaitaient entendre des titres des Guns ont dû être déçus car la setlist faisait la part belle aux morceaux de Slash. Il ne se passe pas grand chose sur scène et il faut admettre que les morceaux sont un peu plats. L’ambiance a vraiment pris avec « Nightrain », suivi d’ « Anastasia » et de l’efficace « World on fire ».
Une fin de festival grandiose
C’est ensuite au tour du légendaire groupe de Thrash Slayer de monter sur scène. Les américains sont venus faire leurs adieux. Forcément la setlist est une avalanche de tubes et le groupe a l’air très en forme. Les morceaux s’enchainent tout comme les lancers de flammes. On ne peut pas dire que le groupe fasse dans la modernité ou l’originalité côté mise en scène. C’est presque décevant. Slayer est venu pour jouer ses titres et c’est tout ce que le public demande. La fosse est en délire sur « War Ensemble ». Pour presque chaque morceau, les fans reprennent en chœur les refrains et les musiciens semblent satisfaits des réactions. Sur « Raining blood » c’est carrément la météo qui joue le jeu en faisant tomber quelques gouttes pendant la mythique intro. Le set se conclut avec la douce ballade « Angel of death » et une photo de famille.
1h30 de Slayer c’était le prix à payer pour voir Tool dans les premiers rangs, mais le spectacle valait le coup. Tool revient en France après une très très longue absence. Les fans attendent avec une impatience inqualifiable le nouvel album qui devrait sortir le 30 août prochain. Le groupe, comme à son habitude, limite la diffusion de vidéos où on les voit jouer. Les grands écrans du Hellfest alternent entre les passages noirs et les supports visuels très travaillés prévus pour mettre le public dans l’ambiance des titres. Près de la scène les fans sont dans un état d’esprit quasi religieux. Pas de pogo prévu pour ce concert. Le groupe démarre sur « Aenema » et les premiers rangs entrent en résonnance avec la musique, marquant chaque cassure de rythme, chaque groove du morceau. Le public devient carrément fou sur « the Pot ».
Voir Adam, Dany et Justin jouer de près est une expérience en soi. Dany est comme un grand manitou derrière une batterie de geek qui possède même un gong. Adam joue des riffs d’une rare complexité comme si de rien n’était tandis que Justin arrive à engager la foule tout en utilisant des dizaines de techniques différentes pour faire sonner sa basse. Époustouflant. Chaque titre possède son univers visuel, et les effets prévus pour les deux nouveaux morceaux « Descending » et « Invincible » sont encore plus incroyables. La maîtrise des musiciens est juste parfaite, mais le son pèche vraiment du côté de Maynard. Bien sûr le groupe prend le parti de na pas mettre sa voix plus en avant qu’un autre instrument mais là c’est à peine audible. Les tueries que sont « Jambi » et « Vicarious » projettent tellement d’émotions et de puissance, le tout dans un emballage visuel sidérant, que le public explose. Le groupe termine avec le classique « Stinkfist », Maynard et Adam sortent vite de scène, mais Danny et surtout Justin en profitent un peu plus longtemps. Heureusement qu’il n’y a pas de concert à suivre, car il est impossible de voir quoi que ce soit après Tool.
Le Hellfest a su encore une fois proposer une programmation variée et riche, qui a demandé de faire des choix. Le regret est de pas avoir pu voir les concerts d’Envy, de Cult of Luna, de Sumac et d’Uncle Acid and the Deadbeats, mais dates sont déjà annoncées en salle, alors rien n’est perdu !