HOT on the rocks!

Interview avec Greg Burgess de Allegaeon

mercredi/31/07/2019
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ANR : Comment vous sentez-vous après votre show au Hellfest ?

Greg Burgess (guitare): C’était super ! Déroutant mais génial. Comme tu disais, c’est un peu le Disneyland du Métal et on jouait devant un très gros public donc pour nous, c’était vraiment une expérience très précieuse.

ANR : Votre dernière album « Apoptosis» vient de sortir cette année. Comment ont été les retours sur ce disque ?

Greg : Super ! Je dirais que 95% des retours ont été excellents Et les 5% nous disaient qu’il était bon, mais pas aussi bon que le précédent. Bon, je me dis que, s’ils nous disent que c’est bon quand-même, on peut dire que c’est 100% bon, non ? (Rires).  Mais allez, en termes réalistes, les retours sont globalement bons.

ANR : Il y a-t-il des groupes que vous voulez voir ce weekend ?

Greg : Oh, il y a plein de groupes que je veux voir. Je n’ai jamais vu Bloodbath et j’en suis un ultra fan. C’est le gros morceau sur ma liste. Et puis, j’ai 40 ans et j’aime les trucs old school donc, j’irai voir Withesnake, je n’ai jamais vu Def Leppard, je n’ai jamais vu Kiss, etc. Beaucoup de trucs old school donc, ça va être incroyable. Archspire joue maintenant donc je ne vais pas pouvoir les voir malheureusement. Il y a Cradle of Filth aussi… J’en oublie, il y a tellement de groupes géniaux ce weekend.

ANR : Vous êtes actifs depuis plus de 12 ans avec 6 albums et un EP sortis. Comment voyez-vous l’évolution du groupe ?

Greg : Je suis dans le groupe depuis 2007 et je commence à le sentir (Rires). Mais je suis très fier de ce que nous avons fait. On a parcouru un long chemin, on a eu des supers musiciens dans le groupe par le passé et nous avons de supers musiciens dans le groupe maintenant. Vu la direction actuelle de notre musique, c’est définitivement différent de ce que nous faisions à nos débuts. Notre EP sorti en 2008 en était beaucoup plus dans un style à la Nevermore/Arch Enemy.
Et c’est devenu plus technique par après, avec des influences du son de Gothenburg (death metal mélodique suédois) mais aussi du Prog Rock des 70ties. Et c’est un gros mélange de tout ça qui a fait notre son actuel. Yes est un de mes groupes favoris, Megadeth est un de mes groupes favoris, Dream Theater, Soilwork (qui est un de mes groupes préférés actuellement), etc. Il y a beaucoup de parties qui bougent et nos influences sont vraiment vastes et c’est intéressant de voir tout ce qui est jeté dans la marmite pour nous.
On est des nerds, on aime jouer de nos instruments ! Il y a des gens qui nous disent qu’on fait juste de la branlette mais je suis là « non, c’est cool, tu ne comprends pas !!! ». Mais écrire des chansons est notre priorité. Il faut que ce soit catchy aussi pour les gens qui ne sont pas des nerds en musique justement. Il y a un équilibre à trouver. On aime bien se considérer comme du Death tech « Light », un peu comme une bonne introduction au style par rapport à des groupes plus difficiles d’accès.
Un peu comme Metallica par rapport à des groupes plus extrêmes et.. Et bon sang, je viens de nous comparer à Metallica, pour qui je nous prends (Rires) !! Mais tu vois l’idée : un death tech plus « léger » avec plus de mélodies. En fait, j’adorerais être un groupe de Death mélodique mais on vient des USA et le Death melo n’existe pas là-bas. On a dû se battre pour exister, se faire remarquer et devenir un groupe viable.

ANR : Il y a-t-il quelque chose que vous n’avez pas encore fait mais que vous aimeriez faire avec le groupe ?

Greg : Oh oui ! On aime beaucoup expérimenter. Pour le moment, je suis des cours de jazz et j’essaye d’intégrer ça dans notre musique. C’est très fun à faire pour moi. Que ce soit moi ou les autres membres du groupe, si on ne progresse pas, on finit par s’ennuyer. Selon moi, tu dois essayer d’exceller dans ce que tu fais. J’avais pris des cours de guitare classique et j’ai constaté toutes mes lacunes, tous ces trous dans mes connaissances. C’est pour ça que j’ai commencé le jazz, pour combler ces trous justement et c’est un tout nouveau monde pour moi.
On n’a pas encore fait beaucoup de chant clair aussi et j’aimerais vraiment qu’on en fasse plus. J’aime le chant clair dans le métal. Mais il faut le faire de manière intelligente, stratégique. On a essayé d’en mettre plus sur le dernier album mais ça ne fonctionnait pas. Ça ne sonnait pas assez « nous » donc on l’a finalement mis de côté. C’est le défi : réussir à intégrer de nouvelles choses tout en gardant le son du groupe. On avait par exemple des passages qui sonnaient comme Faith no more. On adore Faith no more mais c’était trop éloigné de ce que nous faisons. Pareil pour certains passages qui sonnaient trop Killswitch engage. C’est vraiment important de ne pas forcer les nouveaux éléments et que ça sonne toujours comme le groupe.

ANR : Question pour les geeks de guitares : Vous jouer un style de musique très technique. Comment composez-vous et comment décidez-vous qui joue quelle partie ?

Greg : Ce n’est pas simple. On compose pas mal de riffs et on essaye de les faire fonctionner ensemble. Parfois ça fonctionne tout de suite et d’autres fois, on doit vraiment lutter pour y arriver.
Le dernier album aurait dû sortir l’année passée pour te donner une idée du temps que ça peut prendre. Ça nous prend en général 2 ans pour composer un album et il y a toujours une chanson dans le processus qui est un cauchemar à arranger et à finaliser.
Et pour les rejouer en live, c’est encore une autre histoire. Mike (Stancel, guitare) par exemple, ne se soucie pas de comment on devra rejouer le morceau en concert, il compose juste ses morceaux comme on va les enregistrer. « Cette guitare va faire ça, celle-ci va faire ça, celle-là va faire ceci, etc. ». Mais nous ne sommes que 2 guitaristes sur scène donc, on doit toujours réarranger ses morceaux pour le live. Il n’y a aucune chanson d’Allegaeon que nous ne pouvons pas jouer live mais c’est vrai qu’on doit parfois alléger certaines parties pour que ce soir jouable.
Beaucoup d’arrangements sont basés sur la batterie. C’est comme ça qu’on compose en qu’on enchaîne les riffs dans les morceaux. On programme donc une batterie qu’on envoie ensuite à Brandon (Park, batterie) pour qu’il les refasse à sa sauce même si, la plupart du temps, il conserve nos propositions. Il refait quelques roulements mais garde le gros de ce qu’on lui propose.  Et c’est génial parce que j’aime composer des rythmiques batteries un peu tordues, avec des ghost notes par exemple. Ça permet aux différentes parties de guitares de bien s’enchainer.
On a aussi la chance qu’il n’y a jamais de dispute sur la composition. Je fais une moitié de l’album et Mike fait l’autre. Pour notre bassiste Brandon (Michael), il a un excellent feeling pour savoir comment il doit se placer dans les morceaux et quand il peut s’exprimer. Il a un gros background en jazz et en funk et il sait quel est le rôle d’un bassiste. Il est super pour ça. Il ne se contente pas de suivre les guitares comme beaucoup de bassistes dans le métal.

ANR : Etes-vous intéressés par d’autres types de guitares ? (Ndlr, le groupe joue essentiellement avec des 7 et 8 cordes)

Greg : Oh mec, j’adorerais utiliser une guitare harpe ! Comme je te disais, j’ai une formation en guitare classique et je joue plus souvent du classique aux doigts que des trucs de guitares électriques habituels. Si j’en avais une, j’en abuserais totalement !

ANR : Quelle est la suite du programme pour le groupe ?

Greg : Pour le moment, on a une petite tournée d’une semaine en tête d’affiche en juillet. Et pour la fin d’année, on va partir sur une vraie grosse tournée aux USA. Ça fait des années qu’on n’a pas fait ce genre de très grosse tournée et j’ai hâte de voir ce que ça va donner. On verra ensuite ce qu’on décidera de faire.
On est pas mal sur la route, on a fait l’Australie récemment et on a aussi fait l’Europe sur la tournée d’Obscura. C’est bien d’avoir un petit break pour le moment.

ANR : Quel est ton souvenir le plus dingue avec le groupe ?

Greg : Il y en a beaucoup ! Une des plus drôles est arrivée pendant notre dernière tournée européenne. C’était la première tournée de notre nouveau chanteur et il a voulu fêter ça un peu trop fort. Il était tellement bourré qu’il m’a pissé dessus, persuadé que ma couchette était un urinoir !!!
Je le vois faire et je lui hurle d’arrêter mais trop tard, il était trop beurré pour comprendre de toute façon. Je me suis donc retrouver nettoyer une couchette trempée de sa pisse en début de tournée. Pour se venger en fin de tournée, on a pris des bouteilles d’eau sur scène, fait des trous dedans et fait semblant de lui pisser dessus sur scène (rires).
A chaque fois qu’on tourne en Europe, je termine dans les fluides de quelqu’un. On tournait dans le bloc de l’est et ces gars boivent de la vodka comme de la flotte. Toute l’équipe faisait la fête et moi, vu que je ne bois pas beaucoup, je dormais sur ma couchette. Visiblement, tout le monde était malade après avoir bu des bouteilles d’alcools locaux beaucoup trop forts. J’ai voulu aller pisser en pleine nuit et je me rends compte que le sol est trempé. Le bus a pris un virage un peu sec et je me suis salement vautré aux toilettes. Et je réalise que je baigne dans le vomi du tour manager…
Et c’est toujours pour moi ! Je ne bois pas mais je termine toujours dans ce genre de m*** (rires). Les seuls fluides dans lesquels je n’ai pas encore baigné, c’est le sang et le sperme et je suis maintenant terrifié à l’idée de repartir en tournée (rires).

ANR : As-tu une activité en dehors du groupe ?

Greg : On ne peut pas faire que de la musique tout le temps donc c’est important d’avoir des hobbies. Quand je demande aux gens, ils me disent de jouer de la guitare mais j’en fais déjà assez comme ça. Je fais pas mal de sport personnellement. J’ai 40 ans donc j’en ai vraiment besoin pour garder la forme et être capable de suivre le rythme de ces jeunes gars dans le groupe. Je fais pas mal de randonnée aussi, j’adore ça. Voilà, c’est tout ce que j’ai (rires).

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