Les légendaires Sacred Reich reviennent sur le devant de la scène avec un nouvel album « Awakening » après 23 années d’absence. Cet album est le premier avec Dave Mclain (ex Machine Head) et leur nouveau et très jeune guitariste Joey Radziwill. Art N Roll a profité de leur passage au Motocultor pour poser quelques questions au fondateur du groupe Phil Rind.
ANR : Pour commencer j’aimerais beaucoup parler de ton éveil spirituel et de ton rapport au bouddhisme.
Phil Rind (chant): Je pense qu’à certains moments dans la vie tu te demandes comment tu en es arrivé là et tu te dis que ce n’est pas la vie que voulais. J’ai réalisé que si les choses n’allaient pas comme je le désirais j’en étais le seul responsable. Je me suis dit que pour arriver à un autre résultat il fallait que je me comporte différemment.
Quand j’étais plus jeune, à l’université, j’avais un cours sur la religion, et la religion bouddhiste était celle qui avait le plus de sens pour moi. J’ai commencé à pratiquer et j’ai constaté que ça avait des effets bénéfiques sur moi et ma famille.
ANR : Qu’est ce que ça a changé dans ta vie et sur ta manière de voir les choses ?
Phil : Pratiquement tout ! Je n’ai plus la même façon de voir la vie. J’essaie de mieux comprendre comment fonctionnent les choses et comment je les affecte à travers ma manière de me comporter. Toutes ces choses que l’on perçoit comme étant des problèmes sont en fait une fabrication de notre esprit. C’est nous qui jugeons ce qui est bien et ce qui est mal, mais ces choses n’existent pas de cette manière-là. Quelle est la vérité ? Quelle est la bonne manière de vivre ? Doit-on céder à la peur et à la colère ? Comment ressentir la passion et l’amour ? Je cherche simplement à savoir comment trouver la connexion entre chacun et chaque chose.
ANR : Tu pratiques la méditation ?
Phil : Pas autant que je le souhaiterais et que je le devrais. J’ai longtemps médité, même en étant très occupé. J’avais un professeur qui m’a dit que ma famille était mon véritable professeur, car elle était riche d’enseignements. Qu’est-ce que la méditation ? Bien sûr qu’être assis et prendre le temps d’avoir conscience de ce qui nous entoure est important mais on ne peut pas passer sa vie sur un coussin. La méditation c’est avant tout apprendre à être conscient. Tu sais il y a cette histoire où l’on demande au Bouddha ce qu’il fait et il répond « Je mange, je prie, je marche ». L’homme lui dit alors « moi aussi je dois être bouddhiste car je mange, je prie et je marche ». Mais le Bouddha lui répond « la différence c’est que je mange en plein conscience, je prie en pleine conscience et je marche en pleine conscience ».
ANR : Est-ce que cette pratique qui te pousse à être plus conscient de ce qui se passe en toi et autour de toi affecte ta manière de composer ? Est-ce que tu as l’impression que ça fait de toi un meilleur musicien ?
Phil : Au niveau des paroles oui ! J’ai vraiment saisi l’opportunité d’être positif et il y a plusieurs morceaux dans l’album qui reflètent vraiment cet état d’esprit lié au bouddhisme.
Côté musique je ne suis pas si sûr.
ANR : Tu as toujours écrit des paroles qui reflétait l’état de la société. Récemment tu disais que tu trouves que le monde est aujourd’hui dominé par la peur et la colère, pourtant tu as choisi de prendre un parti très optimiste dans tes paroles pour cet album. Tu sembles même vouloir pousser les gens à devenir acteurs pour que cet optimisme prenne le dessus.
Phil : Oui car que pouvons-nous faire d’autre ? Tout ce que nous rencontrons est une partie d’un tout. Ce qui change c’est notre façon de voir les choses, de nous concentrer sur le positif ou le négatif. Si tu choisi de te concentrer sur le positif tu changes beaucoup de choses dans ta vie. Je me demande toujours pourquoi les informations sont toujours aussi braquées sur le négatif. C’est parce que le positif est l’exception. S’il y a un accident de voiture, et qu’une personne meurt ça n’empêche pas que des millions de personnes sont saines et sauves.
ANR : Oui mais la peur vend. C’est une manière de contrôler la population.
Phil : Oui c’est bien une chose que les politiques comprennent très bien. Si tu es optimiste et positif, ce n’est pas une source motivation aussi puissante que la peur. C’est juste parce que les gens sont conditionnés pour avoir peur. Une fois que tu réalises qu’il n’y a pas de raisons d’avoir peur tout s’écroule. Cette illusion de contrôle est malsaine, on n’a aucune idée de ce qui va arriver. Les gens ont peur de mourir, mais quand avec le bouddhisme tu sais que ce n’est pas vraiment la fin.
ANR : Peut-être que le prochain album s’appellera « Acceptance »
Phil : Oui (rires). Tu sais on joue de la musique, mais ce n’est pas réel. Tout est illusion. La vie est une illusion. On devrait juste en profiter et être reconnaissant de ce que l’on vit. Je sais ce que c’est de me lever touts les jours pour aller bosser, et ça c’est bien mieux (rires).
ANR : Quand on regarde ce qui s’est passé pour Sacred Reich ces dernières années on a l’impression que tout s’est fait très naturellement. Vous êtes revenus sur scène, vous avez enregistré un live puis vous sortez un album.
Phil : Tout le processus a été simple, magique et très fun. Tout s’est fait naturellement et j’espère que ça s’entend dans l’album. Je dis toujours que l’on ne peut pas séparer le processus de création du résultat. Si tu prends du plaisir à faire un album, ça s’entend.
ANR : J’ai hâte de voir votre nouveau guitariste sur scène. Il est si jeune, à peine 22 ans. Il n’était même pas né quand Sacred Reich s’est séparé.
Phil : Je connais bien le père de Joey, c’est un batteur. Il a un petit studio et il nous a proposé de l’utiliser pour travailler sur des démos avec lui. Dave était encore avec Machine Head à ce moment là alors j’ai accepté. Il m’a dit que son fils jouait de la guitare. Joey était là, il a donc joué de la guitare sur les démos. Quand on a su que ça n’allait pas fonctionner avec Jason, on s’est tourné vers Joey puisqu’il connaissait déjà les morceaux. Il est venu en studio, on a enregistré et au bout de quelques jours c’était une évidence qu’il était notre nouveau guitariste.
ANR : C’est bien de mélanger un peu les générations !
Phil : Il aime la musique de notre époque et la connait probablement mieux que nous (rires). En plus Joey était à un concert de Sacred Reich avant même de naître. Sa mère était venue nous voir jouer quand elle était enceinte (rires). Comme quoi c’était sûrement le destin (rires).
ANR : Ça se passe bien entre vous pendant la tournée ? Il s’intègre bien ?
Phil : Il nous apporte sa fraîcheur. Tout est nouveau pour lui et il a une attitude irréprochable. C’est plaisant pour tout le monde.
ANR : Et qu’est ce que ça fait de retrouver Dave ?
Phil : Ce n’est que du bonheur. Dave est batteur fantastique et une personne incroyable. On s’entend tous très bien.
ANR : Tout a l’air d’être aligné de la meilleure manière possible. Comment envisages-tu le futur ?
Phil : Je ne sais pas trop. Là l’album va sortir, ensuite on va tourner, puis on va tourner de nouveau. On refera sûrement un album, puis on va tourner un peu plus. Puis refaire un album. C’est ce que l’on fait, on compose un album et on vient le jouer devant les gens. La scène c’est le meilleur aspect de notre métier. C’est là que l’on prend le plus de plaisir.