Cette troisième journée s’annonce comme la journée de la pluie et de la boue, nous sommes prévenus. Comment serait-il possible de mieux attaquer les concerts qu’avec les canadiens de Cancer Bats. De l’énergie brute qui réveille chaque muscle du corps ! La force de Cancer Bats c’est la capacité du groupe à proposer des morceaux très variés, qui mettent en avant leurs différentes influences et offrent une prestation dans laquelle tout le monde peut prendre du plaisir. La reprise de « Sabotage » des Beastie Boys en plein milieu du set met tout le monde d’accord, et le public se déchaîne.
Après cette déferlante venue du grand nord, c’est deux scènes deux ambiances au Motocultor. Ambiance gothique et hypnotique avec les belges de Wolvennest. Après un premier titre instrumental le groupe met la barre très aux avec le deuxième morceau « Ritual lovers ». Ce bijou psychédélique, avec ses côtés très New Wave est tellement fort sur scène, qu’il est presque difficile de continuer le set sans être un brin déçu de la suite. Les musiciens arrivent à lui donner une intensité saisissante qui nous plonge dans un état de transe béate.
Sur la Supositor on retrouve le groupe de grindcore Gronibar. Découverte pour le rédacteur de ces lignes. C’est très potache, les membres du groupe sont sapés de façon vulgaire, grossière, l’un même à poil avec une simple maille et la bite au vent. Pourquoi pas. En tout cas leur public est là, verges gonflables à la main, badigeonnées de boue – amis de la poésie… C’est le gros bordel, mais fun. L’un des musiciens s’offre un slam dans le public, le chanteur se plaint ne pas voir assez de « nibards et de zizis ». Après une moitié de concert, le concept est saisi et nul besoin d’en voir plus. Post concert, la scène est ruinée de boue, les amplis y compris.
La pluie de cette journée n’arrête pas les fans de musiques extrêmes d’être présents pour le show d’Anaal Nathrarkh, où est absent Mick Kenney, la deuxième tête pensante de la formation britannique. Les anglais présentent un set équilibré sur l’ensemble de leur carrière, avec des sons remontant au classique In the Constellation of the Black Widow, des plus récents issus de A new Kind of Horror, en passant par l’excellent Forging Towards the Sunset issu de leur album Vanitas. Le Sheitan prend possession de nos corps et les pogos torses nus (yours truly included…) dans la boue, les chutes sur le sol glissant, les slams et câlins peau contre peau, tout y passe et rien n’empêche les fans d’Anaal Nathrakh de profiter du show. Dave Hunt, le charismatique frontman sait arranguer la foule avec de courtes interventions entre chaque chanson. Un des concerts les plus attendus pour ce fest, et le chroniqueur en ressors une fois de plus ravi comme un gosse après Noël en hurlant des « Anaaaaaaaal ». Mais quelle putain de douche !
Une pause aérienne nous est proposée par les islandais de Solstafir. Une maîtrise technique et un son irréprochable pour une prestation planante. Le groupe venu d’un pays construit par le feu et la glace nous emmène cet univers envoutant. Le set est ciselé, tout n’est que finesse et émotion, le public qui adhère à la proposition du groupe se laisse emporté par les ambiances éthérées.
Dehors c’est le déluge qui s’installe peu à peu, le sol se transforme en boue et c’est là qu’on se dit que c’était une bonne idée de mettre des tentes. C’est aussi à ce moment que l’on se dit qu’il sera peut-être difficile de ressortir la voiture du parking!
Retour au son brutal avec Decapitated. Le concert se déroule toujours sous une pluie incessante. Déjà trempés, les fans de death sont toujours là prêts à en découdre. Les Polonais assurent le show avec leur son violent mais néanmoins groovy, notamment avec un hymne comme « Kill the Cult ». Pendant ce temps-là le power trio québécois Dopethrone, qui a su gagner le cœur du public français ces dernières années monte sur la Massey Ferguscène. Un accueil chaleureux pour une musique monolithique et un peu fade malgré une bonne dose de groove. Quelques petits mots balancés en français, une bonne énergie et c’est parti pour un set bien maîtrisé techniquement, mais auquel il manque une petite touche pour le rendre vraiment accrocheur.
C’est au tour du sludge de Eyehategod de tenter de réjouir les vaillants festivaliers. Le début de set est prévisible, ça joue plutôt bien, le son est lourd, et tous les éléments du genre sont là. Oui mais. La recette Eyehategod n’est pas très originale, et il faut avouer qu’au bout de 20 minutes de set on a l’impression d’avoir fait le tour de ce que le groupe peut proposer. Un peu décevant pour des pionniers du genre.
La soirée se termine avec les excellents At the Gates, mais le froid et la pluie sont venus à bout de l’équipe de reporter.