Dernière journée au Motocultor, aussi connue comme « le jour d’après » et retour du soleil. Le site ressemble de plus en plus aux images de Woodstock, mais il en faudrait plus pour faire peur à des metalleux.
On ne change pas le thème « tête coupée » avec le groupe maltais de Beheaded. Peu de monde à cette heure matinale de midi devant la suppositor ce qui n’empêche pas Beheaded de tout donner en déversant sa violence sur les headbangers présents qui partent en circle pit à la demande du chanteur. Alors que le public semble sceptique au début du set, on le sent tout à fait enthousiaste à la fin, et il est certain que Beheaded aura su convertir certains ! Au même moment les planants Third Meridian proposent un réveil tout en douceur avec leur univers éthéré et leurs atmosphères rêveuses.
Les très sympathiques Get The Shot entrent sur scène comme s’ils arrivaient dans un ring. Jean-Philippe Lagacé est bien décidé à venir chercher chaque personne présente dans le public pour le faire participer. Le hardcore c’est aussi la recherche de connexion avec les fans, chacun se nourrit de l’énergie des autres et c’est tellement bon. Le set envoie du lourd à chaque instant et les québécois donnent tout ce qu’ils ont. Le set se finit par une touche politique, un appel à la tolérance, à la lutte contre le fascisme et le sexisme. La foule scande des « hey », le poing levé, en signe de soutien à tout ce que dit le leader du groupe. Assurément un des meilleurs concerts du festival !
Place au groupe d’Adam « The First Sinner » ATF Buszko sur la suppositor avec le mastodonte du Blackened Death Metal polonais qu’est Hate. Grimés de corpse paint -bien évidemment- les polonais assurent un show très précis, très carré. Très peu d’artifice dans la prestation, les sons s’enchaînent quasiment sans un mot après quelques réglages d’instruments. Le public reste calme, comme transi par la pure violence qui s’abat sur lui.
Session plus calme sous la Massey Ferguscene avec Ufommamut et son Doom ultra lourd. Un petit spliff n’aurait pas été de trop pour se laisser porter par les sons lents et pachydermiques, mais l’absence de celui-ci n’aura pas empêché d’apprécier le set des italiens.
Parenthèse régressive avec Henri Des et Ze Grands Gamins. L’artiste aura fait parler de lui, notamment dans les médias généralistes et sa prestation était des plus attendues. Visiblement les festivaliers qui ont grandi avec ses chansons étaient aux anges de pouvoir chanter à tue-tête les tubes de leur enfance, dynamisés par un peu de guitare saturée. Ce n’est pas un, mais bien deux wall of death que le public a exécuté devant les yeux ébahis de Monsieur Henri. Dans la fosse, ça crie, ça chante, ça pogote et le public a l’air de prendre son pied. Autour de la tente c’est l’atterrement. Pour ceux qui ne connaissaient pas les morceaux, la sauce a bien du mal à prendre. Et c’est un excellent moment pour aller se remettre une petite 8.6.
Retour sur la Suppositor pour les rois du brutal death sauce Belge avec Aborted. Impossible de se lasser de cet assaut de violence inouïe. Le chanteur Sven, à son habitude, saute dans tous les sens, bouge comme une bête en cage, se frappe la tête et remue la langue frénétiquement alternant entre growls infernaux et sa voix plus thrash. La scéno a changé, plus de bannières « Kill the Living – Raise the Dead », mais des coffres avec des sortes de squelettes rouges, peut être des écorchés… En tout cas l’ambiance est posée. L’interaction avec le public est assurée, il est souvent remercié – en français s’il vous plait, alors qu’ils n’ont dormi que deux heures en revenant d’un show en Italie la veille. Le public est à fond, c’est la baston de paille et de boue, les slammers se font viser à tous les coups. À la demande du frontman ça part en circle pit géant autour de la régie. De la violence, du fun, du Aborted. Ils partent en remerciant le public, qui aurait été « le meilleur de l’été ». Une fois de plus, pas déçu, et hâte de les retrouver lors de leur prochaine tournée européenne Hell Over Europe III.
Avatar vient livrer le dernier show de sa tournée européenne avec ses morceaux bien formatés et beaucoup trop de bla bla. L’énergie est un peu en baisse par rapport à ce que l’on attend d’eux et trop de discours plombent le set.
Les choses sérieuses reprennent avec les excellentissimes Hatebreed. Dés que le groupe commence à jouer on sent tous les musiciens hyper impliqués et prêts à en découdre. Lorsque « Destroy Everything » débute c’est une déferlante d’uppercuts que le public se prend en pleine tête. Le groupe envoie du lourd avec une détermination sans faille. Jamey Jasta vient chercher chaque personne présente dans le public pour la secouer et faire ressortir sa rage. Une heure de communion entre tous les rageux du Motocultor pour une explosion de puissance qu’il ne fallait pas rater. Un show à la hauteur de toutes nos attentes qui laisse un seul mot en tête « encore » !
Avec Napalm Death on revient au grindcore, le vrai. C’est violent, méchant, efficace, engagé. Le chanteur entre chaque son donne sa vision du monde et de la politique pour illustrer ce qui va s’abattre sur le public. Et la réception est très bonne.
Il y a du monde sous la tente de la Massey Ferguscene pour venir danser avec Carpenter Brut. « Africa » de Toto est diffusée juste avant l’entrée en scène du groupe et là, dans une scène relativement surréaliste, le public reprend en choeur le refrain du morceau. Ah il s’en passent des choses au Motocultor! Le darksynth de Carpenter Brut fait mouche dés les premières notes. La prestation des musiciens fait vibrer les festivaliers. Il n’y a pas à dire, en live c’est vraiment mieux. L’alternance entre des morceaux plus récents et des classiques fonctionne bien, sur la reprise de « Maniac » on sent pourtant moins d’engouement au chant que pour Toto! Côté spectacle, la scène n’est pas grande mais les moyens mis en place sont assez bluffants. L’effet est garanti!
Et pour conclure ce festival, les organisateurs ont misé sur Bloodbath. Une ou deux bières sponsorisées 8.6 de trop pour pouvoir être précis, mais c’est un gros kiff dans la gueule. C’est lourd, c’est violent, et c’est bon… tellement bon !
Pour le bilan de cette édition 2019 on dira que le 4ème jour s’avère être une bonne idée, d’ailleurs ça repart pour 4 jours en 2020. Côté infrastructure on note une certaine fluidité aux stands de bouffe et de bières, enfin, en dehors des heures de pointe. Par contre pourquoi nous infliger la 8.6… ? hum, y’a quand même d’autres bières en Bretagne non ? Fort heureusement au VIP et au bar des artistes il y avait des bières locales bien plus sympathiques.
Merci aux organisateurs d’avoir eu une relative bonne réaction après la déferlante pluvieuse, le paillage des zones essentielles avant le dimanche a été bien apprécié ! Même si la boue, c’est aussi assez drôle !
Eh bien sûr le point qui fâche, les urinoirs ne sont pas assez nombreux, il y a trop de queue, ce qui entraîne immanquablement plus de gens qui pissent sur les toiles des côtés. On a une grosse pensée pour les bénévoles qui sont en charge du démontage…
Une édition éclectique et particulièrement réussie pour le festival breton, qui arrive à bien équilibrer les différents courants qu’il promeut. Ni la pluie, ni la boue ne seront venues à bout du moral des festivaliers. Rendez-vous en 2020 pour une nouvelle édition de quatre jours, avec notamment les danois de Heilung.