A l’occasion de la sortie du premier album éponyme de Last Temptation, Art N Roll a rencontré Peter Scheithauer (Killing Machine, Temple of Brutality) et Butcho Vuković (Watcha) pour qu’ils racontent les origines de ce supergroupe.
Art N Roll : Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la genèse de ce groupe? Quand est-ce que tout ça a commencé? Comment est-ce que vous avez réussi à mettre en place un groupe avec un line-up aussi dingue ?
Peter Scheithauer (guitare) : Quand je vivais encore aux États-Unis, je travaillais sur des riffs et je cherchais un chanteur français pour m’accompagner. J’ai pas mal cherché sur des sites avec des groupes français, jusqu’à arriver à la lettre H et tomber sur des vidéos d’Hellectrokuters. J’ai beaucoup aimé ce que faisait Butcho, on s’est contacté, mais il m’a tout de suite jeté et m’a dit que j’étais un connard (rires). Non, son groupe devait faire autre chose, Butcho avait pas trop le temps, mais j’ai insisté, et quelques semaines après, on a commencé à bosser sur deux-trois démos.
ANR: Cette première rencontre entre vous deux a eu lieu il y a combien de temps ?
Butcho Vuković (chant) : C’était il y a huit ou neuf ans déjà. C’était pas pour le même line-up, pas pour Last Temptation.
PS : La musique était même un peu différente. Au fil du temps, je lui ai envoyé plein de démos.
BV : J’ai dû faire l’équivalent de 20 à 30 morceaux.
PS : Au bout d’un moment, avec un certain type de riffs, ça m’a fait penser à un album que j’avais fait en 1998 avec Stream, avec Bob Daisley (basse / Ozzy Osbourne). J’ai donc appelé Bob, pour voir s’il était intéressé pour qu’on travaille ensemble à nouveau, il m’a tout de suite dit oui, même s’il était plus ou moins en semi-retraite. Il trouvait important qu’on ait un chanteur original alors je lui ai fait écouter ce qu’avait fait Butcho et il a été emballé par sa voix, avec cet air d’Ozzy ou Dio mais pas tout à fait Ozzy et pas tout à fait Dio.
BV : Bob Daisley disait que j’étais le Ozzy Osbourne jeune, mais qui chante juste ! (rires)
ANR : Peter, si j’ai bien compris, tu ne connaissais pas du tout Watcha avant de rencontrer Butcho ?
PS : Non, à l’époque où Watcha a explosé, moi j’habitais aux États-Unis, donc je connaissais pas trop la scène française à ce moment là. Chez nous y’avait la scène neo avec Limp Bizkit, Korn, etc… qui était immense, mais moi j’étais plus dans la scène metal et thrash, plus proche de Slayer, Pantera, Machine Head. Tout ça m’est un peu passé à coté, et la scène française encore plus. De toute façon, même si j’avais connu, j’aurais jamais pu deviner que le chanteur de Hellectrokuters était le même que le chanteur de Watcha.
BV : Il faut savoir que même à l’époque de Watcha, j’écoutais que du hard rock 80’s, rien d’autre.
ANR : Peter, tu avais déjà eu l’occasion de travailler avec beaucoup des membres du groupe, tu as joué avec Bob Daisley dans Stream, avec Stet Howland (batterie / WASP) et Steve Unger (basse / Metal Church) dans Killing Machine et Temple of Brutality, j’imagine que ça n’a pas été très compliqué des les convaincre de te suivre sur ce nouveau groupe ?
PS : Non, j’ai gardé des bonnes relations avec eux. Évidemment, il fallait que ça colle au niveau musique : si j’étais venu avec un morceau à la Slayer chez Bob, il m’aurait dit « c’est un avion qui décolle ? » (rires)
ANR : Et toi Butcho, comment tu te sens de travailler dans un groupe avec tant de superstars, de musiciens comme Bob Daisley ou Vinnie Appice (batterie / Dio, Heaven & Hell) qui ont joué dans des groupes que tu écoutais quand t’étais jeune ?
BV : J’en suis le premier étonné, j’en reviens toujours pas, malgré le fait qu’il y ait toutes ces légendes qui jouent dans l’album avec moi, qui jouent « pour moi », c’est juste incroyable, et entendre des compliments venant de ces légendes que j’écoute encore, c’est incroyable. Dio c’était mon tout premier concert, le 16 mai 1986, le premier musicien que j’ai vu en live, c’était mon batteur ! (rires)
ANR : C’est sûr que tu devais pas t’imaginer ça à l’époque !
BV : Pas du tout ! C’est un peu comme le chanteur de Journey, qui était un fan à l’époque, ils l’ont contacté pour devenir le nouveau chanteur, il a cru à un gag. Je vis un peu la même chose, j’ai un peu du mal à me dire que je fais partie de tout ça. J’ai encore ce petit côté « underground » qui reste, parce qu’après Watcha j’étais dans pas mal de groupes underground. J’ai du mal à me voir avec ces musiciens de légende.
ANR : Et à coté de Last Temptation, tu chantes également dans un groupe de reprises, Showtime.
BV : Et je m’éclate, je fais des reprises de groupes des gens avec qui je joue maintenant, je fais du WASP, du Ozzy, du Dio, c’est génial !
ANR : Comment s’est passé le processus de composition des chansons, est-ce que vous travaillez uniquement tous les deux ou est-ce que chacun des musiciens du groupe apporte sa pierre aux compos ? J’imagine que c’est un peu compliqué, avec des musiciens français, américains, australien, …
PS : C’est moi qui compose seul la musique. J’ai envoyé mes pistes à Butcho qui a posé ses mélodies et ses paroles par dessus.
BV : Je voulais garder un truc frais. J’écoute vite fait la musique, et je me met directement à enregistrer, et je fais ma ligne de chant à l’instinct, en une prise. On garde bien le coté authentique et spontané comme ça, ce que j’ai ressenti à la première écoute.
PS : Je travaille beaucoup comme ça aussi. Soit ça marche d’un seul coup, soit je recommence.
ANR : Vous avez joué un de vos premiers « gros » concerts en France au mois de juin, sur la Mainstage du Hellfest, j’ai lu que vous aviez eu l’occasion de répéter tous ensemble qu’une dizaine de jours avant. Comment vous avez trouvé l’accueil du public ?
BV : Avant le Hellfest, on a ouvert en Allemagne pour Dream Theater, notre booker nous avait dit « attention, vous attendez pas à un super accueil, c’est le public de Dream Theater ». On s’est dit que c’était pas la peine d’essayer de les faire chanter, on fait nos morceaux et on se barre. Mais dès le premier morceau on a vu que les gens accrochaient alors je me suis dit « on va les faire chanter », et ils ont chanté. Pareil pour le Hellfest. Les gens connaissaient pas, ils ont chanté les morceaux, c’est ce qu’on voulait ! Une fois les morceaux composés, ils ne nous appartiennent plus, ils sont à tout le monde, c’est notre objectif, c’est de faire chanter un maximum de personnes. Je suis toujours content de voir un groupe, mais j’aime bien participer quand je suis dans le public.
PS : Ça marche dans n’importe quel style, regarde Pantera, qui est pourtant plus heavy. Quand les morceaux sont bons, ça devient des hymnes.
BV : Au fond de moi je savais que ça allait fonctionner et que le public allait chanter, mais tu t’y attend jamais vraiment.
ANR : Vous avez pourtant joué à un horaire difficile au Hellfest, le vendredi matin, à 10h30. C’était pas forcément gagné.
PS : Ouais, déjà y’avait du monde. On s’attendait pas à autant de personnes.
BV : Ils devaient se poser des questions, en regardant la programmation, « y’a Last Temptation, c’est quoi ce groupe, un vieux groupe de hard rock ». Moi par curiosité, j’aurais été voir. C’est une musique fédératrice, on joue un style de musique qui est la continuité de ce qui a été créé dans les années 70, et qui a influencé tout ce qui a été fait après.
PS : Pour le matin, la foule était bien remplie. Quand y’a du fun sur scène, ça se voit, les gens voient que c’est authentique. Nous on s’amuse, on s’éclate, et les gens vont le ressentir.
ANR : Vous êtes donc plutôt confiants pour la tournée à venir ? Vous pouvez nous en parler un peu ?
PS : D’abord on va commencer aux États-Unis, et l’Europe viendra après, probablement les festivals l’été prochain. Pour réussir à mettre en place une vraie tournée, faut aussi prendre le temps de trouver le bon groupe avec qui tourner. Steve et Stet vont continuer de nous accompagner sur cette tournée à venir.
ANR : Vous avez déjà un second album en préparation ?
PS : Tout à fait, avec Steve et Stet également sur ce prochain album, et d’autres guests. Bob Daisley aimerait bien, mais c’est dommage de l’avoir si il ne peut pas faire la tournée avec nous après. C’est pareil pour Vinnie Appice qui va être occupé avec Last in Line.
BV : Avec Steve et Stet, ça a matché direct.
PS : Et ils ont aussi l’énorme avantage sur d’autres musiciens, c’est qu’ils savent chanter. Au niveau des chœurs, ça change tout !
BV : Ça donne des harmonies vocales à la Beatles. C’est des voix lead, ils pourraient très bien prendre ma place. Et ils ont le sens du show !
ANR : Un dernier mot pour la fin ?
BV : Venez vous éclatez avec nous en tournée !
Le premier album de Last Temptation est disponible le 27 septembre.