Les Américains de Daughters étaient de passage à La Maroquinerie pour continuer de défendre « You won’t get what you want ». Art’N’Roll avait pu profiter de la présence du groupe au Hellfest pour discuter avec Alexis SF Marshall et en apprendre plus sur le projet.
Ophelia
On croirait au début à une intro un peu longue et lente. Mais ça ne décolle jamais plus. Il n’y a pas de chant, mais plutôt un récit incompréhensible quoiqu’en Français. Les deux guitaristes semblent débarquer d’un projet de Mélodeath suédois, mais les apparence sont trompeuses. L’un en jouera avec un archet, tandis que l’autre s’amusera à pendre la sienne.
Un projet « artistique » qui a pour seul mérite d’être réellement incarné par trois personnes qui le vivent à fond. Mais ce sont peut être les seules, les applaudissements semblant plus être de la politesse qu’un témoignage de plaisir.
Daughters
Pour contextualiser ce live report, il faut savoir que yours truly a découvert le groupe au Hellfest 2019 et a pris une grosse claque dans la gueule. Scotché. Un délire d’une négativité rarement connue. Cela est bien évidement un propos laudatif. Sans avoir réécouté le groupe depuis, l’appréhension et l’attente se font bien présentes.
Apparemment pas le seul à avoir découvert Daughters au Hellfest, vu la diversité des groupes sur les t-shirts, les bracelets ou hoodies Hellfest. Les américains arrivent sous les applaudissements. Le chanteur s’est rasé la moustache et a un faux-air de Benoît Magimel jeune. Dans l’ambiance plus intimiste de La Maroquinerie, on voit ses yeux d’un bleu glacial, déjà près à nous annihiler. Il porte les stigmates de précédents concerts avec une belle bigne sur le front et un coquard.
Quand le groupe entame les premières notes, c’est tout de suite la folie dans le pit. Ça se bouscule dans tous les sens, ça saute alors que déjà Alexis commence à prendre les mains des fans du premier rang, poser la sienne sur leurs têtes. Le public a bien révisé et accompagne le groupe sur les refrains. Dès la deuxième chanson le chanteur se jette dans le public tout en continuant à chanter.
Doucement, le côté hypnotisant de la performance se met en place. Nombreux sont ceux ayant les yeux rivés sur la scène, comme transis tant par la musique que par l’interaction entre le chanteur et le public. Il touche les mains du premier rang, semble réarranger leurs doigts après les avoir intensément examinés. Tantôt il fait tenir le micro à un fan, tantôt il se titille la glotte avec la main d’un autre – qui ne manquera pas de s’essuyer discrétos sur la chemise du chanteur quand enfin il a déporté son attention ailleurs. Il s’empare du bras de quelqu’un pour s’asséner des grands coups à travers la gueule. Il se tape le micro sur la poitrine, puis la griffe après l’avoir exposée au cours des sons.
Alors que des fans crient en Français il s’en amuse, disant que c’est vachement étrange de crier des choses à quelqu’un dans une langue qu’il ne comprend pas, et d’ajouter que c’est ça qu’il aime. Il saute sur des promontoires comme une sauterelle, s’y accroupi un temps puis redescend. Tentative d’imitation par un guitariste un moment plus tard, mais échec assez drôle dont il ne semble pas souffrir, plutôt rieur et allant néanmoins au contact, lui aussi. Un problème technique vient interrompre ce crescendo infernal et fait malheureusement sortir de la torpeur. Le groupe ne fait pas grand chose pour meubler ce moment de flottement, ce qui est regrettable. Une fois le concert repris, l’atmosphère oppressante se réinstalle vite et quand le chanteur enlève sa ceinture, le public redouble de cris dans un élan sado-fanatique, s’attendant certainement qu’il se flagelle avec comme il l’avait fait au Hellfest.
Seulement, « déception », il l’envoie simplement plus loin et c’est tant mieux, ça évite le côté gimmick de la chose, et par contraste fait ressortir le caractère authentique du reste de la prestation, supportée par un son excellent quoique pas assez fort aux goûts de certains. Coup de gueule à l’attention des gros débiles qui profèrent des conneries du style « ici c’est Paris » – on est pas au stade bordel, ou encore les « Daughters suck ! », « fuck you » et autres. Mais cassez-vous si vous n’êtes pas contents.