Groupe : Hellyeah
Album : Welcome Home
Label : Eleven Seven Music
Date de sortie : 27 septembre 2019
Note : 16/20
Il était une fois l’histoire des frères Abbott. Deux cowboys, venus non pas de l’Enfer mais tout droit du Texas, qui avaient réussi à conquérir le monde du heavy metal avec l’un des groupes les plus révolutionnaires et les plus unanimement appréciés des fans du genre. Mais au Far-West, les histoires de cowboys finissent souvent de façon tragique : Dimebag Darell, guitariste prodige et plus jeune des frères, fut assassiné sur scène un soir de décembre 2004.
Le frère aîné, Vinnie Paul (batterie), rejoint alors Hellyeah en 2006, et le groupe mené par Chad Gray (chant / ex-Mudvayne) lui permet de surmonter son deuil, et s’impose même au fil du temps comme une valeur sûre du groove metal et une véritable machine de guerre sur scène. Hélas, le sort s’acharne et Vinnie Paul part rejoindre son frère en juin 2018.
C’est donc dans un contexte difficile que sort Welcome Home, le nouvel album de Hellyeah. L’enregistrement ayant débuté plusieurs mois avant la disparition du batteur, c’est donc le dernier disque sur lequel on peut entendre le travail de Vinnie Paul. Un album parfaitement réussi qui sonne à la fois comme un hommage à tout ce que Vinnie Paul a pu apporter au heavy metal et comme une joyeuse célébration à la mémoire de leur ami.
Un hommage joyeux et puissant à l’héritage de Vinnie Paul
Hellyeah n’a pas eu l’intention une seconde de faire de Welcome Home un adieu larmoyant à leur ami décédé et nous le prouve d’entrée. « 333 » frappe un grand coup et confirme tout de suite l’influence que Pantera a pu avoir sur Hellyeah. Avec son riff thrash/groovy digne de Dimebag et le cri déchirant de Chad Gray en ouverture, quasi identique à celui de Phil Anselmo au début de The Great Southern Trendkill, le ton est donné ! Quand à la batterie, elle est puissante, brutale et fortement mise en avant dans le mixage, sur tout l’album.
Welcome Home enchaîne les chansons puissantes, avec des refrains qui font headbanger. « Black Flag Army », avec ses couplets mélodiques et son refrain percutant semble parfaitement taillée pour le live et on entend déjà le public reprendre les paroles en choeur lors des festivals ! C’est d’ailleurs là toute la force de cet album : le mélange entre puissance et mélodie. Des couplets parfois sombre (« Oh My God »), parfois plus entraînants (« I’m the One »), et des refrains ultra percutants et une batterie qui défonce tout sur son chemin.
Hellyeah, un groupe aux nombreux visages
L’autre force de cet album, c’est sa variété. Hellyeah nous montre toutes ses influences et chaque chanson semble appartenir à un style différent. Tantôt carrément sludge et groove metal (« 333 »), tantôt neo metal (« Boy » et ses couplets rapés), ça flirte parfois avec des sonorités grunge ou rock (« Perfect), et c’est souvent très hard rock (« Welcome Home »). « At Wick’s End », avec son sample de dialogue de film façon Rob Zombie en entrée et son riff neo/indus, ne ressemble à aucune autre chanson d’Hellyeah, et on s’attendrait presque à entendre Wayne Static (Static-X) chanter plutôt que Chad Gray !
Le frontman s’amuse au fil des chansons et montre tout ce dont il est capable, entre passages chantés, hurlés, rapés. La dernière chanson de l’album, « Skyy and Water » est la seule chanson à avoir été écrite après la mort de Vinnie Paul. Tom Maxwell (guitare) l’a composé le lendemain du décès du batteur et lui rend un vibrant hommage, mis en valeur par le chant clair de Chad Gray, pour un résultat encore jamais vu chez Hellyeah.
Un nouveau départ pour Hellyeah
Welcome Home marque évidemment un tournant dans la carrière de Hellyeah. Le décès de Vinnie Paul laissera indéniablement un vide et on se demande déjà à quoi ressemblera le son du groupe sans sa batterie. Mais Hellyeah affiche clairement une volonté de continuer la route, parceque c’est ce que Vinnie aurait voulu. C’est peut-être le moment de tenter d’autres expérimentations, et Welcome Home commence déjà dans cette direction. La musique groovy 100% sudiste des premiers albums n’est plus la même, et c’est pour le mieux !
L’album se termine avec « Irreplaceable » et laisse le mot de la fin à Vinnie Paul, comme pour permettre à Hellyeah et aux fans des frères Abbott et de Pantera de tourner la page et clore en douceur un chapitre majeur de l’histoire du metal.