Rencontre avec Travis O’Neill, le nouveau chanteur de Pipes and Pints, dans les coulisses du Trianon avant leur concert, le 16 novembre 2019.
Art n’ Roll : Comment se passe la tournée ?
Travis O’Neill : Elle a tout juste commencé, hier on était à Dijon, ça s’est bien passé, on était en tête d’affiche. En fait, ça vient de commencer, donc on ne sait pas encore.
AnR : Ca dure tout le mois de novembre ?
T. O’N. : Oui, tous les jours pratiquement.
AnR : Est-ce que vous connaissiez les Ramoneurs de Menhirs avant la tournée ?
T. O’N. : Non mais j’ai pas mal d’amis en France qui connaissent le guitariste et qui m’ont dit que c’était une légende ici. On les verra pour la première fois aujourd’hui.
AnR : Votre 3ème album s’intitule « The second chapter », ce qui est un peu paradoxal pour un 3ème album… Pour quelle raison ?
T. O’N. : Il y a plusieurs raisons. D’une part, on a un nouveau line-up, depuis deux ans maintenant avec moi comme nouveau chanteur, et un nouveau guitariste. Tous les deux nous avons des idées différentes, on apporte de nouveaux éléments au groupe. Donc c’est comme un nouveau commencement.
AnR : En effet il y a beaucoup de changements dans votre musique. Pourriez-vous les décrire ?
T. O’N. : Évidemment ils viennent beaucoup de moi, j’étais chanteur Black Metal, Hardcore Metal, je suis straight edge, mais dans le même temps, quand je tournais avec mes groupes, je prenais un jour de congé pour jouer dans des pubs irlandais, avec une guitare acoustique. Parce que je suis irlandais et que c’est ce que je fais. Donc j’ai cette dualité : j’aime la musique Heavy, mais aussi la musique plus mélodique, et puis des influences Hardcore, comme H2O, mais il y a aussi des groupes Hardcore plus mélodiques qui ont aussi une grande influence sur moi. Et aussi Springsteen, en fait j’aime les bonnes chansons. Donc quand j’apporte mes chansons au groupe, parce que je n’ai pas l’habitude d’écrire avec un groupe, j’ai plutôt tendance à écrire des chansons et dire au groupe quoi jouer. Donc je suis arrivé dans cette démocratie, et le mélange s’est bien fait : « voilà la chanson. Ah mais on pourrait faire ça… Ok ! » Et ça a été rafraîchissant pour moi. C’est une raison pour laquelle la musique est si différente.
AnR : J’ai cru entendre des éléments Country…
T. O’N. : Oui c’est moi !
AnR : mais pas du tout de Black Metal…
T. O’N. : En fait pour moi c’est pareil. Pour moi il n’y a pas de différence entre Johnny Cash à Folsom Prison, et Slayer. C’est une énergie, que ce soit hurlé ou chanté…
AnR : si ça fait se sentir bien, c’est bien.
T. O’N. : Exactement !
AnR : Quelles sont les autres influences musicales que vous avez apportées ?
T. O’N. : Plus de Folk, Springsteen, Johnny Cash bien sûr, Elvis, j’adore ces mecs des années 50-60, et un peu de la noirceur du Black Metal, son essence. J’aime apporter un message vraiment positif. Par exemple je suis vegan depuis 20 ans, je suis straight edge, je ne bois pas, je ne fume pas, pas de drogues, les gars du groupe non plus. Le batteur est activiste vegan. On incorpore tous ces éléments dans la musique aussi, cette positivité qui vient du Hardcore de New York, de groupes comme H2O, Black Flag, Fugazi, Minor Threat…
AnR : Les anciens…
T. O’N. : Oui je n’ai pas grandi en écoutant Green Day…
AnR : Est-ce que les fans sont contents du nouvel album ?
T. O’N. : Globalement, oui. Les plus Hardcore voudraient garder le côté hurlé, mais on a un public plus large, donc c’est bien d’apporter de nouveaux éléments. Ça se passe très bien. On était un peu anxieux. Vojta [le fondateur du groupe, joueur de cornemuse, NDLR] et les autres appréhendaient, c’est un grand changement, particulièrement en Tchéquie, dont ils sont tous originaires. Ils sont très célèbres là-bas.
AnR : Ils ont reçu des prix.
T. O’N. : Oui tout à fait, l’équivalent du Grammy tchèque. Certains ont dit que j’avais ruiné le groupe, mais au final, je m’en fous.
AnR : Et le son continuera peut-être à évoluer ?
T. O’N. : Oui il évoluera certainement. On veut le rendre plus grand, plus large. C’est juste un avant-goût !
AnR : L’artcover a changé également. Qui l’a créé pour « The second chapter » ?
T. O’N. : Le logo ? Je n’en ai aucune idée ! Le management nous a fait des propositions et on a choisi. Je préfère l’actuel en fait. C’est moins brut.
AnR : Pipes and Pints est tchèque, vous êtes Irlandais, comment s’est passé la création et l’enregistrement de l’album ? Vous étiez dans des pays différents ?
T. O’N. : Non, je vis en Tchéquie, j’ai une femme et des enfants ici. On vit proches les uns des autres. Les membres du groupe vivent à Prague et moi à 30 kilomètres.
AnR : Dans le nouvel album, il y a des ballades, un autre changement. Comment sont-elles arrivées dans le nouvel album ?
T. O’N. : Je suis arrivé avec une guitare acoustique, et il y a deux chansons comme « Shadows on your wall » qui est ce qui ressemble le plus à une ballade, je l’ai écrite en mode Foofighters, assez rapide. Le sujet est un peu sombre, l’histoire d’un mec un peu glauque, obsédé par son ex-copine. C’est une histoire un peu personnelle pour moi, à propos de la boisson. Donc je l’ai écrite et les autres membres de Pipes and Pints ont pensé que ce serait mieux d’en faire une ballade. Et c’est ainsi que ça a évolué. Moi aussi j’étais un peu choqué en fait ! Parce que j’ai apporté un côté Heavy…
AnR : c’est OK de ralentir.
T. O’N. : Exactement.
AnR : Et vous avez d’autres titres en préparation ?
T. O’N. : Oui, j’en ai pour Pipes and Pints, et j’en ai pour mon groupe Hip Hop Country. Mais j’en ai pour Pipes and Pints qui sont vraiment bien. Je dois en avoir une soixantaine. Dans le lot, il y en aura forcément des bonnes !