Groupe : Delain
Album : Apocalypse & Chill
Label : Napalm Records
Date de sortie : 7 février 2020
Note : 15,5/20
Delain a enregistré sans coup férir depuis la fin des années 2000 parmi les plus belles chansons de Metal symphonique (« Stardust », « We are the Others », « Get the Devil out of me », « Don’t Let Go », etc…). Quatre ans se sont écoulés depuis la sortie de Moonbathers, lequel recèle une large part de leurs classiques (« Hands of Gold », « The Glory and the Scum », « Suckerpunch », « The Hurricane », etc…) et celle de cet Apocalypse & Chill, un espace inhabituel pour nos bataves. Entre les deux, ils ont commercialisé une édition anniversaire des dix ans de Lucidity (le premier de leurs six albums studio, originellement paru en 2006), un album live (également anniversaire) enregistré au cultissime Paradiso d’Amsterdam, puis un EP moitié studio moitié public (le poussif Hunter’s Moon), ont changé de batteur, et Merel Bechtold leur jeune guitariste intégrée en 2016, les a finalement quittés en 2019, retournant jouer du death technique dans sa chambre. Autant constater que le storytelling ne fleurait pas spécialement bon la sérénité, la marche étant haute à gravir. Et contrairement à ce qu’écrit (pronostique ?) l’excellent magazine Kerrang!, Apocalypse & Chill n’est pas « leur meilleur disque à ce jour »…
Le groupe est néanmoins adulte et sûr de sa formule. La pochette de l’album n’est plus, contrairement aux précédentes, une peinture naïve façon art déco, mais une photo plus contemporaine, quasi-futuriste (la suite logique de leur collaboration ces derniers temps avec le photographe Tim Tronckoe…). La production, signée par le clavier Martijn Westerholt, le cerveau de la formation, s’est bonifiée (celle de Moonbathers péchait par son caractère trop monolithique et rond). Les premières mesures de « One Second », la piste inaugurale, déboulent telle une chaleureuse retrouvaille avec de vrais amis. Car les compositions piochent ici et là dans un passé proche et plus lointain, tant plans instrumentaux que vocalises (le riff d’intro de « We Had Everything » est presque celui d’April Rain), attestant d’une marque de fabrique unique (arme fatale dans le monde stéréotypé du sympho). Hormis la brillance des mélodies, la valeur ajoutée se niche indéniablement dans le chant de Charlotte Wessels : la vestale se faisant tantôt acidulée (« Burning Bridges »), parfois épique (« Masters of Destiny »), systématiquement charmante.
La jeune It Girl metal romantique qui figurait sur la pochette d’April Rain est devenue une femme épanouie, faisant montre de sa polyvalence vocale. Et elle sait parfaitement imiter le cri du ptérodactyle (du moins l’idée que s’en fait Homo Sapiens…) sur son Facebook. Comme toujours, le synthé est omniprésent et polymorphe, passant du symphonique strict (« To Live is to Die ») à la pop des plus sucrées jouée à deux doigts sur le clavier, tendance Jacno – Etienne Daho 1980’s (« We had Everything »). Nul ne l’ignore, les néerlandais sont, au moins depuis Dave, des experts en glucose auditif. Certes, le départ de Merel se ressent, une deuxième guitare leur aurait permis de gagner en épaisseur, voire de pouvoir égaler leurs compatriotes de Within Temptation en termes de puissance de feu. Mais là ne semble pas se situer le propos de Westerholt, Wessels & co : nous avons affaire à un groupe singulier, auquel le qualificatif « pop metal » siérait davantage. Une sorte de Blondie du genre. Pour le reste, rendez-vous est pris le dimanche 21 juin pour une soirée chargée en saccharose : Delain se produira sur la Mainstage 2 du Hellfest, après Doro, Jinjer, Lacuna Coil, et avant Baby Metal. N’oubliez pas de bien vous brosser les dents après.
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