HOT on the rocks!

Chronique de s/t – Mitochondrial Sun

mardi/11/02/2020
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Mitochondrial SunGroupe : Mitochondrial Sun
Album : s/t
Label : Argonauta Records
Date de sortie : 14 février 2020
Note : 14/20

Selon la définition donnée par Le Robert, la mitochondrie désigne la « granule du cytoplasme, indispensable aux réactions énergétiques de le cellule ». Un truc plus que microscopique. N’ayant donc rien à voir avec un astre solaire, hormis une fonction commune : la fourniture d’énergie. Dès lors, un « soleil mitochondrique » serait au pire un oxymore grossier, au mieux une allégorie mêlant infiniment petit et infiniment grand. Laquelle considérerait le soleil comme partie énergisante de la plus petite des structures biologiques. Le dossier presse nous précise salutairement que ce premier album de Mitochondrial Sun, s/t consiste en une « exploration des contrastes » basée sur « l’évolution et la fuite du temps »… Bon, on cesse sur-le-champ les gars : qui a commis cette prise de tête ?!? C’est Niklas Sundin, le guitariste de Dark Tranquility, le groupe suédois de melodeath, dont il s’agit du premier projet musical parallèle (exception faite de son apport aux trois premiers albums d’In Flames, en qualité de parolier). Musical, car Sundin est aussi le patron et un des illustrateurs de Cabin Fever Media, un studio réalisant des artworks pour les groupes de metal (Arch Enemy notamment). Après visite de son site internet, l’attrait de notre artiste pour la biologie, l’astronomie, mais aussi la zoologie ainsi que l’ésotérisme, ressort de l’évidence. De troublants et beaux graphismes. Tous empreints de cérébralité. Bref, si Manard et Fetus lisent ce premier paragraphe, ils savent désormais où ne pas s’adresser pour la couverture du prochain Ultra Vomit… Le dossier presse nous dit, surtout, qu’après quinze années passées en tant que guitariste metal, Sundin souhaitait explorer d’autres « royaumes musicaux ». Dont acte.

Conçu aux Nacksvingstudio de Göteborg, avec l’appui du Conseil Suédois de la Culture (« Statens kulturråd »), s/t constituerait le pendant auditif de Cabin Fever Media. Un travail de musicien libre de ses choix. Car rien ici n’est véritablement metal, au sens strict du terme (hormis l’approche). Ni melodeath, ni quoi que ce soit. Et c’est précisément là que se niche l’intérêt du projet. Les dix pistes qui le forment sonnent comme une rencontre (du troisième type) entre le dernier Apocalyptica (sur les premières pistes, la ressemblance entre les deux disques est tout bonnement sidérante !), « No Quarter » de Led Zeppelin, et un fond sonore de documentaire sur Arte. Scientifique si possible le docu. A ceci près que s/t n’est que juxtaposition entre éléments synthétiques (avant-gardistes) et organiques (tantôt un violoncelle, tantôt un piano), sans aucun son de batterie. Un thème (nul besoin d’employer le mot « chanson », tout ici n’étant qu’instrumental), « Stars Beneath the Sea », ferait penser à un mélange entre « Spirits of the Sea » sur le dernier Tarja, et la BO du « Grand Bleu » (Niklas Sundin ayant treize ans à la sortie de ce film « générationnel », la spéculation se tente…). Il y a également quelque chose de Jean-Michel Jarre Circa 1977 dans le Moog de « Braying cells » (encore les cellules !!!). Et ce « Nyaga », inspiré d’une nouvelle de l’astronome Peter Nilsson, serait une collision entre « Le secret des Sélénites » et de l’indus (ou un poste radiola des années 1950 qui déconne…). s/t est propice à la réflexion, l’isolement, la méditation. Ce surprenant voyage s’adresse aux fans du conceptuel Sundin, ainsi qu’aux amateurs de metal scandinave (sympho, pagan, gothique, etc…), de musique expérimentale, de classicisme. Mais pas que.

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