Art’N Roll : Pour commencer, peux-tu me faire une petite présentation de Death Awaits ?
Tommy : Death Awaits est une formation de death trash lyonnaise qui a vu le jour en 2002. On défend actuellement notre quatrième album « Rapture Smites » qui est sorti en octobre dernier dans lequel on a essayé d’incorporer des éléments un peu plus hardcore.
Après quinze ans d’existence, il faut savoir se renouveler.
ANR : Quelles sont les influences au sein du groupe ?
Tommy : Les groupes phares qui ont inspirés le groupe à ses débuts sont Pantera et Slayer, toute cette scène là avec une vague beaucoup plus death. Il y a eu ensuite Dying Fetus.
Récemment dans la composition il y a une scène un peu plus moderne qui vient en appui, des groupes comme Lamb of God ou des formations plus extrêmes tel que Suffocation ou Cannibal Corpse.
ANR : Comme tu me disais dans la présentation du groupe, vous êtes là pour défendre Rapture Smites, que peux-tu me dire à propos du nom d’album ?
Tommy : « Rapture » signifie le ravissement au sens biblique du terme et « Smites » c’est l’apocalypse qui frappe les hommes, c’est la fin du monde.
ANR : Comment se passe la composition chez Death Awaits ?
Tommy : Historiquement le groupe est à Lyon. Il y a une partie qui est auvergnate. En ce moment, je fais mes études à Paris du coup c’est un peu compliqué de descendre pour les concerts et autres. Ça demande beaucoup d’organisation. Du coup, on ne répète pas, on fait plutôt des résidences et pour les concerts on se retrouve tous ensemble. Le groupe a quand même une vie, on essaie de se voir entre les concerts, on s’entend bien et ça fait partie de la dynamique collective que de passer des moments ensemble hors Death Awaits.
Pour l’écriture, c’est principalement Jordan qui a la charge de la composition des morceaux, il a une très bonne maitrise des outils de composition et une science de l’arrangement. C’est un compositeur talentueux et on lui fait confiance. D’ailleurs, l’album s’est fait dans un contexte un peu particulier car nous n’avions pas un line up très stable, on a intégré Olivier juste après l’écriture donc il a pu apporter des choses après coup. Mais sinon c’est Jordan avec des conditions, les trois critères étant que ça nous plaise, que ça corresponde à l’idée du groupe et qu’on soit techniquement capable de défendre le morceau sur scène.
Maintenant que nous avons une line up un peu plus stable, on espère que l’effort sera un peu plus collectif.
ANR : Le thème principal de l’album c’est « les Cavaliers de l’Apocalypse », d’où est venue cette idée ?
Tommy : L’avantage du mythe des Cavaliers de l’Apocalypse c’est qu’en réinterprétant, on pouvait associer à chaque cavalier un enjeu contemporain que l’on voulait attaquer. Donc il y a un cavalier pour le capitalisme, le coté économique des catastrophes qui nous arrivent. Un, pour la guerre, la partie géopolitique. Un pour l’environnement et un pour l’avènement des nouvelles technologies, des écrans, des télés réalités qui viennent prendre beaucoup de place et qui tuent un peu notre mode de pensée.
En articulant ces quatre cavaliers, ça nous a permis de faire un album concept du point de vue des paroles. Ce n’est pas par choix ou des sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur mais je pense que ce sont des sujets qui tiennent à cœur à pleins de monde et à n’importe quel citoyen qui est un petit peu conscient de ce qui est en train de se passer. Le monde va mal, on va tous crever et cet album montre un petit peu comment.
On fait de la musique assez sombre donc les sujets sont souvent assez sérieux et ce dont on parle ce sont un peu des sujets universels.
ANR : « Trumpeting Butchery » est une chanson en 3 parties, est-ce un morceau en un ou trois chansons distinctes ?
Tommy : C’est un titre qui est un peu particulier. Par rapport au concept c’est celui qui traite de la guerre et dans son écriture, il a été pensé comme un morceau mais un bloc de dix minutes, pour les canons du style c’est impensable, on ne fait pas du death metal avec une piste de onze minutes, même les fans ne comprendraient pas cette démarche je pense. Et par chance, il se trouve que le morceau se découpe très bien en trois pistes, il y a quelques clins d’œil, quelques rappels qui permettent de regrouper les trois et on peut l’écouter d’un bloc mais découper en trois car tout simplement ça nous permettra d’en jouer un en live indépendamment des autres. Sur une setlist de 45/50 minutes, consacrer dix minutes à un morceau ça ne nous paraissait pas pertinent.
ANR : L’album se termine sur « Karmageddon », titre assez explicite et pas forcément optimiste ?
Tommy : C’est un titre assez particulier comme clôture, qui est venu assez tard dans la composition. Il est un peu plus extrême que les autres. C’est le bouquet final ! C’est la conclusion, le point sur la table, on avait envie d’un truc un peu plus épique. C’est pour cela qu’il commence très mid-tempo, très lourd, très chargé et il s’accélère et devient plus virtuose sur la fin. On n’a pas prévu de le jouer en live pour l’instant.
J’ai appris que c’était aussi un morceau de Soulfly, j’étais un peu dégouté car j’étais assez fier d’avoir trouvé le jeu de mot mais c’était déjà fait…
ANR : On a découvert plusieurs clips, que peux-tu me dire à propos de ça ?
Tommy : On a essayé de multiplier au possible les supports.
Il y a un clip pour notre single qui es sorti à l’automne et qui s’appelle « Loot Thy Neighbour », qui se traduit par « Pille ton prochain », le verset de la bible logiquement est « Love Thy Neighbour », « aime ton prochain » mais nous, on parle du capitalisme et donc c’est pille ton prochain, c’est un détournement de la bible.
On a aussi un clip pour le morceau « Evergreen House », ce clip c’est plus des images de stock qui vont décrire la chose avec quelques prises de studio qu’on a pu rajouter.
Et on a une lyrics vidéo pour le morceau « Circling In the Rain » qui est la piste numéro 8. Qui reprend l’artwork et est un peu animé.
Et on devrait avoir prochainement sur notre chaîne YouTube un playthrough, c’est une démonstration du groupe qui joue le morceau.
ANR : Peux-tu me parler plus en détail du clip « Loot Thy Neighbour » ?
Tommy : Pour commencer, ça a été une super collaboration. On a bossé avec Pickture Prod, c’est un mec sur Saint Etienne qui fait ça sur son temps libre et qui a une énergie créative assez dingue, il est prolifique dans tout ce qu’il fait. C’est lui qui est arrivé avec des acteurs, qui a acheté du matériel, il est très professionnel, il nous a bluffé. Je pense qu’on collaborera avec lui de nouveau pour un clip qui devrait voir le jour dans l’année. C’est encore au conditionnel mais on aimerait beaucoup faire un nouveau clip avec lui.
ANR : Votre pochette est vraiment canon et fait parfaitement ressortir le thème de l’album, c’est-à-dire, l’apocalypse, qui a pensé l’artwork ?
Tommy : On a travaillé avec Stan W. Decker qu’on ne présente plus dans le milieu de l’illustration de cover metal. On lui a donné carte blanche après lui avoir dit que le thème serait les cavaliers de l’apocalypse. Il a fait un travail superbe, je suis très heureux de voir la qualité de cette pochette. C’est la première chose que les gens voient donc si ça peut donner envie d’écouter c’est cool. Ça nous fait un support visuel qui vient appuyer la musique et étayer nos propos.
ANR : Vous avez enregistré au Vamacara Studios à Clisson, comment cela s’est-il passé ?
Tommy : On avait collaboré avec HK pour l’album précèdent pour le mixing et ça c’était bien passé.
C’est un producteur assez renommé de la scène française, il a fait beaucoup de production avec Loudblast ou encore Sinsaenum. Tout ça pour dire, que HK fait du bon travail et c’est pour ça que l’on a décidé de collaborer avec lui. On a fait les prises de chants chez lui, le reste à été enregistré chez nous et ensuite nous sommes allés là-bas pour faire les premières préproduction. On lui est très reconnaissants de son apport sur cette production, si cet album a autant de succès c’est en partie grâce à lui aussi.
Mais je ne pense pas qu’on va collaborer avec lui par la suite, on ira voir ailleurs.
ANR : Quels sont les projets du groupe pour l’année 2020 ?
Tommy : On va essayer de vendre cet album au possible. On est déjà confirmé pour le Licorne Fest à Rennes qui aura lieu le 3 avril 2020 mais aussi à l’Explosion Fest le 2 mai 2020 au Luxembourg.
ANR : Pour finir, si tu devais choisir ton cavalier, quel est celui que tu choisirais ?
Tommy : ohlala ! C’est difficile à dire car ce sont des sujets que j’ai décidé d’aborder dans cet album mais je mets des œillères et je fais ma musique, je ne suis pas un citoyen très actif pour le moment, je suis encore jeune, je suis même le plus jeune du groupe.
ANR : Un mot de la fin ?
Tommy : Merci à tous ceux qui nous soutiennent parce que c’est grâce a vous que l’on fait tout ça et c’est aussi pour vous. Je prends beaucoup de plaisir au quotidien de constater que les gens apprécient Death Awaits.