Groupe : Stoner Kings
Album : Alpha Male
Label : Sliptrick Records
Date de sortie : 25 février 2020
Note : 14/20
Préhistoire et metal : deux univers faits pour se rencontrer, surtout aux dires des détracteurs du second, notamment ta petite cousine Océane, laquelle trouve que tes idoles ressemblent « à des hommes des cavernes » (alors que les siennes sont, bien entendu, de beaux éphèbes littéraires auto-tunés…). Et bien non, pas tant que cela : après approfondissement, ce que l’on appellera « la musique metal » (toutes strates confondues) et les ères et époques ayant précédé l’Holocène n’ont pas tant matché que cela… Et ce, même si des scientifiques ont récemment nommé un ver géant datant du Dévonien « Websteroprion », en hommage à Alex Webster, le bassiste de Cannibal Corpse (en raison de leurs grosses mâchoires communes)… Car en définitive, les modestes collisions entre ces deux mondes basiques et brutaux pourraient vulgairement être classées en quatre catégories. Celle relevant du metal extrême : avec Deinonychus, Thecodontion, Neanderthalia (les ancêtres de Lelahell, Alger en 1993 !), Ecferus… Celle du metal parodique : Gwar (les précurseurs), Hevisaurus, Mononc’ Serge (avec sa chanson « L’âge de bière »)… Le metal dit « power » : Manowar, les japonais de Saber Tiger… Enfin le stoner : Joseph (« Stoned Age Man », en 1969), Prehistoric Pigs, Pterodactyl Vomit (!), PreHistoric Animals, ainsi que les finlandais de Stoner Kings qui publient cet « Alpha Male »…
Hormis les morceaux « Cro-Magnon » et « Born of Ape », la thématique du disque ne tourne que très occasionnellement autour de l’âge de pierre. A première écoute, il s’agit d’un groupe stoner de stricte obédience, quelque part entre Kyuss, Monster Magnet et Mastodon. A y coller de plus près le pavillon auriculaire (permettant à Sapiens de mieux capter les sons) l’influence de Metallica se décèle sans trop user de Carbone 14 dans la guitare rythmique de Joonas Vepsä, ainsi que dans les intonations de Michael « Wildside » Majalahti… La parenté s’avère d’ailleurs frappante ! La majorité de ces onze compositions sonnerait telle des chutes du « Black Album », de « Load » et de « Reload ». Un orgue très John Lord fait parfois son apparition (« Demon Cloak »). La guitare se fait parfois grunge metal, façon Jerry Cantrell. En somme toutes, du Met’ nineties joué par un groupe de stoner nordique gras comme de la couenne de mammouth. Et pourvu d’humour, lequel donnant pas mal dans le festif ainsi que la gaudriole virile… « Alpha Male » n’est, certes, pas plus original qu’un trilobite au sein des quatre séries du Cambrien, mais est agréable et divertissant aux esgourdes. A recommander en priorité aux amateurs de stoner et de Metallica deuxième époque plutôt qu’aux férus de paléontologie.